point donnée, rentre dans le type Nouba, tel que M. Ecker l’a fait connaître. Cette dernière a été figurée
dans le mémoire du même auteur sur la courbure du tube crânien, et il est aisé de reconnaître qu’elle
offre, en effet, tous les traits que nous avons précédemment énumérés (1).
Parmi les quatorze crânes de la collection Fuzier (2) qui portent l’étiquette Darfoûr, trois sont plus
ou moins analogues au second type de M. Al. Ecker. Leur diamètre .antéro-postérieur égale 0m,180,
le diamètre transverse maximum atteignant 0m,142, l’indice céphalique moyen est de 78,88. D'autre
part, le diamètre vertical basilo-bregmatique mesure 0m,136, et les indices correspondants sont 75,55
et 95,77. Les circonférences sont, l’horizontale de 0m, 511, la transversale de 0m,433, l’antéro-postérieure
de 0m,496. Cette dernière se décompose en courbe frontale de 0m,123, pariétale de 0m,125, occipitale
de 0m,114.
Nous constatons à la face que l’espace interorbitaire égale 0m,027, que le diamètre biorbitaire externe
atteint 0m,I07, que le bizygomatique dépasse 0m,130. Le nez, haut de 0m,050, large de 0m,026 et une
fraction, a pour indice 52,60; la hauteur de l’intermaxillaire est de 0m,022, etc.
Le prognathisme est modéré et comme redressé, ainsi qu’il a été dit précédemment.
Crânes de Haoüssas (pl. XXXIV, fig. I et 2 et dans le texte fig. 308). — Au delà du Darfoûr, nous
entrons dans l’inconnu. Le Ouadaï, où Vogel et Von Beurmann avaient trouvé la
mort, n’a pu être traversé jusqu’ici que par M. le Dr Nachtigal et le peu que ce
voyageur a dit des habitants de cette terre inhospitalière (3) ne nous apprend
rien de leur .crâjiiologie. On ne sait que très peu de chose du Ouandja et de
l’Ennedi et des Nègres Bélês qui peuplent ces deux pays, et qui sont peut-être
alliés aux Zoghâouas du Nord du Foûr (4). Enfin, les Noirs du Baghirmi sont encore
à décrire, quoique Barth et M. Nachtigal aient quelque temps vécu chez
eux (5). '
Plus à l’Ouest, une autre race se présente bien distincte, sur laquelle nous possédons
quelques données positives ; c’est celle qui forme la masse des habitants
Fig.sos.-crânedeMeçaoud du Bournou et qui coupe en deux tronçons, d’importance presque égale, les
P°P-ulations 9ui forment l’ensemble que nous achevons de décrire. Nous exposerons
ce que nous savons de ces Noirs à la fin du présent chapitre.
Les pages qui précèdent résument tout ce que l’on connaît du groupe oriental. Nous allons maintenant
présenter les quelques renseignements que nous avons pu réunir sur le groupe occidental.
Les Haoüssas en sont l’élément le plus important. Ces Nègres qui s’étendent à l’Est du Bournou
jusqu’au Niger comprennent sept groupes (6) de populations que, faute d’éléments descriptifs spéciaux,
nous étudierons en bloc, à l’aide de quelques pièces recueillies en Algérie (7) et sur la côte de Guinée. 1 2 3 *5 6 7
(1) Principales mesures du crâne Foûr du musée de Fribourg (iCatalog. s. 30, Nr. 9.) Gap. crân. 1220“ ; cire, horiz. 0”,480. D. a.
p. 0”, 169 ; tr. max. 0“,132; vertic. (max.) 0“, 131 ; nas. basil. 0“ ,102; courb. front. 0“ ,120 ; par. 0“,115 : occ. 0“ 095 Ind cénh*
78,15; nas. 56,8. - x ?.. F *
(2) Voy. pl. haut, p. 342.
(3) G. Nachtigal. Voyage dans l’Afrique centrale (Bull. Soc. Géogr., 6e sér., t . XI, p. 259,1876).
Hj In. Ibid., p. 141.
(5) Id. Ibid., p. 149.
(6) Il est remarquable que ces sept groupes aient une légende ethnogénique assez peu différente de celle des Gallas, que nous avons
résumée précédemment. Barth raconte qu’un certain Baouou (boom signifie esclave en Haoussa), fils de Karbagari, eut d’une femme
de la tribu berbère de Deggara six fils dont les noms sont, avec celui de Biram, patrie de Baouou, ceux des sept États Haoüssas
Daoura, Gober, Kano, Rano, Katsena et Segseg. Les sept autres contrées dans lesquelles la langue haoussa s’est plus ou moins
répandue, indépendamment des idiomes indigènes, sont ironiquement appelés * les sept bâtards ». Ce sont les pays de Sanfarra Kebbi
Noupe ou Nyffi, Gouari, Yaouri, Yorouba et Kororofa. (H. Barth. Trad, cil., 1.1 , p. 252-253.)
(7) Voy. plus haut, p. 345, n° 8.
La principale de ces pièces est représentée dans notre atlas (pl. XXXIV, fig. 1 et 2) (t). C’est nn crâne complet
recueilli par GuyoniW’hôpitel militaire du Dey, où son propriétaire a sucodinbé le H mars 1843. C’était
un Nègre, Meçaoud-ben-Allah, originaire du pays des Haoüssas, amené comme esclave dans la Régence,
libéré au moment de la conquête, puis engagé, au corps lies tirailleurs; indigènes lors de sa formation.
Cette pièce rentre exactement, presque à tous égards, dans le type Nouba tel qu’il vient d être décrit.
Son développement transversal est seulement plus considérable, ce que Guyon avait d’ailleurs remarqué
(2). Le diamètre trainsverse maximum atteint 0“, 146, l’antéro-postérieur s’allongeant à 0“, 183,1 indice
céphalique s'élève à79,78 (3), Le diamètre basilo-bregmatique égale 0", 132 ; les indices de hauteur mesurent
par conséquent 72,13 et 90,41. La capacité crânienne est de.1480“ , les circonférences ont, l’horizontale
0",51S, la transverse 0",427, l’antéro-poftérieure 0“,499.
Tous les caractères, signalés sur la face Nouba, sont reproduits avec une remarquable fidélité sur notre
Haoussa. Nous retrouvons chez lui la racine du nez large (dist. interorb., 0”,031) et peu enfoncée, les os
propres aplatis, le nez lui-même étalé (larg. 0",029) et bas (O",045),' Fîntermaxillaire très développé
(haut. 0,024), etc. Le prognathisme, est redressé (angl. fac. 76’, 62', 88') les pommettes sont saillantes
(0“,034) et surmontent des becs sous-malaires extrêmement prononcés. Les arcades dentaires sont armées
de dents puissantes, la mandibule est proportionnellement médiopirè |4).
Il existe dans lès livres et dans les collections un certain nombre de portraits de Haoüssas parmi lesquels
nous citerons celui qu’a fait peindre Prichard (pl. XIII), celui que I on trouve dessiné dans les
Voyages de Barth, celui d’Abdou enfin qui fait partie de la charmante collection d’aquarelles algériennes
de Durand au Muséum d’histoire naturelle (5). M. de Lacaze du Thiers en a photographié deux autres,
l’un de Katsena, l’autre de Kano, dont l’indice moyen approché est de 79, ce qui donnerait pour les
crânes 77 à peu près.
Nous donnons ci-joint (figi 308) le profil réduit au quart d’un autre Haoussa de Sgkotp, nommé Tou-
kou, ancien tirailleur indigène gque nous avons pu complètement étudier. Il est mésâticéphale comme les
autres (ind. cépb. sur le vivant, 79 environ), et se fait surtout remarquer par son profil redressé, la
saillie relative de ses pommettes, la hauteur considérable de sa lèvre supérieure, etc.
Tous ces Haoüssas sont des Nègres d’un type relativement élevé, et confirment 1 impression favorable
(1) Au moment où nous avons fait imprimer l’explication de cette planche, nous n’avions pas sous les yeux les renseignements
détaillés du donateur, qui nous permettent aujourd’hui d’assurer que le crâne de Meçaoud est celui d’un Haoussa importé en Algérie,
où il est mort au service de notre pays en 1843.
(2) Il n’est point inutile d’observer que ce développement transversal coïncide avec la présence d’un wormien de 0“ ,025 de long et
0n,02l de large dans le bregma.
(3) Les observations recueillies à Bahia par M. F. de Castelnau en 1851 (F. de Castelnau. Renseignements sur l Afrique Centrale et
sur une nation d’hommes à queues qui s’y trouverait, d’après les rapports des Nègres du Soudan, esclaves à Bahia, br. in-8°, Paris, 1851, in-8°)
montrent que, au moment où la traite sévissait dans toute son horreur jusqu’au coeur de la Nigritie, un grand nombre d’esclaves enlevés
des contrées Haoüssas, arrivaient à la côte, principalement par Lagos et le pays des Achantis,d’où on les emmenait en Amérique,
et surtout au Brésil. 11 n’y a donc point lieu de s’étonner de trouver parmi les crânes rapportés de Dabou par M. le commandant Bruyas,
une tête fort voisine de celle que nous venons d’examiner. Ce crâne recueilli chez les Jacks-Jacks n’appartient pas à cette tribu,
qui a le type céphalique commun au plus grand nombre des habitants des côtes de la Guinée supérieure. C’est un crâne Haoussa, généralement
très semblable à celui de notre tirailleur indigène et dont il ne diffère sensiblement que par un plus grand développement des
pariétaux dans le sens de la hauteur et un peu moins de saillie latérale. Les faces des deux sujets sont presque identiques, les caractères
spéciaux que nous venons d’énumérer s’accumulent et s’exagèrent même, quelques-uns du moins, sur le dernier qui se rapproche
d’ailleurs considérablement des crânes Foûrs décrits tout à l’heure.
(4) Mesure des maxillaires inférieures de sept Noubas et Haoüssas. Diam. bicondyl., 95, biangul., 89 ; écartement des 20S mol., 43,
des canines, 20; dist. angul. symph., 85 ; branchement haut, 51, larg. transv., 37, obliq.^8; branche horizont. haut, symph., 35 ;
2* mol.. 26 ; épaiss. symph., 35 ; 2° mol., 16 ; angle mandibul., 110°, alv. ment., 76°.
(5) Cet habile aquarelliste était chargé avec un peintre de portraits, nommé Landa, de reproduire d’après nature les types des mémoires
ethnologiques que MM. Serres et Walckenaer devaient rédiger pour la Description de V-Algérie. La mort de Walckenaer arrêta
tout le travail, et les peintures de Durand et de Landa furent déposées au Muséum, où elles sont aujourd'hui pour la plupart exposées
dans les galeries d’Anthropologie.