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pièces, dont les mesures moyennes forment la cinquième colonne de notre tableau XXVI, sont absolument
Papouas par leurs formes et leurs dimensions. L’une d’elles, dont la norma verticalis est représentée
ci-contre, exagère même à un tel point le type de la race, que l’on pourrait la croire venue de l’île des
Pins, ou de quelque autre de ces groupes orientaux que nous allons tout à l ’heure étudier, et dans lesquels
la race Papoua développe au plus haut degré sa morphologie spéciale.
Cr â n e s d e P a po u a s d e l ’a r c h ip e l d e l a N o u v e l l e -B r e t a g n e . — L’archipel de la Nouvelle-Bretagne,
qui prolonge dans l’est l’archipel Néo-Guinéen dont nous venons de terminer l’étude, semble exclusivement
habité par cette race Papoua qui n’était en Nouvelle-Guinée que race dominante, et que les navigateurs,
depuis Schouten et Dampier jusqu’à nos jours, ont trouvée partout établie sur ses rivages. Les insulaires
de Birara (Nouvelle-Bretagne), Tombara (Nouvelle-Irlande) et des îles voisines, que Schouten,
Dampier, Carteret, Bougainville, Lesson, de Blosseville, Quoy, Gaimard, Dumont d’Urville, etc., ont
fait connaître avec plus ou moins de netteté (1), sont franchement Papouas par tous leurs caractères.
On ne sait rien de leurs crânes, dont il n’existe dans les collections scientifiques aucun exemplaire
authentique (2)..
11 en est de même jusqu’à présent des îles de l’Amirauté visitées par Carteret, d’Entrecasteaux, La-
billardière, etc. (3), et sur lesquelles M. Moseley n tout récemment publié une étude fort intéressante,
mais sans profit pour la crâniologie (4). Il en est de même encore des nombreuses îles de moindre
importance situées entre ce dernier archipel et le précédent, et dont l’anthropologie reste tout entière à
connaître.
Plusieurs établissements scientifiques d’Europe possèdent toutefois du groupe du Nouvel-Hanovre
des têtes préparées assez bizarres dont .il nous faut dire quelques mots. Le muséum de Paris a notamment
acquis, il y a peu de temps, une pièce de cette origine, ayant appartenu à un homme adulte. Elle
est couverte dans sa moitié extérieure d’un mastic végétal noirâtre incrusté de fragments de nacre den-
ticulés qui simulent des yeux ou décrivent sur les joues des courbes à concavité supérieure. Dans cét
enduit on a taillé grossièrement un grand nez tout droit, à la sous-cloison perforée, et une large bouche.
Le diamètre antéro-postérieur de la tête, ainsi constituée, est de 0m,187, et le diamètre transverse atteint
0,144. Ce développement considérable en travers est en rapport avec une morphologie spéciale de la
moitié postérieure de la tête qui prend une forme subpentagonale, et tend à se rapprocher dans les régions
accessibles à l’oeil de celles des Polynésiens.
M. le Dr G. Bennett a offert au musée du Collège Royal des chirurgiens de Londres deux têtes à peu
près semblables (nos 5356 A et B) venues des mêmes parages (5), et l’on nous assure qu’il en existe d’autres
apprêtées de même dans les collections de Berlin. On ne possède sur ces diverses pièces aucun
renseignement bien positif. 1 2 3 4 5
(1) Dampier. Trad.'.cit. T. V, p. 124. — W. Schouten. Ed. cit. p. 169, etc. — Carteret. Coll. cil. T. I, p. 280. — B ougainville.
Op. cit., p. 287-288. — L esson. Hist. Nat. gén. et particul. etc. Race* humaines. T. 111, p. 68, etc. — D umont d’Urville, Quôy et Gai-
mard, Voyage de l'Astrolabe, Historique. T. IV, p. 505-511, pl. XGIX, C et Zoologie. T. 1, p. 33.
(2) M. Flower veut bien nous faire savoir que le squelette dont Cari Martin a publié le bassin comme originaire de la Nouvelle
Irlande, est un squelette de Néo-Zélandais (Monats. schr.f. Geburtsk. 1866). »
(3) B. d’Entrecasteaux. Op. cit. T. 1, p. 134 et suiv. — Labillardière. Op. cit. T. 1, p. 255, etc.
(4) H.-N. Moseley. On the Inhabitants of the Admiralty Islands (The Joum. of the Anthrop. Institut, .of Great Britain and Ireland.
Vol. VI, p. 379-426). L’une des planches de ce mémoire montre trois portraits de face de ces insulaires. 11 est regrettable que
l’auteur se soit borné à mesurer sur le vivant quelques longueurs de nez et quelques hauteurs de front de la racine du nez à la
naissance des cheveux. Sept mesures du nez lui ont donné une longueur moyenne de 0m,05, cinq fronts mesuraient ensemble
0“,076(p. 383).
(5) M.-J.-B. Davis a décrit, dans son Thésaurus (p. 307), une de ces pièces dont il a un moulage. — Cf. Virchow. Lbc. cit.
( Verhandl. der Berlin. Gesellsch. fùr Anthrop. 1873, s. 176.)
' "Cr â n e s d e - PÂPOüAéî S a lom o n ien s («g: 25T). ^N o tie orâne de Rubiana .s'écartait,-ôn.l’a.jvu, d’une
manière 8‘éilsible de ceux des Papouas purs, et ses, formes postérieures se rapprochaient de c.ell.es. des
Polynésiens. E n pénétrant dans les archipels de la Mélanésie orientale, nous avons,; franchi,, en effet,
lès limites occidentales de l'habitat de la race polyhésienne, que nous allons, rencontrer en contact-fréquent
aveo les Papouas dont elle altérera plus ou moins profondément le type crânien.
La juxtaposition et la fusion-des deux races sont déjà bien manifestes dans les lies Salomon. Les navigateurs
espagnols de 1567 avaient dépeint comme mulâtre la population: de l’archipel qu’ils rencontraient
( lÈ les voyageurs m o d e rn e s : lui attribuent des caractères variés, intermédiaires à ceux'des
Papouas et de leurs voisins orientaux.
Les figures 257 et 258, diagraphées d’après deux des.bustes moulés sur nature par Dumoutier, à bord
de Y Astrolabe, en 1840, montrent
bien jusqu’à quel point les physionomies
peuvent différer, entre
Salomoniens de la même tribu et
presque du même village (2).
Pitani, touten conservant maints
caractères nigritiques dans l’ossature
de sa face, tend d’une manière
générale à se rapprocher de
la race polynésienne. Son crâne
se dilate, au point que le diamètre
transverse monte à 0m,159 ; le diamètre
antéro-postérieur allant à
0m,193, on voit que l’indice céphalique
monte à 82. Chez Sambo,
Fig. 257. — Buste de Pitani, chef, île Isabelle,
Archipel Salomon (Coll. Dumoutier, n° 23).
Fig. 258. — Buste de Sambo, petit Chef à Opilii,
tout le squelette crânien est au
lie Isabelle' (Coll. Dumoutier, n° 24).
contraire Papoua, et l’indice reste
au voisinage de 74. Le Muséum de Paris possède deux autres bustes encore de naturels d’Isabelle moulés
comme ceux de Sambo et de Pitani par Dumoutier pendant le séjour de l’expédition française au voisinage
d’Opihi. Fouli est plus voisin encore que Pitani par l’ensemble de ses traits des Polynésiens de
pouest, son diamètre antéro-postérieur est de 0m,205, son diamètre transverse de 0“,I58 et l’indice
dépasse 77. Kakaley, petit chef comme les trois autres, est au contraire fort voisin de Sambo par sa
morphologie crânienne. Ajoutons que les caractères qui se tirent de l’étude des parties molles ajoutent
encore à ces différences (3).
M. B. Davis a fait connaître brièvement cinq crânes recueillis sur l’île d’Arossi (San Christoval). Autant
que l’on en peut juger par la description et les mesures (4), trois de ces crânes, deux masculins et
l’autre féminin, sont franchement Papouas avec leur dolichocéphalie extrême, 69,34 pour les hommes,
70 pour la femme, leur hauteur fort supérieure à la largeur, la prédominance de leurs courbes pariétales,
leur prognathisme exagéré, la saillie de leurs arcs zygomatiques, etc. (5). Maisuïi quatrième crâne
(il) Hist&ria del descubrimiento de las regiones Auslriales hecho por el general P. F. de Quiros (Bibliotheca Hispano-Ullramarina de
J. Zaragoza. T. I, p. 2,1876, in-80).
(2) Lesson. Voyage de la Coquille. Zoologie. T. 1, p. 90. — D umont d’Urville, R ocquemaurel, J acquinot. Voy. de l’Astrolabe et de
la Zélée. Historique. T. V, p. 30, 31,105, 294, 306, etc.
(3) Ces quatre bustes sont figurés dans l’Atlas Anthropologique de l’Expédition (pl. 4 et 5).
(4) J.-B. Davis. Thesaurus Craniorum, n8S 235, 236, 237, p. 306. — I d. Suppl, to Thés. n°* 1687, 1688, p. 74.
(5) Principales mesures des trois crânes dolichocéphales d’Arossi, d’après M. J.-B. Davis. Hommes. Cap. crân. 1442ec ; d. a.-p.