
d e s , plus glauques & plus blanchâtres en d e ffus ,
& fur-tout par fes gros fruits , qui reffèmblent
prefqu’à de petites Prunes. Ses branches font tor-
t u eu fes , fort rameufes , & ont une écorce rabo-
te u fe , d’un gris brun ou, rougeâtre. Ses jeunes
rameaux font abondamment feuillés , glabres ,
plus cylindriques & moins trigônes que dans le
précédent» Les feuilles font linéaires , a igu ë s ,
trè s-ou verte s, longues de huit ou neu f lignes ,
ro id es , piquantes , fetüles & ternées comme dans
l ’efpèce ci-deffus; elles font marquées en (leffus
de deux raies glauques & blanchâtres, bienfépa-
rées par une ligne verte. Les fruits font des baies
charnues, axillaires , prefque fefliles, ovoïdes ou
globuleufes , groffes comme de petites Prunes ou
comme les baies du Grofeiller épineux des jardins
, ayant à leur fommet trois lignes anguleufes
& dive rgentes, & d’une couleur rouffeâtre dans
leur maturité , avec une nébulofité glauque comme
fur les Prunes. Ce Genév r ier croît dans le Languedoc
& la P rovence , i’Elpagne , fur la côte de
B a rb a r ie , & eft cultivé au Jardin du Roi. .
( v . v* ) On diftille fon bois à la cornue , pour en
tirer une huile fétide , que les Maréchaux emploient
pour la gale & les ulcères des ch ev au x,
& qui eft connue fous le nom d'Hu ile de Cade.
I l y a apparence que les plantes @ & y ne font
que des variétés du G en év r ie r oxicèdre > la première
a les fruits très-gros , ovoïdes , couverts
d ’une nébulofité b leu â tre , 8c a été trouvée fur
la côte de Barbarie par M. l’A b b é Poiret. ( v . f . )
L a fécondé de ces deux plantes fe trou ve, dit-on ,
fu r les montagnes en Afie , 8c s’y élève à fept ou
hu it pieds de hauteur. Son fruit eft gros comme
line Prune de damas, fphérique , rouge , rempli
d ’une chair sèche , fongueufe, de même couleur ,
d’ un goût doux , a ig r e le t , aftringént , agréable,
fan§ odeur apparente , contenant cinq ou fix
offelets plus gros que des pépins de raifin , du r s ,
rouges & oblongs. ( v . f . in h. J u jfl )
3 G e n é v r ie r d’Efpagne, Juniperus Hifpanica.
M . Juniperus f o l i i s quad r ifar iam im brica tis acutis.
Mil). D i& . n°. 13.
Cedrus H ifp a n ica pro cer io r , fru c tu maximo
nigro. Tournef. 588. Juniperus thur ifera. Linn.
Selon M ille r , ce G enévrier s’élève à vingt-cinq
où trente pieds de hauteur -, il pouffe des branches
pyramidales garnies de feuilles a igu ë s , couchées
les unes fur les autres de quatre c ô t é s , c ’eft-à-
dire fur quatre rangées diftinâes , de manière
qu’ elles rendent quarrés les petits rameaux qui
les portent. Les baiés de ce t arbre font très-
groffes , 8c noires lorfqu’elles font mûres. Ce
G en év r ie r cro ît dans l ’Êfpagne & le Portugal.
N ous en avons 'vu de jeunes individus cultivés à
Paris ; leurs feu illes , fort ferrées ou rapprochées
le s unes des autres , éroient la plupart Amplement
oppofées , déeuffées , linéaires , aiguës ,
adnées à leur bafe , demi- ouvertes , & longues
feulement de trois à quatre lignes ; les inférieures
étoient un peu plus courtes & moins ouvertes.
T) • ( v. v . )
O bferva iion . Le nom fpécifique qûe Linné a
appliqué à la plante dont nous venons de parler ,
nous paroît fulceptible d’ induire en erreur , car il
n’ efl ni prouvé ni même vraifemblable que ce
foit elle qui produife V en cen s , comme l’ indique
l’épithète thur ifera. Quant aux preuves dont il
s’agit > nous ne voyons aucun indice ni aucune
relation de Voyageu r qui ait pu autorifer Linné à
citer cet arbre comme produifant l ’encens ; 8c
pour ce qui eft de la vraifemblance, il nous paroît
qu’elle manque pareillement à fon opinion, puif-
que la réfine connue fous le nom d’encens dans
l’E u rop e, ne fe tire point de l’Efpagne ou du
P o r tu g a l, mais nous v ien t , par la voie du commerce
, de l’Afrique & de l’Arabie , & que cependant
l ’arbre dont il s’ag it n’eft indiqué qu’ en
Efpagne 8c en Portugal.
En faifant des recherches au fujet de l’encens ÿ
nous avons trouvé chez M. de Jufiieu des échantillons
d'un arbre envoyé du Sénégal en 1730
par M. Adanfon , comme étant le véritable arbre
qui produifoit l’encens , ce qui étoit affuré par
les habitans du pays. M. Adanfon envoya en
même temps deux livres de la réfine de cet arbre ,
à laquelle il reconnoiffoit aufti les qualités de
l ’encens. Ses notes portent que cet arbre doit
conftituer un nouveau g en re , & qu’il eft de la
D ic e c ie , Oélàndrie , Tétragynie. Les Maures le
nomment Soukiou. Nous avons penfé , en examinant
les échantillons de l’herbier , que l’arbre
dont il eft queftion , étoit très-voifin par fes rapports
de V Am y r is g ilea d cn jis de Linné , 8c qu’ il
ourroit bien être le même que Ÿ Am y r is k a fa l de
o r sk a l, dont nous avons parlé à l ’article Ba lfa-
mier-kafal n°. I I . En e f fe t , fes rameaux font de
même un peu épineux ; fes feuilles font altern es ,
pétiolées , coinpofées chacune de trois folioles
o v a le s , dentées doublement, & comme lég èrement
inc ifées, veloutéesou pubefeentes en deffous
8c fur leur pétiole ; les deux folioles latérales font
un peu plus petites que ce lle qui termine. La
figure grofiière que Jean Bauhin donne d’après
T h e v e t , au mot T h u s , dans fon Hifloria P la n ta -
rum ( vo l. i . part. 2. p. 303. ) j offre une forte de
reffemblance avec les folioles des feuilles que nous
venons de décrire. Le fruit de l’arbre cité du Sénégal
eft une petite baie o v o ïd e , ayant un petit
calice à fa bafe ; elle paroît être drupaeée &
monofperme. Nous n’avoas pas vu la fleur, & nous
préfumons que la tétragynie indiquée par M. Adanfon
confifte en quatre ftyles fitués fur l ’ovaire.
4 , G é n é v r i e r du C a p , Juniperus Capenjis.
Juniperus f o l i i s fuper ioribus ternis b a ji a dnatis
acutis p a tu lis ,* infer ior ib us eppojitis im br ica tis
minorwus. N .
L’ individu de ce Génév r ier , que l ’oncu ltiveau
Jardin du Roi depuis quelques années , 8c qui y
a été envoyé d’Angleterre par M. A ito n , eft jeûna
& n*a pas encore fleuri ; mais fon afpeâ particulier
8c Ion feuillage indiquent que c ’eft une efpèce
bien diftin&p. Sa tig e eft droite, fort rameufe j à
écorce raboteufe & d’un brun rougeâtre. Ses petits
rameaux font nombreux , courts , divilés ,
fort rapprochés les uris des autres j 8c couverts de
feuilles qui par.oiffent de deux fortes. Celles en
effet qui naiffent vers l’extrémité de ces rameaux
font ternées ,■ linéaires-aiguës , adnées à leur bafe ,
vertes en deffous , glauques en deffus , lâches ou
demi-ouvertes , & longues de trois lignes •, les
autres feuilles .qu i couvrent la partie inférieure
des petits ,rameaux font beaucoup plus petites ,
oppofées , embriquées, & rendent ces petits rameaux
tétragônes. C e G én év r ie r paffe pour originaire
du Cap de Bcnne-Éfpérance. J} • ( v. v. )
5. G e n é v r ie r des Barbades , Juniperus B a r -
ba denjis. L. Juniperus f o l i i s omnibus quadrifariam
imbricatis : ju n io r ib u s ovatis , fen io r ib u s acutis.
Linn. Mill. Dié l. n°. 9.
Juniperu s Ba rbad en fis cuprejji f o l i i s , ramulis
quad ratis. Pluk. Al. 201. t. 19 7. f . 4. Juniperus
maxima , cuprejji f o l io minimo , cor tîce exteriore
in tenues philyras fp ir a le s d uB ïli. Sloan. Jam.
H ift. 1 . p. a . t. 15 7 . f. 3. Raj. Suppl. Dendr.
p. I I .
C e G énévrier forme un des plus grands arbres
du pays où il croît j fes branches s’étendent fort
en la rg eu r, & portent des rameaux très-divifés ,
dont les plus petits' font couverts de feuilles fort
p etites, embriquées fur quatre ran g s , & appliquées
comme des écailles ou à la manière de
celles du Juniperus phcenicea. L’ écorce eft rude ,
fe détache en lanières d ’une couleur très-obfcure;
les baies font plus petites que celles du Génévrier
de Bermude, & font d’un brun clair-dans leur
maturité. Ce t arbre croît naturellement à la Jamaïque
& dans d’autres Ifles de l’Amérique. Les
habitans recherchent beaucoup fon bois pour la
charpente , & pour la conftruélion de leurs navires.
"fr.
6. G é n é v r ie r de Bermude, Juniperus B e rm u -
diana. L. Juniperus f o l i i s ternis fu b u la t is b a ji
a d n a tis dense confertis fem i-p a tu lis . N.
Juniperus Bermudiana. Herm. Lugdb. 345.
t . 347. Raj. Hift. 1414* Juniperus f o l i i s in fer io r
ib u s te rn is : fuper ioribus binis decurrentibus fu b u la
tis p a tu lis acutis. Lin. Brown. Jam. 36a. J u n i perus
f o l i i s inferiorib us ternis , fuper ioribus qua~
d rifa riam imbricatis. M ill. Dié l. n0.' 5. L e C'edre
de Bermude.
Son feuillage denfe rend cette efpèce affez remarquable
: elle s’élève en arbre fur une tige
droite , rameufe , foutènant une cîme prefque
pyramidalè. Ses branches font redreffées ou montantes
, divilées , & garnies dans leur partie fupé-
r iëu féd ’ un grand nombre de petits rameaux abondamment
feuillés. Les feuilles font toutes ternées ,
fort rapprochées les unes des autres, linéaires-
fubulées, a igu ë s , cànaliculées eh deffus, convexes
en deffous , adnées à leur bafe , demi-ouvertes ,
& longues de trois à quatre lignes. Miller dit
que lorfque l’ arbre dont il s’ a g i t avance en âge,
8c qu’il a acquis une certaine grandeur , alors les
feuilles changent, deviennent fort courtes , embriquées
comme des écailles, 8c qu’elles font fur
quatre rangées fur les rameaux qu’elles rendent
tétragônes. Les individus vivans que nous avens
vus ici ont a c tu e llem en t cinq pieds de grandeur ,
8c n’ont encore que des feuilles femblables à celles
que nous avons décrites. Les baies naiffent vers
les extrémités des branches , & font d’un reuge
obfcur tirant fur le pourpre. Cet arbre croît en
Amérique , aux Ifles de Bermude 8c de B a h am a ,
8c eft cultivé, au Jardin du Roi. . ( v. v. ) On
le tient l’hiver dans l’Orangerie.
Son bois eft tendre, fragile , d’un brun clair &
rougeâtre , & a une odeur forte. Il étoit autrefois
très eftimé pour des boiferies & des meubles ;
mais fon odeur trop pénétrante ne plaifant pas a
bien des perfonnes , l’on n’en fait plus tant de cas ,
& l’on n’en porte jlus une aulfi grande quantité
en Angleterre. C’eft de ce bois qu’on fait les enveloppes
des crayons.
7 . G e n é v r i e r de Virginie , Juniperus Virgi-
niana. L. Juniperus foliis ternis baß adnatis :
junioribus imbricatis, fenioribus patulis. L. Hort.
Cliff. 464. Gron. Virg. 2. p. 157*
Juniperus major Americana. Raj. Hift. I 4T3*
Juniperus V^irginianà t foliis inferioribus jumpe-
rinis , fuperioribus fabinam vel cuprejfum rfje~
rentibus. Boerh. Ind. p. 208. Juniperus Carolinia-
na. Mill. D iâ . n°. 4. Le Cèdre de Virginie ou le
Cèdre rouge.
ß. Juniperus Virginiana, foliis. ternis omnibus
patentibus. Mill. l) iâ . n°. 3. Juniperus Virginiana.
Herrn. Lugd. Bat. 346. Raj. Hift. I4T4*
C ’eft un grand 8c bel arbre , à cîme conique ou
pyramidale , finement compofée, & dont le feuillage
d’un affez beauverd, n’efl: point denfe ou
épais comme dans le Génévrier de Bermude. Son
tronc eft droit, recouvert d’une écorce rougeâtre
; fes branches font garnies de rameaux alternes
, ramifiés, & les plus petits font couverts de
feuilles difpofées trois à trois, adnées à leur bafe ,
mais qui varient , félon les individus & félon l’âge
de ces arbres , dans leur grandeur 8c dans leur
manière d’être plus ou moins ferrées contre les
rameaux. Communément les feuilles des plus petits
rameaux font fort petites, ovales-pointues ,
ferrées & embriquées comme celles de la Sabine;
mais les inférieures ou celles des rameaux de
deux ans font plus lâches , plus ouvertes, à pointe
plus alongée 8c plus aiguë, & reffemblent plus à
celles du Génévrier commun. Certains individus
dé cette efpèce ne portent que des fleurs mâles *
lefquelles naiffent fur de petits chatons latéraux t
longs d’une ligne & demie; d’autres individus
portent les fleurs femelles, 8c fouvent aufti des
chatons mâles fitués au-deffus ou vers Içs extré-*
Kk k k ij