ques (1). Le mélange de ces divers groupes se traduit, au point de vue de nos études actuelles, par
la juxtaposition, dans la série de nos observations, de données numériques extrêmement divergentes
(2). Sur six crânes japonais des collections de Paris et de Leyde, que nous avons mesurés, nous
avons trouvé, par exemple, l’indice de hauteur-largeur variant de 86,98 à 102,81, l’indice de hauteur-longueur
oscillant entre 68,49 et 80,57, etc. L’une de ces pièces, qui fait partie d’un squelette complet, offert
au Muséum d’histoire naturelle par le gouvernement du Japon en 1878, a tout à fait la physionomie Chi-
noise^Une autre pièce qui vient de Siebold tend vers le type Mandchou; une troisième, recueillie à Yokohama
par le Dr Savatier, nous frappe par un certain nombre d’analogies avec les populations maritimes
du Nord-Est de la Sibérie, dont nous, nous sommes occupés
un peu plus haut.
En moyenne, ces six pièces sont d’un fort volume
(1605“), sous-brachycéphales, avec l’indice 80,44; un
peu moins hautes que larges (ind. haut. -larg. 95,83) et
présentent un ensemble morphologique très adouci.
Nous renvoyons au tableau XLI ci-dessus pour l’étude
des détails (3).
. Les six crânes masculins du musée des. Chirurgiens
d’Angleterre, qui viennent de Yokohama et de Kana-
gawa, sont moins volumineux (cap. cran. 1485“), un peu
plus longs (d. a.-p. 0m,183) et plus étroits (d. tr. max.
0m,141), mais de même hauteur (bas.-breg 0m,138). Ils ont, en moyenne, le nez plus haut et moins
ouvert (haut. 53, larg. 25)et l’indice nasal descend de 50,98 à 47,17. L’orbite a la même largeur dans les
deux séries d’observations (0“,035) et il est un peu plus élevé (0“,0385) sur les six pièces de Londres (4).
La série que forment ces pièces est d’ailleurs beaucoup plus< homogène que celle que nous avons faite,
à grand’peine en combinant trois collections différentes (5).- :t -i
Crânes de Coréens. — Siebold a cru reconnaître chez les Coréens deux typeâÿethniques bien distincts
(6). L’un de ces types se rapprocherait, nous semble-t-il, de celui des populations décrites
(J) P. Charlevoix. H i s t o i r e e t d e s c r i p t i o n g é n é r a l e d u J a p o n . Paris, 1736 in-4°, 1.1, p. 38-40. — Thunberg. T r a d . c i t . , p. 412. — Etc.
(2) L’un de nous a depuis longtemps dans ses cours au Muséum appelé l’attention sur ce défaut d’homogénéité des populations
Japonaises, Coréennes et Kiéouennes. Il les a placées au nombre des r d c e s m i x t e s dont les éléments sont j u x t a p o s é s et non pas f u s i o n n
é s . (A. de Qüatrefages. R a p p o r t s u r l e s p r o g r è s d e Y A n t h r o p o l o g i e . Paris, 1867, p. 518 et 519.)
(3) M. L. de Rosny s’est procuré à l’aide du cadre à maxima les diamètres antéro-postérieur et transverse de 44 Japonais, représentant
toutes les classes de la société (3 poètes, 9 savants, ,2 médecins, 15 fonctionnaires, 6 artisans, 7 domestiques, 12 saltimbanques).
Ils avaient en moyenne 0m,187 de diamètre antéro-post., 0m,157 de diam. transv. et 84,06*d’indice (82,5 environ d’indice crânien).
Nous nous abstenons de reproduire les chiffres donnés par le cadre sur 18 femmes libres, chiffres qui sont manifestement faussés par
l’intervention de la chevelure. (L. de Rosny. D e l a m é th o d e e t h n o g r a p h i q u e p o u r s e r v i r d ' i n t r o d u c t i o n à l ’é t u d e d e l a r a c e j a u n e , in-8°.
Paris, 1872, p. 14.)
(4) Un crâne de Japonaise appartient également au Collège Royal des chirurgiens d’Angleterre. 'Voici, les mesures principales,
suivant M. Flower : Cap. crân. 1125 ; cire, horiz. 548mm; d. a.-p. 164 ; d. tr. max, 123 ; d. bas.-bregm. 124; nez haut. 51, larg. 24;
orb. larg. 34, haut. 33. (C a t . c i t . , p. 119.)
(5) U existe, en Amérique, deux petites séries de crânes du Japon; l’une à Philadelphie, au musée Morton, comprend un crâne
Japonais figuré grossièrement dans le catalogue (p. 48); et deux crânes de Lieou-Kieou inédits; l’autre à Washington, au Musée de
l'Armée, compte cinq crânes, quatre d’hommes et un de femme dont M. Otis adonné quelques mesures (C a t . c i t . , p. 112). Les 4 hommes
cubent en moyenne 1545“ et mesurent 516 de cire, horiz., 182 de long., 141 de larg. (ind. céph. 77,47). Leur hauteur, qui est un
maximum, atteint 144““, leur bizygom. est de 133, et leur angle facial, de 78°. Les chiffres correspondants de la femme sont 1280,487,
174, 132, 75,86, 133, 120 et 77.
Les deux J a p a n e s e s du Musée Davis, acquis par lui de VanLidth de Jeude, d’Utrecht, morts à Batavia, et dont un féminin, a les
incisives supérieures limées, et toute la denture’noircie de bétel, nous semblent bien plutôt J a v a n a i s que J a p o n a i s , et nous les passons
sous silence.
\6) P.-F. von Siebold. V o y a g e a u J a p o n , etc., trad. fr. Paris,-1840, in-8% t. Il, p. 5.
ci-dessus; ïfautre serait à peu près celui des Chinois dont il sera question un peu plus ldfrn.
M. Bogdanow (1), en mesurant six crânes de Coréens qui appartiennent à la section sibérienne de la
Société de géographie de S1 Pétersbourg, a montré la coexistence dans cette petité série de formes ethniques
profondément différentes. Un des crânes, par exemple, est dolichocéphale avec l’indice 72,22, deux autres
atteignentau contraire une brachycéphalie fort accentuée (ind. 85,46 et 85,53)., tandis que les derniers
sont sous-brachycéphales avec les indices 80,24, 80,68 et 82,08. Les indices verticaux ne varient guère
jnoins que l’horizontal. Le rapport de la hauteur à la -longueur oscille entre 72,83 et 84,33; celui de la
hauteur à la largeur se tient entre 90,76 et 104,25. L’indice orbitaire, qui égale 90,24 chez le dolichocéphale,
atteint 100 chez deux des sous-brachycéphales, etc.
Crânes de Chinois (pfl. LIX, LX, LXI, et dans levtexte, fîg. 391 et 392). «A mon avis, ditM.de Baer(2),
on ne saurait mieux décrire le crâne des Chinois qu’en le comparant à celui des Kalmouks. Figurez-vous
que vous ayez un moulage de crâne kalmouk formé d’une substance élastique, comme de la guita-percha
par exemple, et que vous comprimiez latéralement la voûte avec les deux mains de manière à rendre
le front montant plus*haut, 1^ vertex tectiforme et l’occiput plus saillant en même temps que les arcs
zygomatiques se rétréciraient, et que les malaires et surtout les maxillaires se projetteraient en avant...
Vous auriez le lypejehinois. » Le célèbre anatomiste caractérise ce type à peu près en ces termes : « Le front
monte tout d'abord moins oblique que chez les Kalmouks, puis, les bosses frontales une fois bien développées
il se porte en arrière. La voûte proémine d’une manière remarquable sur la ligne médiane ; cette
proéminence n’a rien d’anguleux, mais représente plutôt une arcature élevée, qu’accompagne de chaque
côté une déclivité plus manifeste, ce qui distingue les crânes chinois de ceux de la plupart des races
mongoliques. Les surfaces temporales sont beaucoup plus aplaties que dans les Kalmouks, aussi les bosses
pariétales son^elles plus saillantes et plus haut situées. L’occiput fait une
saillie beaucoup plus forte, ce*qui dépend plutôt de.la prolongation des os
pariétaux que du développement de l’occipital lui-même. L’écaille "inférieure
est plus étroite que celle des Kalmouks, et moins ascendante à partir
du plan du trou' occipital. L’écaille supérieure est également assez courte,
mais plus longue et plus aplatie que chez les Kalmouks. Le point correspondant
à la plus grande distance partant de la glabelle tombe à peu près sur la
crête transverse de l’occipital ; la plus grande largeur du crâne occupe un
siège plus élevé que chez les Kalmouks... La face est plus saillante en
totalité et lès processus alvéolaires prédominent tout particulièrement, ce qui a très justement conduit-
A. Relzius.à classer les Chinois parmi les peuples prognathes. ». L’inclinaison des dents, la compression
latérale des maxillaires, la forme carrée-ronde des orbites, la dilatation de l’espace interorbitaire, l’ampliation
des gouttières lacrymales, etc., complètent le tableau tracé par M. de Baer des caractères crânio-
logiques des Chinois.
L’examen des chiffres publiés par ce savant anatomiste nous apprend que cinq des crânes du musée de
Pétersbourg, considérés comme de,, pure race (3), ont en moyenne pour diamètres antéro-postérieur,
transverse et vertical, 0m,18(K 0m,140 et 0m,142 (4), et pour indice céphalique 77,77. Les
diamètres frontal minimum, frontal maximum, bizygomatique, se chiffrent sur ces pièces par 0“,091 ;
0ro, J 15 ; 0”,134 ; etc.
(1) A. B ogdanow, S i b i r s k i k l i I n o r o d t s c w , p . 70-72.
(2) C. E. de Baer, C r a n , s e l e c t . , p. 21.
(3) Ce sont tous des crânes de Chinois émigrés dans l’Archipel indien; ils viennent de la collection Peitsch. Il y en a sept en tout,
dont deux métis.
(4) Ce dernier diamètre est un maximum pris du plan du trou occipital au plan de la voûte crânienne.
Qüatrefages et Hamy.
Fig. 391. — Crâne chinois, d'après
Martin. (1/4 grandeur.)