substituer un document précis. C’est un moulage exécuté d’après nature à Schagpour par les frères
Schlagintweit et qui figure dans leur collection sous le n° 120 (1).
Nous avons juxtaposé dans le dessin ci-dessus * exécuté au diagraphe et réduit au quart, la face moulée
du jeune sujet de Schagpour à celles d’une femme Mincopie et d’une femme Aëta, tirées la première d’une
photographie de M. le colonel Tyller, la seconde de l’album de Choris. Il est aisé de s’assurer de la ressemblance
de ces trois faces et plus particulièrement de la première et de la seconde (fig. 209 A et B.)
La région, encore en partie inexplorée, où vivent les malheureux sauvages que nous venons d’étudier,
est le principal centre qu’occupe aujourd’hui à l’état pur la race négrito dans la Péninsule Cisgangétique.
Mais on a vu parles textes que nous avons empruntés à Logan, à Newbold, à M. Campbell, etc., que
cette race existe à l’état de mélange en beaucoup d’autres points, comme les deux chaînes des Ghâttes,
les Nilgherries même.. Nous n’avons rien à ajouter à ce qui a été dit des-populations plus ou moins nigri-
tisées. des Ghâttes orientales et occidentales; mais, en ce qui concerne la chaîne des Nilgherries, il nous
faut placer ici une courte analyse d’un mémoire récemment publié par M. Fryer (2), sur les Mulchers des
monts. Annamully, dans le district de Coïmbatore, État de Gochin.
Ces Mulchers sont, en effet, des noirs de très-petite taille1 ( lm,52), parmi lesquels la photographie publiée
par M. Fryer permet de reconnaître de véritables Négritos, au milieu d’une population qui a emprunté
ses éléments à différents types ethniques.
Le seul caractère céphalique sur lequel M. Fryer ait fourni des renseignements précis, est celui qui se
peut tirer du petit volume de la tête déterminé par la circonférence horizontale.
Le crâne Mulcher est très-petit; la circonférence horizontale de dix-sept sujets adultes de 19 à 38 ans,
mesurée sur le vivant, était en moyenne de 519 millimètres. De tous les groupes Cisgangétiques, étudiés
à ce point de vue par M. Shortt, les Villees seuls descendent à ce chiffre. Sept Dôms avaient 520 millimètres,,
vingt-cinq Yenadies: ont donne la moyenne 521, vingt Musulmans de l’Inde aussi 521, six Put-
teenaven 522, vingt Booians 526, yingt-cinq Corovas 528, vingt-cinq Parias aussi 528, cinq Yunniens
531, trois Paramen 532, vingt-cinq Hindous 533, deux Meenpullee aussi 533, neuf Dombers 542, enfin
vingt-cinq Ryots de Jeypore 544 millimètres (3).
Nous avons sous les yeux un crâne qui vient d’une région très-voisine de celle qu’habitent les Mulchers,
et dont l’étude confirme l’impression que quelques-uns des sauvages photographiés par M. Fryer nous
bien avec ceux que Piddington avait rencontres presque dans la même région sur deux autres sauvages en 1824. Ce dernier voyageur
n’a malheureusement donné que trente ans plus tard un récit tronqué de son entrevue avec les Bandars, un homme et une
femme entièrement différents des Col et des Dhangour qui forment la population de Palmow (H. P iddington. Mémorandum on an un-
known Forest Race, inhabiting the Jungles South of Palmow [Journ. of the Asiat. Soc. of Bengale, vol. XXIV, p. 210, 1855). M.] Pou-
chet a beaucoup exagéré la valeur de cette observation (G. P ouchet. De la pluralité des races humaines, 2° édit., Paris, 1864, in-8°,
p. 26). Rédigée sur d’anciens souvenirs, relatant d’une manière fort incomplète un fait isolé et extraordinaire, elle était loin de se
présenter avec toutes les garanties indispensables en pareil cas, et n’a pu être acceptée comme authentique que depuis la publicalion
de M. Rousselet.
M. Samuells a cru pouvoir rapprocher des Bandar-Lokh de Piddington, les Puttooas ou Juanga des Mehals de Cuttack (M. Sa-
muells. Notes on a Forest Race, called Puttooas or Juanga, inhabiting certain of the Tributary Mehals of Cuttack [Journ. of the Asiat. Sor.
of Bengale, vol. XXV, p. 295-303. Calcutta, 1856, in-80]). Les figures du major Strange qui accompagnent ce travail permettent tout au
plus d’admettre que ces noirs sont des métis à la formation desquels l’élément négrito ne serait pas étranger. Ils ont des traits céphaliques
qui rappellent assez volontiers ceux despopulations négrito-malaisesde la péninsule de Malacca, dont il sera question plus loin.
(1) La collection des frères Schlagintweit comprend 26 moulages de ce que les savants voyageurs appellent aborigènes de l'Inde centrale,
Bhil, Kôl, Gond, etc. moulés à Schagpour, etc. Celui que nous reproduisons de profil est le seul qui présente, à nos yeux, le
type négrito.
(2) F ryer, A few Words concerning the Hill P copie inhabiting the Forests of the Cochin State (The Journ. of the Roy. Asiat. Soc. of
Great-Britain and Ireland, 2d Ser. vol. III, p. 478-482 et pl. 4868.
(3) J . Shortt. Notes on Différences of weight and stature of Europoeans and some natives of India (Transact. of the Etlmol. Soc. of
London, New sériés, vol. II, p. 244, 4863.) —An account of some rude tribes, the supposed Aborigines of Southern India. [Ibid., vol. III,
p. 384, 4865). — Contributions to the Ethnology of Jeypore [Ibid., vol. VI, p. 364, 4868). — Cf. Madras Quart. Journ. of Med. Sc.. 4862,
n° Vil, et The Journ. of the Roy. Asiat. Soc. of Great-Britain and Ireland, 2d Ser., vol. III, p. 482, 4868-
•avaient produite. Recueilli pendant son cinquième voyage par Leschenâult,’ dans la région môhtagnéusè
de Cattalam, au sud-ouest du Maduré(l), ce crâne féminin (fig. 210), auquel un temporal et l’occipital
font malheureusement défaut, porte à un haut degré le cachet de la race à laquelle
nous le rapportons.
Sa capacité crânienne semble devoir à peine dépasser celle de la femme Min-
copie. Nous estimons que sa circonférence horizontale ne s’élevait pas au-dessus
de 44 centimètres. Son diamètre antéro-postérieur étant approximativement de
.155 millimètres, et le diamètre transverse maximum en mesurant 124, l’indice est
fort voisin de 80.
Les analogies,;se poursuivent des traits généraux aux caractères particuliers. Le
frontal est seulement un peu plus long, un peu moins fuyant et plus étroit à sa
base (d. fr. min. 0,085). Les pariétaux sont tout à la fois un peu plus aplatis en
avant, et un plus renflés en arrière. Les sphénoïdes et les temporaux affectent
presque absolument les mêmes dispositions et les mêmes rapports. L’occipital
avait la même largeur, la même forme générale, etc. Notons, en passant, la présence
Fig. 210. — Crâne de Né-
grita du Cattalam, intérieur
du sud du Deccan
(>Î4 gr. nat. Mus. Hist.
Nat. Coll. Leschenaull).
d’un petit os wormien de 0,15 de hauteur sur 0,20 de largeur, dans la fontanelle postérieure, et
supérieure.
La ligne des profils faciaux est exactement la même chez la Négrita du Dekkan et chez la femme Mincopie,
elle est seulement plus projetée en avant chez la première, dont les angles de Camper et alvéolaire
s’abaissent à 74° et 64°, et dont les distances auriculo-jugale et orbitaire sont légèrement augmentées, ainsi
que la longueur de la voûte palatine, le rétrécissement signalé sur la base du frontal de l’Indienne, se
traduit dans le haut de la face par un rétrécissement correspondant des distances biorbitaires et interorbitaires.
L’orbile diminue de hauteur en même temps que de largeur, et son indice est seulement un peu
moindre. L’égalité s’établit dès le milieu du visage, les distances des trous sous-orbitaires, des os malaires,
etc., sont à très-peu de chose près les mêmes, la forme du nez est exactement semblable, et l’indice nasal
se montre identique dans les deux individus. Enfin les mensurations prises sur le bas de la face montrent
un léger avantage dans le développement de cette partie du visage en faveur de la femme du Cattalam.
Les différences que nous venons de signaler sont, comme on le voit,'fort minimes, et quelques-unes
d’entre elles, celles par exemple qui se manifestent dans la projection et les dimensions du maxillaire supérieur,
peuvent être mises sur le compte de l’âge, puisque la femme Mincopie qui sert à nos études n’a
pas encore sa dentition complète.
Aussi croyons-nous pouvoir conclure du travail comparatif que nous avons fait à l’ideDtité ethnique de
la paria du Cattalam avec lesMincopies des îles Andaman, et confirmer anatomiquement, par conséquent,
les résultats ethnologiques acquis par les explorateurs dont nous avons précédemment analysé les
travaux.
Crânes de Négritos de l’Indo-Chin e. — La péninsule transgangétique renferme très-cerlàinémênt dans
ses montagnes des groupes nigritiques semblables à ceux de l'intérieur de l’Inde en deçà dit Gange, mais
les auteurs qui nous ont révélé leur existence parmi les Mois de la chaîne orientale du bassin du Mékong,
ou parmi les sauvages du Tipperah, ne nous ont rien dit de leur conformation céphalique (2). Nous
savons seulement que Laplace (3) a entrevu leurs relations avec les Noirs des Philippines, relations que
(4) CE. L esciienahlt de la T our. Relation abrégée d’un voyage aux Indes orientales, [Mém. du Mus. d'Rist. Nat. t. IX, p. 264. Par is
4822, in-4!’). — C’est par erreur que sur la figure 202, page 484, on a indiqué cette pièce comme de l’Inde centrale, elle vient de l’intérieur
du sud du Deccan.
(2) Chapman. Relation d’un voyage à la Cochinchine, tr. fr. [Ann. des Voyages, 4810, t. "VII, p. 65).,, ,
(3) Laplace. Voy. autour du monde par les mers de l'Inde et de la Chine......sur la corvette la Favorite. Paris, 1833, in-8°, 1.1, p. 337,
t. II, p. 279.