patrie, fu r en t les contemporains des éléphants et des rennes. jCes hommes n’ont pu disparaître en
totalité, et leurs descendants vivent certainement encore au milieu de nous.
En est-il de même ailleurs? Peut-on retrouver l’homme fossil%en Asie, en Amérique, -ên Afrique
chmme en Europe ? Les données précises nous manquent encore pour répondre à cette questionnais
les travailleurs sont à l’oeuvre et »des découvertes inattendues peuvent, d’un moment à l’autre., éclairer
d’un jour tout nouveau cette grande part obscure de notre histoire. Nous-mêmes, dans le cours de la
révision générale que nous entreprenons, ne pouvons-nous pas rencontrer des faits de nature à mettre
au moins sur la voie des recherches à venir?
En Europe,‘si la question nous paraît résolue en ce qu’elle a de général, une étude attentive est encore
nécessaire pour déterminer, d’une manière absolue* la part qui revient à l’élément paléontologique dans
la formation des populations et des races qui tiennent la tête de l’humanité, pour préciser rigoureusement
la nature et la proportion des éléments étrangers qui sont venus se mêler aux premiers habitants
de notre spl.' • *
Nous ne -traiterons dans leür'ensemble ces questions difficiles qu’après en avoir étudié toutes les
données. Toutefois c'omme nous ne pouvons pas séparer complètement l’étude de l’homme fossile de celle
de l’homme vivant, nous présenterons dès aujourd’hui les rapprochements que nous paraît justifier l’état
actuel de la-science.-
• . Chapitre I er. — débris humains supposés tertiaires.
§ 1. — Généralités.
Leè temps cfui se" sont écoulés entre l’apparition du genre humain sur la«terre et le commencement de
la période géologique actuelle, sont généralement divisés par les naturalistes en époques correspondant
aux divers dépôts tertiaires* et quaternaires#qui se sont successivement accumulés pendant cette longue
suite de siècles sur notre globe.
Une seule de ces époques, la dernièf§ de toutes/intéresse directement les anthropologistes qui font du
squelette humain une étude spéciale, c’est celle jjue l’on nomme quaternaire ou post-pliocène, pendant
laquelle divers groupes d’hommes ont vécu sur notre sol avec, les'éléphants, les rhinocéros,,les ours, les
rennës, etc. Leui> présence au milieu de ces*animaux, les uns maintenant éteints, les autres émigrés,
les autréeenfin actuellement vivants, est attestée non-seulement par les produits de leur industrie rudimentaire,
^enfouis au sein des couches non remaniées parmi les restes des mammifères fôssiles caractéristiques,
-mais aussi par leurs propres ossements qui ont quelquefois résisté dans les alluvions ou dans
les cavernes à d’innombrables causes de destruction.
§ 2 . — Ossements humains supposés tertiaires.
Si, dans les dépôts antérieurs à cette époque post-pliocène, on a pu découvrir à plusieurs reprises les instruments
des hommes primitifs, jamais jusqu’à présent on n’y a signalé d’ossements humains manifestement
contemporains des couches qui les recélaient.
Billaudel avait démontré, dès 1827, que les débris humains supposés tertiaires, qgitraits quelques années
auparavant du calcaire grossier de Salles (Gironde), loin d’être contemporains de cette formation, avaient
été inhumés, dans une cavité creusée dans cette ^oche, et postérieurement incrustés parles dépôts calcaires
’des eaux d’infiltration (1).
(1) B illaudel. Essai sur la détermination de quelques ossements fossiles trouvés dans le département de la Gironde, 2° partie. Bull.
Soc. Linh. de-Bordeaux, <t. I, 6e livr. 30 juin 1827, p. 334-336. *
DÉBRIS HUMAINS SUPPOSÉS TERTIAIRES. > 3
Les ossements exhumés des calcaires marneux miocènes des environs d’Alais-,(Gard) provenaient de
sépultures peu anciennes (1); le squefette des sables miçtpènes de Lamassas (Lot-et-Garonne) était dans
les mêmes conditions (2). Nous en pouvons dire autant d’un maxillaire inférieur humain trouvé dans la
molasse, que notre regretté collègue Ed. Lartet a bien voulu nous*montrer, et qui, de l’aveu de tous ceux
qiii Pôèt examiné, est tout à fait moderne. Enfin* les ossements humains prétendus sidérolithiques de
Delémont (Jura bernois) seraient, suivant M. Rütimeyer, d’une date récente (3). :
A Savone, cependant, Y homme tertiaire s’est présenté aux observateurs dans des conditions relativement
favorables. L’intégrité du dépôt de Colle del Vento n’avait pas été, il est vrai, rigoureusement constatée.
L’état de conservation et de connexion des. parties de squelette exhumé de ce pliocène-inférieur contrastait
avec l’altération et la dislocation des débris animaux et végétaux propres à cette couche. Mais les
archéologues et les anatomistes relevaient sur les fragments de crâne et de mâchoire présentés par M. Issel
des caractères qu’ils croyaient favorables à l’idée d’une haute antiquité.
Les premiers faisaient valoir la fragilité et la légèreté des os et l’état luisant des surfaces naturelles; ils
remarquaient que les débris happent à la langue et présentent la même couleur que le terrain où. on les a
trouvés. Mais ces diverses particularités avaient été déjà maintes fois observées dans certaines conditions
sur des oâsèments relativement récents. Il n’y avait donc pas lieu de leur assigner une grande importance.
Et, quant aux caractères anatomiques, nous n’avons rien vu qui fût spécial à ces restes humains dans les
descriptions dont ils ont été l’objet (4). On a bien invoqué la simplicité des sutures d’un morceau de pariétal,
le seul os du crâne qui ait été conservé. Mais ce fragment comprend seulement la partie la plus interne
de la coronale et la portion la plus antérieure de la sagittale qui ne sont le plus souvent que sinueuses. On
a mentionné l’exiguité du maxillaire supérieur, l’étroitesse de son arcade alvéolaire, la petitesse des
alvéoles et leur direction d’arrière en avant, enfin l’usure considérable de la seule dent encore ën place,
une première prémolaire. Cette usure, signalée en Europe chez vingt peuples divers, anciens et modernes,
n’ayant peut-être de commun qu’une alimentation grossière, est plutôt dans le cas présent le fait de l’âge
que de la race, et, quant aux autres caractères, ils viennent à l ’appui de l’opinion de M. Prüner-Bey qui
fait de l’homme de Savone un Ligure des temps historiques (5).
Un seul fragment des os de la tête pouvait donner lieu à des erreurs d’interprétation, c’est une partie
du maxillaire inférieur comprenant l’apophyse coronoïde et l’alvéole de la dent de sagesse (fig. 1).
L’apophyse surtout montrait au premier abord un ensemble de caractères presque singuliers. Long, aigu
et courbé en lame de sabre, suivant la comparaison de M. P. Broca, ce prolongement "osseux aurait pu
représenter une forme ethnique, si, en le rapprochant d’un grand nombre de pièces des collections de
Paris et de là province, l’un de nous n’avait démontré que cet allongement, cet amincissement et cette
incurvation sont les résultats de l’âge (6). En effet,, sur 50 apophyses coronoïdes de vieillards, presque
(1) F. R obert. Découverte d'ossements humains dans un bloc de calcaire marneux aux environs d’Alais (Gard). (Compt.-rend., Acad.
Sc., t. XVIII, p. 1059, 1844.) — Cf. Marcel de Serres. Sur les ossements humains trouvés par M. F. Robert dans les environs d’Alais.
(Ibid. t. XIX, p. 116.) — J oly, E. Dumas et J . T eissier. (Ibid. t. XIX, p. 616, 1844.)
(2) Garrigou. Sur le gisement d’un squelette ’’humain trouvé près de Lamassas (Lot-et-Garonne). (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris,
2° série, t. Il, p. 593,1867).
(3) R ütimeyer. Communication manuscrite. — M. Rütimeyer en nous donnant les détails circonstancié^ sur la découverte de Delé-
mont, que l’on trouvera au n° 4 de la Revue d’Anthropologie pour 1872, nous annonce que la tête qui est entre ses mains rentre dans
le type qu’il a attribué avec M. His dans les Grania Helvetica à l’occupation romaine en Suisse. « Ce n’est pas un crâne du type
Hohberg pur, écrit-il; il y a mélange de caractères du type Sion du helvétique, et il serait facile de citer divers crânes conservés
• dans les collections, soit de Bâle, soit de Lausanne (Coll, de feu Troyon) qui sont très-sèmblables à celui de Delémont. »
(4) Congrès international d’Anthrop. et d'Arch. préhisl., 2° session. Paris 1867, p. 75 et suiv. — Cf. E.-T. H amy. Note sur les osse-
ments humains trouvés dans le pliocène inférieur de Savone, br. in-8° (fextr. des Arch. sc. de la Bibl. univ.). Genève, février 1870.
(5) Congr. internat., etc., 1867, p. 156.
(6) E.-T. Hamy. De l'apophyse coronoïde du maxillaire inférieur chez le vieillard. (Bull. Soc. Anal, de Paris, 2e série, t. XVI, p. 173-
178,17 juillet 1869 et Archiv, per l’Anlhrop., t. II, fâsc. 2 et pl. I.) ' ,
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