.hypothèse. Il leur a suffi, en effet, de rappeler que pour trouver chez les idiots des crânes comparables
à ceux dont nous parlons ici, il. faut aller chercher des idiots microcéphales, idiots chez lesquels la
réduction énorme des extrémités de la masse encéphalique est toute différente du développement extraordinaire
des diamètres antéro-postérieurs signalé dans la race fossile (1). Le croquis ci-joint, dans lequel
nous avons superposé au profil de Neander celui de l’idiot Cachet qui figure au Muséum, à titre de
comparaison, dans l’une des vitrines de
la paléontologie humaine, démontre d’une
façon tout à fait saisissante les faibles
analogies et les puissants contrastes de la
forme ethnique et de la forme pathologique
(2).
Revenons aux crânes Scandinaves. L’une
dés formes crâniennes les plus anciennes
du Danemark paraît être celle que
MM. Busk, Huxley, Lyell, ont rendue célèbre
sous le nom de Borreby (3). Il ne nous
répugne, en aucune façon, de croire que
ce type néolithique doive les traits spéciaux
de sa voûte à une étroite parenté
avec celui du Neanderthal. Ces caractères
se retrouvent adoucis sur deux autres crânes
danois; l’un vient de l’île de Fionie,
et a été décrit par Wilde, l’autre était dans
la série de pièces recueillies par Eschricht
i Copenhague, et M. Schmidt a bien
roulu en déposer un moule au Muséum de
Fig. 40.
I,e trait de force qui
- Crâne de Borreby, n° 5 (type grossier) (vu de profit).
mit la courbe ab c d indique la partie du cr&ne comparée par M. Huxley à
la voûte du Neanderthal.
Paris. M. Huxley étend avec raison cette affinité à la pièce publiée par Blumenbach sous le nom de
Batavus Genuinus^ et qui lui venait de Marken en Zuyderzée (4). Suivant le célèbre anthropologiste dé
(1) Bull. Soc. Anthrop., t. TV, 4863, p. 307 et 322.
(2) Cf. Vogt. Leçons sur l’homme, fig. 49.
(3) Ch. Lyell. L’ancienneté de l'homme prouvée par la géologie, trad. fr., Paris, 1864, in-8°, p. 89.
(4) Nat. Hist. Rev. July, 4864. — Cf. S. Laing. Op. cit. App., p. 452. — Schaaffhausen. (Bull. Soc. Anthrop. de Paris, t. IV, p. 317#
4863). — Vogt. Op. cit., p. 406.
Goettiogue (1), les crânes de ce type se rencontreraient à Marken, à Urk et à Shokland. M. Lubach (2) a
parlé depuis de la forme très-singulière du crâne des habitants de ces trois îles, mais il ne l’a pas
décrite, et parmi les têtes qu’ils ont recueillies dans le groupe qu’elles constituent, Van der Hoeven et
Vrolik (3>;n’en mentionnent aucune qui ressemble
à celle de Blumenbach dont nous reproduisons la
figure ci-contre, en y superposant avec M. Huxley le
profil neanderthalien.
M. Sasse, qui a donné aux recherches de ses prédécesseurs
Crâne du Batavus Genuinus, de Blumenbach, avec le profil
du Neanderthal, superposé par M. Huxley.
plus d’extension encore, croit ce type
moins répandu qu’on ne l’a dit en Hollande. Sur
quatre-vingts crânes de la Hollande septentrionale
qu’il a examinés, un seul reproduisait quelques-uns
des traits du Batavus Genuinus (4).
11 nous reste, pour avoir terminé l’énumération
. des faits recueillis dans l’Europe occidentale relatifs
à la permanence de la race fossile de Canstadt, à
analyser rapidement les documents que les naturalistes suisses ont accumulés dans ces dernières années,
et que M. le professeur Ch. Vogt a exposés, en les commentant, dans la treizième de ses Leçons sur
l homme (5).
Nous avons cléjà cité précédemment un crâne ancien du canton de Vaud dont M. Vogt a dû la connaissance
à M. His (de Bâle). M. Valentin a mis également à la disposition du professeur de Genève au musée
de Berne une calotte crânienne trouvée près de Bienne, et qui présente « une ressemblance étonnante
» avec celle du Neander. « On remarque, dit M. Vogt, le bourrelet saillant des arcades surcilières,
la profonde rainure du front, la courbe ascendante et aplatie du crâne, la position reculée du sommet du
vertex et la chûte brusque de la courbe occipitale-jusque vers la nuque; la longueur est presque
la même, la largeur encore moindre... Vue d’en haut, la forme est semblable, bien qu’à tous égards le
crâne du musée de Berne ait les os plus petits et plus minces ; le bourrelet frontal antérieur est aussi
droit et coupé carrément, l’occiput également saillant, de sorte que l’ensemble forme une figure pentagonale
très-allongée, arrondie en arrière (6)J »-
Un autre crâne semblable s’est trouvé à Bâle, un troisième a été déterré par Hugi, à Hohberg, près
Soleure, un quatrième venait des pilotis du lac de Bienne, enfin la collection du docteur Schild en renfermait
deux encore. Pour M. Amiet et pour M. Vogt qui a adopté son opinion, toutes ces têtes appartiendraient
à la fin de l’époque romaine. Or, comme l’introduction du christianisme en Suisse par des missionnaires
en partie venus d’Irlande correspond à la chute de l’Empire, M. Vogt a jugé convenable d’imposer
à ces têtes désavantageusement conformées et présentant ce qu’il appelle « le type le plus simien »
le nom de têtes d apôtres (T). Mais on va voir (p. 38) que ce type a existé en Suisse bien avant la fin
du iv8 siècle, et rien ne démontre d’ailleurs que sa fréquence à l’époque ci-dessus mentionnée ne soit pas
(4) Blumenbach. Nova pentas collectionis suæ craniorum diversarum gentium tanquam complementum priorum decadum. Gottingæ,
48.., in-4°, p. 8 et pl. LXIH.
(2) Lubagh. Les habitants de la Néerlande (Bull. Soc. Anthrop. de Paris, t. IV, p. 491, 4863).
(3) Musée Vrolik. Catalogue de la-Coll., etc. Amsterdam,” 4865, in-8°, p. 41-42. — Van der Hoeven. Catalogue craniorum diversarum
gentium. Leyde, 4860, in-8°, p. 44-45.
(4) S asse. Sur les crânes hollandais (Bull. Soc. Anthrop. de Paris, t. VI, p. 275, 4865).
(5) Ch. Vogt. Leçons sur l'homme, p. 497-500.
(6) Idem. Op. cit., p. 497.
. (7) Ib. Ibid., p. 499.