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Cucurbita pepo | . lin . Pepo vulgaris. Raj. Hift.
639. Etiam pepo Virginianus. Bauh. Pin 311.
Macocks Virginiani. Raj. Hift. 641 , & c . Courge
de St. Jean. Sauv. n°. ao8. Concombre d’hiver,
Concombre de Malte ou de Barbarie, Citrouille
iroquoifc , &c.
La difproportion qui fe trouve pour la taille entre
certaines races de chiens , qui font prouvées ne foiv
mer qu’une efpèce , rendra fans doute moins choquante
la propofition de ne regarder les Citrouilles
& les Giraumons que comme de Amples races
dune même efpèce avec les plus petits d’entre
les Pepons dont nous venons de parler. Il s’en
trouve d’ailleurs de métis qui font nuance & rendent
le paffage infenfible : on en peut voir principalement
à la fuite des Barbarines.
Les Giraumons pourraient fe diftinguer des
Citrouilles par une pulpe ordinairement plus pale
& toujours plus fine ; il paroît auffi qu’ils ont
les feuilles généralement plus profondément découpées
que celles, des Citrouilles., qui ne font
fouvent qu'anguleufes; mais ces différences légè-
■ res étant d'ailleurs moins fenfiblesque cellesde
la forme & de la couleur du fruit, nous ne forons
qu’une feule énumération des variétés que nous
avons été à portée de reconnoître ; (avoir :
1°. t a Citrouille verte n°. 48, à peau tendre ,
•Fort luilànte , chair trcs-coloreey je l ’ai vue varier
en jaune. ( __
0.0. La Citrouille grife d’un verd pâle n°. 61
d’une forme ovale un peu en poire.
30. La Citrouille blanche n°. 49 , décolorée
& en même temps fi molle , que fon poids lui fait
perdre fa forme , qui eft aulïï en poire. La graine
m’en avoit été envoyée d’Allemagne : cette petite
race s’eft trouvée aflez confiante.
4 . La Citrouille jaune n°. 50 également
arrondie par les deux bouts, la plus commune ï
Paris , avant que le Potiron l’ait fait abandonner.
5°. Les Giraumons verds boffelés n°. 5 1 , énormes
èn groffeur & égaux par les deux bouts -
comme’ les Citrouilles.
6°. Le Giraumon noir n». , effilé du côté de
la queue , peau fort lifle , pulpe ferme ; je l’ai vu
beaucoup varier , & produire des Giraumons d’un
verd pâle, d'autres à bandes, & d’autres totalement
jaunes ; mais ceux qui ne cultivent que cette
race ifole'e, affurent l’avoir trouvée beaucoup plus
confiante. Le n°. 53 repréfonte un autre Giraumon
noir d’une forme contraire à la commune
c ’efl-à-dire effilé vers la tête. Il en étoit de même
du n°. 1030 , plus gros , mais moins régulier. J’ai
cependant vu cette forte de difformité reparaître
dans une partie des individus provenus de fes
graines, fur-tout dans ceux qui avoient le mieux
conforve la couleur , tandis que les jaunes étoient J
égaux par les deux bouts, ou'effilés par la queue •
ce qui fomble prouver combien les différentes lès
plus légères fe reproduifent volontiers, & multi- '
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plient les races , lorfque les fécondations croifées
les font rentrer les unes dans les autres.
Une autre fous-variété qui fe trouve avoir pareillement
quelque confiance M ç’eft le panache
en jaune , afte&ant la partie voifine de la queue ,
comme on le voit dans les numéros 7 7 & 77 a a.
7 . Les Giraumons ronds numéros 58 8c ,
tous deux d’un verd noir , le dernier aufii gros
qu un Potiron ; aucun des fruits élevés de fes
graines ne s’eft trouvé aufii gros-, plufieurs étoient
alonges ; d autres ronds étoient marqués de bandes
& de mouchetures pâles.' Tel étoit aufii le
n ^60, remarquable par la prodigieufe extenfion
qu avoit prife ce qu’on nomme l ’oeil & où la place
des ftigmates de la fleur fe trouvoit defiinée d’une
maniéré très- extraordinaire-, j ’ai vu reparoître
dans fa poftérité des fruits tout femblables aux
precedens, plus ou moins alongés, entièrement
verds, plufieurs à bandes , d’autres totalement
jaunes , & un d eux 69 i , finguliéremenr reflem-
blant au n°. 6 1 , qui étoit une Citrouille grife, &
avoit ete élevé’ dans le même jardin : ©bfervation
de fécondation croifée , doublement intéreflante
en ce que les produâions de cette Citrouille grife
etoient pareillement entremêlées de -fruits francs
tout (emblables à eux-mêmes, & d’autres métis
reflemblant^ évidemment au Giraumon à bandes
n°.6 o, ou à lès diverfes variétés. Le fruit n°. 69
fort petit & à bandes , & (es productions, dont
quelques-unes plus grofles, & la plupart déformé
ronde , femblent indiquer que les Giraumons ont
du conftituer dans l’origine une race franche, que
les fécondations croifées ont enfuite rendue aufii
inconftante que toute autre. La groffeür & la
forme der cette variété donne à penfer que c ’eft
la première pour laquelle on ait expliqué le nom
de Giraumon , qui lignifie proprement une monta-
gne tournante , c’eft-à-dire un rocher roulant.
S°. Les Giraumons ou Citrouilles à bandes
nommés depuis long-tems Concombres de Malte,
ou de Barbarie , & par d’autres , Citrouilles iro-
quoifes : te ls font les fruits repréfentés de 6 2 à 69,
avec les produirions variées que j’en ai vu naître
jouant toutes de forme & de, couleur comme les’
precedens , & rentrant dans leur même nature.
Le n°. 63 gqétoit. un individu monftrueux , remarquable
par une tige applatie , portant comme en
bouquet trois-fruits boflelés. Le n°. 64 a l ’étoit
au contraire par une pulpe fi pleine & une peau
h ierree , qu’elle étoit traverfée d’un aflez grand
nombre de gerçures en tous Cens. On peut diftin-
guer^ aufii des m o u ch e tu re s très-fines & très multipliées
dans le n0.. 66 ■; des bandes foncées dans le
n°- 68 8c 68 a , 8c. d’énormes boflelures dans ce
dernier. Dans un autre produit du même numéro
les bandes foncées'vers la tête 8c vers la queue \
& claires vers le milieu du fruit, forment une
nouvelle démonftratïon du peu d'importance de
ces bandes.
Les Giraumons blancs n6. j i , 7 2 1 c’eft-à-dire
COU
d’un jaune pâle , appelés Concombres d*hiver par
plufieurs Cultivateurs , peuvent être regardés
comme les plus dégénérés d’entre les precedens ;
aufii font-ils communément plus petits. J’en ai vu
remonter à l’état de Giraumon à bandes , 8c d’autres
aflez confiantes.
10°. Enfin, le Giraumon verd tendre à bandes
& mouchetures, foit en foncé, (oiten pâle , forme
une dernière variété qui a peu de confiance,
comme on le voit dans les numéros 74 & 76 , &
dans leurs productions -, mais qu’il eft intéreflant
de confidérer , attendu que cette couleur indique
ordinairement ceux dont la pulpe eft la plus délicate
à manger.
6. Le P a s t i s s o n , Cucurbita polymorpha melo-
pepo. Duch.
Melopepo clypeiformis. Bauh. Pin. 311. lourn.
106. Melopepones latiores clypeiformes. Lob. Ic.
643. Cucurbita melopepo. Lin. Cucurbita clypeiformis
f . Siciliana , &c. J. B. 2. 224. Etiam cu-
curbitoe elypeatee & affines omnes , melopepo com-
prejfus alter ( ? ) ; Cucurbita fejjilis, &c... Cucurbita
verrucofa parva.... Cucurbita clypeata.... ad
citrum non nihil accedens , b alite. J. B. Etiam
cucurbita lagenaria, folio afpero , major 8' mi no r.
Tournef. 107. Cucurbita.... fructu longo collo ,
& cucurbita lâgenam exprimens , S'c. J. B. 2. p.
204. Bonnet d'Eleâeur , Bonnet de Prêtre , Couronne
impériale , Artichaut de Jérufalem , Artichaut
d’Efpagne , Arboujle d}Afiracan.
En fuivant notrecomparailon des races de chiens
& des races de Pepons, celle du Paftiflon fe trou-
veroit répondre à cettè race rachitique & difforme
que l’on appelle le baflet à jambe torfes.
L’état de contraction qui aftèCte ces plantes fe
<Jénote dans toutes leurs parties -, 8c cette maladie
héréditaire fe perpétue depuis plufieurs fiècles
plus ou moins conftamment , mais fe reproduit
toujours par le plaifir que l’on prend à refiemer
les fruits les plus régulièrement déformés.
Ces fruits ont en général la peau fine comme
les Coloquinelles , mais ordinairement plus molle,
la pulpe plus ferme, blanche & aflez sèche : ce
qui fait qu'ils fe gardent fort long-tems, quoiqu’ils
perdent très-facilement leur queue. Les loges y
font fréquemment au nombre de quatre 8c de
cinq -, 8c quant à la forme , il s’en trouve quelques
uns de ronds , pyriformes ou turbinés , mais
plus fouvent encorë dans les races franches,comme
s’ils étoient (êrrés par les nervures du calice -, la
pulpe fe bourfoufile & s’échappe dans les intervalles,
formant tantôt dix côtes dans toute la longueur.,
feulement plus élevées vers le milieu,
tantôt des proéminences dirigées vers la tête ou
vers la queue , qu’elles entourent en couronne.
D’autres fois aufii lé fruit fé trouve étranglé par
le milieu , & renflé aufiitôt en un large chapiteau
, comme dans un Champignon qui n’eft pas
encore. épanoui-, ou même enfin , il eft entièrement
applati en bouclier , quelquefois gaudronné
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inégalement, quelquefois régulièrement. Cette
dernière forme , la plus éloignée de la nature, eft
au refte la plus rare de toutes , & aufii celle qui
fe reproduit le moins conftamment.
Une partie des graines contenues dans ces
fruits contraâés, font elles-mêmes boflues ; toutes
font fort courtes 8c prefque de forme ronde , fuivant
la proportion qui s’obferve en général dans
les Pepons, dont les fruits les plus longs ont
aufii les graines les plus alongées.
La même contraâion affede la plante dès le
commencement de fa végétation. Ses rameaux plus
fermes par le rapprochement confidérable des
noeuds , au lieu de ramper mollement, s’ élancent
de côté 8c d’autre , quelques-unes même verticalement
8c ne s’abattent enfin fur la terre qu’en-
trainés par le poids des fruits. De-là refulte fort
naturellement un alongement au double & plus
des pédicules des fleurs mâles, q u i, fans cela, na
trouveroient pas de place pour s’épanouir , & un
alongement encore plus grand , des queues , des
feuilles qui , ne pouvant (è feutenir dans un tel
excès , fe courbent en diverles ondulations , comme
fi elles commençoient à fe tortiller : la forme
totale de la feuille (e trouve fort alongée, & les
angles en font moins fenfibles.
Mais l’état des vrilleseft ce qui a droit de paroî-
tre le plus extraordinaire dans les Paftiflons. Sub-
fiftans dans les uns, quoique fans ufage , ainft
que Linné l ’avoit obfervé , ils font pour le moins
fort diminués d’étendue ; dans d’autres, ils fe
trouvent métamorphofés en de petites feuilles à
queue tortillée , dont la pointe recourbée (è termine
par un petit bout de vrille d’un, de deux
ou de trois filets, ne faifant qu’une ou deux révolutions
, quelquefois moins -, dans d’autres enfin,
on ne trouve à leur place que de très-courts rudi-
mens à peine (ênfibles..
La facilité de faifir & de décrire cette différence
dans la végétation des Paftiflons , l ’a fait
regarder comme un caraâère propre à en établir
l’efpece : le Réformateur Linné n’en donne point
d’autre. L’efprit de fyftême avoit précédemment
force le célébré Méthodifte Rai à en former un
genre à part , pour le porter avec le Giclet ( Ela-
terium) , dans une feélion féparée des Cucurbi-
tacées à tiges non grimpantes. D ’un autre côté y
Tournefort s’arrêtant au nombre des loges du
fruit, lequel eft toujours plus grand dans les Pepons
orbiculaires , avoit établi fur le caractère de
cinq loges , au lieu de trois , un genre où il pla-
çoit les Paftiflons 8c le Potiron dont- nous avons
fait notre fécondé efpèce. Dès le tems desBau-
hins , les Paftiflons avoient paru mériter un nonu
particulier-, mais ce fut mal-à-propos qu’on leur
appliqua celui de Melopepo qui , dans Pline , défi
gne un fruit odorant & qui ne paroît avoir rien1
de commun avec ceux-ci , que le petit caraéfère-
de quitter facilement fa queue : quant au nom de-
Paftiflon, qui eft d’ufage en Provence, il dois