néolithiques plus ou moins Laponoïdes de la Scanie, des îles Danoises, etc. Ce type de Codford n’est
pas aussi isolé qu’on pouvait le croire d’abord en Angleterre; Plusieurs autres têtes semblables, trouvées
à Montrose, à Kellet, à Bennet Hill dans des monuments néolithiques et décrites par MM. Carter
Blake et Busk, appartiennent sans aucun doute à la même race. M. Carter Blake rapproche les premiers
de celui de Plau, et M. Busk considère le crâne de Bennet Hill, dont il donne les mesures comparées à
celles de deux crânes féminins brachycéphales de l’âge de pierre Danois, « comme appartenant au même
groupe que ceux du nord de l’Europe » avec lesquels il institue un parallèle (1). Cette forme crânienne a
persisté bien au-delà de l’âge delà pierre polie, dans les îles Britanniques. Par exemple le crâne de
l’âge du bronze de Stonehenge représenté
ci-contre (fîg. 159 et 160), est fort voisin
des crânes masculins de: Grenelle. Mais
la juxtaposition dans cet archipel, d’une
autre race brachycéphale assez voisine,
d’origine Celtique, dès l’apparition des
rounds barrows, rend très-délicat le diagnostic
différentiel pour lequel d u , reste
les documents nous font encore malheureusement
défaut.
Il en est de même en France. La race
de la carrière Êlie de Grenelle a persisté
sur place jusqu’à nos jours.. Nous en
Fig. 159 et 160. — Crâne d’un Round Barrow à Stonehenge, Wiltshire, profil et
norma verticalis, */» grand, nat. d'après M. Thurnam (2).
avons eu des preuves fréquentes en analysant nos grandes séries crâniologiques de Paris, mais il faut
la démêler d’avec les Gaulois du type celtique de M. Broca, qui remontent très-certainement dans notre
pays jusqu’aux derniers temps de la pierre polie, sans parler ;des autres séries plus ou moins bra-
chycéphaliques affiliées aux deux types de Furfooz, à celui de Sclaigneaux, etc. Nous ne voyons,
dans le centre, en dehors des matériaux Parisiens que nous venons de mentionner, que la trouvaille
de Marly-le-Roy, et un très-petit nombre d'autres, comme celle de la Pierre-qui-Tourne, dans la forêt de
Compïègne, qui puissent être présentées, comme répétant dans notre pays, celles de Moën, de Bennet
Hill,. etc. Nous n’avons rien à ajouter à ce que Retzius a écrit de la première (3). Quant à la seconde,
il nous suffira de dire que le monument de la Pierre-qui-Tourne, fouillé par M. Plessier, paraît
antérieur à la connaissance des métaux. Nous reproduisons ci-dessous (fig. 161 et 162) la norma verticalis
du crâne de la Pierre-qui-Tourne, et celle du crâne inédit de Marly-le-Roi qui répète assez exactement
celui dont Retzius a donné les figures. Ce dernier crâne est en outre représenté vu de profil, dans le
dessin ci-contre (fig. 163). On pourra, en comparant cette esquisse diagraphée avec la gravure de la
page 121, se rendre compte des relations que nous avons constatées entre ces individus appartenant
aux deux âges de la pierre.
Cette race paraît exister encore à l’état presque pur dans les Alpes du Dauphiné, où M. Hoël a recueilli
pour le Muséum une collection des plus intéressantes dans laquelle lés crânes analogues à ceux dont on
vient de parler prédominent sensiblement. Un nouvel examen a confirmé ce que l’un de nous avait dit au
Congrès de Stockholm des rapports existants entre ces têtes osseuses et celles des Lapons.
(1) Carter Blake, On the cranta of the most ancient races of Man (The Geologist, June 1862, t. V, p. 209, 211, et pi, XXIII.
— George E. Roberts. Noté upon a Opening of a Kist of the Stone Age upon the Coast of.Elgin with a description of the Skeleton by
Prof Bosk. (Joum. of the Anthrop. Soc. of London, t. Il, p. 6-10 et pl. 1864), — etc.
(2) Ce profila été, par erreur, attribué, p. 101, au crâne de Gristhorpe. La figure 106 doit prendre la place de la figure 104 et
inversement. Les légendes des vues d’en haut sont correctes.
(3) A. Retzios, Ueber Schàdel der âltesten Bewohner Frankreichs (Ethnol. Schrift., s.. 62-64). >
Les autres séries de crânes brachycéphales anciens que nous avons pu étudier offrent des affinités
bien plus étroites avec les crânes du type celtique de M. Broca, qu’avec ceux du type que nous venons
d’étudier et qu’on ne retrouve qu’acciden-
tellement dans la population moderne, même
chez les Basques. Retzius considérait, ainsi
que nous l’avons vu, ces derniers comme un
débris de la race brachycéphale primitive
qu’il avait trouvée dans les dolmens de Suède.
Les recherches de M. Broca ont montré que
les Basques, pris en général, sont sous-dolichocéphales
[<'ig. 161. — Crâne de la Pierre qui
tourne, forêt de Compïègne, J/tgr.
{Mvs. Hist. Nat.)
Fig. 162. — Crâne de l’allée couverte
de Marly-le-Roy, '/* gr-
(Mus. Ilisl. Nat. Coll. E. Robert.)
(fig. 164 et 165), avec un indice
céphalique de 76 (1) ou 77 (2). Les rares
individus à tête plus globuleuse, qu’on rencontre
parmi eux, sont mésaticéphales ou
sous-brachycéphales (3). Un seul crâne sur
soixante-dix-neuf qui composent la collection
formée en Guipuzcoa par MM. Broca et Ve-
lasco, est franchement brachycéphale, avec
un indice de 83,24 (4), et serait, par suite,
comparable à ceux de Grenelle, Marly, etc.
Mais cet indice exceptionnel est à peu près le
seul caractère qu’il ait en commun avec les
pièces que nous venons de passer en revue.
On ne saurait, en aucun cas, assimiler ces
brachycéphales Basques aux Ligures, comme
l’a faitM. Prüner-Bey. Ces derniers, en effet,
si tant est que les rares échantillons que
nous avons pu étudier représentent bien
exactement leur type général, présentent une
conformation crânienne et faciale qui n’est
pas sans offrir maintes analogies avec celle
Ij'ig. 163. — Crâne de l'allée couverte de Marly-le-Roy; ’
i de profil, */* gr-
’ (Mvs. Hist. Nat. Coll. Eug. Robert.)
des gisements anciens du Nord et de l’Ouest
que nous avons énumérés. Nous reviendrons sur cette comparaison, en traitant de la race Ligure dans
notre seconde partie.
La Truchère. -— Si notre race brachycéphale de Grenelle a laissé dans notre Occident des traces,
que l’on peut suivre de la Scandinavie jusqu’aux bords de la Méditerranée, celle de la Truchère n’y
est représentée, jusqu’à présent, que par la pièce elle-même qui lui a donné son nom. Dans le
mémoire que nous avons cité, M. Prüner s’était efforcé de lui trouver des analogies parmi les peuples
anciens et actuels de la Haute-Asie. L’examen comparatif des documents assez rares que l’on a pu
rapporter de ces régions peu explorées, l’avait amené à admettre que la tête de la Truchère devait appartenir
au groupe ethnique dont les anciensTchoudis sont les représentants les mieux connus. Nous avons
(1) T hurnam, Further Researches and Observations on the Two Principal Forms of Ancient British Skulls (Mem. read befor the Anthrop.
Soc. of London, yol. I ll, tabl. 3, 1870). , - .
:2) P. Broca, Sur les caractères du crâne des Basques (Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, t. III, p. 382, 1862;.
(3) Thurnam, tabl. cit.
4) P. Broca, Sur les crânes Basques (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, t. IV, p. 45,1863).
Quatrefages et Hamy.