populations bien moins étudiées jusqn’icijet sur lesquelles nous avons rassemblé un certain nombre de
matériaux descriptifs d’un très haut' intérêt.
Quant aux Polynésiens, leur type général est établi sur d’assez nombreuses recherches pour qu’il soit
inutile de nous arrêter longuement a leur étude. Nous insisterons seulement sur les variations qu’ils présentent
en quelques points de leur aire géographique.
§ 2. — Description.
Cr â n e s d e Ma l a i s (pl. XLIX, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 396). —• Le peuple Malais aurait
pour point de départ, suivent la plupart de ses historiens, le royaume de Menangkabou à Sumatra, encore
habité aujourd’hui par un peuple qui possède les mêmes caractères physiques et parle la même langue
que les Malais de Malaccaet de la Sonde. C'est vers 1160 qu’aurait commencé le mouvement migratoire
des indigènes vers le détroit pour se propager ensuite vers Bornéo, etc.
L expansion malaise n’est point encore arrêtée (1), et la race occupe aujourd’hui
non plus seulement une partie de Sumatra et la péninsule de Malacca,
mais la plus grande partie des îles delà Sonde, Java, Madoura, etc., les côtes
de Bornéo, et de Célèbes, etc., etc., jusqu’à la Nouvelle-Guinée où elle
possède quelques postes avancés (2).
Dans son développement la race primitive a englobé bien des tribus qui
s’écartaient plus ou moins de son type; mais ces éléments divers se sont mêles,
coùfondus et plus ou moins uniformisés sous l’influencé de l’Islamisme
dont l’impulsion a fait jouer aux Malais dans ces contrées un rôle analogue à
ïohore (Mus. H i s t . N a t . C o l l , celui des Arabes (3).
Parmi les tribus malaises les plus caractéristiques, on peut placer en première
ligne celles de la péninsule de Malacca, dont nous avons représenté dans la planche LXIX de notre atlas un
fort remarquable spécimen. Cette pièce a appartenu à un Orang Binoua du petit État de Johore au nord de
Singapore (4). Elle est de volume médiocre (cap. crân. 1360e®, cire, horiz. 0“,490), brachycéphale à 84,02
(d. a.-p. 0m, 169; d. tr. max. 0“, 142), sensiblement plus large que haute (d. bas.-bregm. 0m,132, ind.
78, 49 ; 97, 82), légèrement acuminée en arrière du vertex, renflée aux tempes* irrégulièrement arrondie
en arrière, dilatée de la face (d. bizyg. 0“,140) et relativement fort prognathe dans la portion sous-nasale
de son profil, qui rappelle presque exactement celui du Siamois de la collection Davis (5)1
A côté de ce type un peu exceptionnel et sur lequel s’exagèrent les caractères du crâne malais, nous
en pouvons juxtaposer d’autres provenant aussi de la péninsule malaise et qui atténuent à divers égards
les traits de notre Binoua. Le Muséum de Paris possède, en effet, outre un crâne d’indigène de la cité
de Malacca dont l’origine ethnique est inconnue, deux autres crânes, l’un de péninsulaire sans provenance
bien précise, l’autre de Malais de Pahang, .ville de la côte nord-orientale.
Ces deux pièces ont pour capacité commune 1370e® ; pour circonférence horizontale 0”,494, pour diamètres
et pour indices 0m, 169 ; 0“, 138 ; 0”, 130 ; 81, 68 ; 76, 69 ; 93, 83. Les faces mesurent en moyenne
O01,91 de haut et 0",136 de large (6).
(1) Voy. plus haut,p. 201.
(2) Yoy. plus haut p. 201, 217, 269, etc.
(3) A. de Qüatrefagès. L ’e s p è c e h u m a i n e , p. 204.
(4) Cf. E.-T. Hamy. Sur le s r a c e s s a u v a g e s d e l a p é n i n s u l e M a l a i s e ( B u l l . S o c . d ’A n t h r o p . 2e série, t. IX, p. 716, 187 4).
(5) Voy. plus haut, p. 420, fig. 371.
(6) La collection de la N w a r a , à Vienne, renferme un crâne de Trengano au nord de Pahang ; M. Flower a aussi donné des renseignements
sur un crâne de Malais de Penang (Cf. Flower. C a t . c i t . , p. 122. — Zuckerkandl. Loc. cif., p. 25.
Les Malais de Sumatra sont principalement connus par la description donnée par M. Swaving de
dix crânes de Padang, Pondok, Pasang, recueillis par ce savant médecin pendant son séjour aux
Indes (1). ; .
. Ces dix sujets se montrent fort mélangés ; à côté d’individus fort analogues à ceux de Malacca, dont il
vient .d’être question, ilTs’en rencontre d’autres qui rentrent dans le type indonésien dont il va être
question plus loin (2). Les trois crânes de Malais de Sumatra (Padang, Mangala et Atjeh) que possèdent
le Muséum de Paris et la Société d’Anthropologie rentrent avec quelques atténuations dans le type qui
vient d’être brièvement examiné (d. a.-p. 0m,17i ; d. tr. max. 0m,639 ; d. bas.-bregm. 0m,133, etc.).
Les Malais de Java, dont le Muséum de Paris possède douze crânes normaux (3) provenant de M. Swa-
ving ou de M. Steenstra-Toussaint, sont encore moins accentués dans leur ossature céphalique. Le lecteur
trouvera leurs mensurations détaillées dans la colonne 1 du tableau XLIY ci-après. La note ci-dessous
groupe les mesures principales du seul crâne de Malaise de Java que nous ayons pu étudier. Nous en
avons rapproché celles des dix-sept sujets du même sexe étudiés à Batavia par M. Swaving (4).
Cr â n e s d e Ja v a n a i s .— Les Javanais se présentent à nous sous l’aspect d’un peuple mixte formé de
la fusion d’éléments assez variés, empruntés, partie aux Malais proprement dits dont il vient d’être parlé,
partie aussi aux Indous qui, avant les Malais et le mahométisme, avaient fait de Java un centre civilisateur
d’une très grande importance ; partie enfin à cette race indonésienne dont nous avons dit quelques mots .
dans le paragraphe qui précède et sur laquelle nous reviendrons bientôt avec détail.
Parmi les vingt et un crânes de Javanais non déformés (5) dont nous avons complètement étudié les caractères
(6), trois provenant du Soerakatra, du Rambang et des Préangers sont hypsisténocéphales, c’est-à-
dire à la fois relativement allongés (ind. céph. 72, 43 ; 74, 85 et 75) et plus hauts que larges (ind. moy.
haut. larg. 102, ,49). Nous verrons bientôt que ces proportions soDt absolument indonésiennes. Parmi
les dix-huit mésaticéphales, sous-brachycéphales ou brachycéphales qui composent le reste de la collection,
quatre présentent plus de hauteur que de largeur, ce qu’ils doivent peut-être à l’action de
quelque croisement.
Quelques autres pièces exagérant, au contraire, les traits que nous venons de voir appartenir aux
Malais proprement dits, les mensurations moyennes des Javanais se trouvent égales, à peu de chose
près, à celles de leurs voisins malais. On constate seulement au profit des Javanais un peu d’augmentation
du volume céphalique.
(1) Cf. Swaving. O p . c i t . , tab. IX.
(2) Les quelques pièces recueillies à Billiton, Banka, Longga, Rhio, par les voyageurs hollandais, présentent des mélanges plus
compliqués encore. ' J -V Y
(3) Outre les crânes normaux dont il vient d’être question, le Muséum de Paris possède cinq crânes de Malais plus ou moins aplatis
suivant un plan vertical occipito-pariétal. Ces crânes offrent ensemble pour diamètres et pour indices : 0m,168 • 0m 145 0m 140 et
86,30; 83,33; 96,55. 1 , > -Y" * ’ ’ -
Nous ne comprenons pas dans nos séries les deux crânes de Malais du cap de Bonne-Espérance qui font partie des collections de
Delalande. Leur dolichocéphalie relative (d. a.-p. 0m,176; d. tr. max. 0“,134; ind. céph. 76,13), leur ampliation en hauteur (d. bas.-
bregm. O™,134, ind. haut. larg. 100,00), etc., etc., les écartent considérablement des Malais de la Sonde, en les rapprochant des nègres.1
(4) Principales mesures d’un crâne de Malaise (coll. Swaving, Muséum). Cap. crân. 1330e«, cire, horiz. 490; d. a.-p. 169; d.tr max.
,137 ; fr. max. 112; min. 89; biorb. ext. 101; bizygom. 127; bas.-bregm. 132; haut. fac. 92; orb. larg. 37; haut. 32; nez’larg. 28;
haut. 50. — Moyenne de dix-sept crânes de Malaises d’après M. G. Swaving ( o p . cït.,tab. J V). Cap. crân. 1288mm ; cite, horiz. 483“ “;
d. a.-p. 166 ; d. tr. 135 ; biauricul. 116; vertical (?) 138; biorb. ext. 101 ; bizyg. 123; orb. larg. 37 ; haut. 35 ; nez. larg. 26 haut. »
(5) Outre ces vingt et un crânes Javanais normaux les collections du Muséum renferment trois crânes Javanais plus ou moins déformés
par aplatissement vertical postérieur. Ces crânes que nous avons laissés en dehors de nos mesures ont en commun pour diamètre
0m,165; 0m,140 et 0m,137 et pour indices 84, 84; 83, 53 et 97, 85
(6) De nos vingt-quatre crânes de Java, seize font partie de la collection donnée au Muséum par M. G. Swaving ; six autres viennent
du voyage de Y A s t r o l a b e et de la Z é l é e (Cf. Eu. Blanchard. O p . c i t . , p. 159; et pl. XLIV, fig. 1 à 4) ; deux enfin des envois
de MM. Steenstra-Toussaint et Charnay; ces diverses pièces proviennent des résidences des Préangers, de Pekalongan, Soerakarta,
Japara, Rambang, Patjitan, Soerabaya, Probolingo et Bezoeki.