
graine , qui lui communique un peu de fa couleur |
jaune. Quand ces racines font sèches , ils les mettent
dans des vaifl’eaux de cuivre bien lavés &
qui ferment bien , ou iis les tiennent Amplement
dans quelqu’endroit lec j fans cette précaution ,
elles l'eroient en danger de fe pourrir prompte-
ment, 8c d’ctre rongées des vers. Ils font un
extrait des plus petites racines , 8c ils gardent les
feuilles pour s’én fervir comme de Thé.
Le prix de cette racine eft fi haut parmi les
Chinois, qu’ une livre fe vend au poids de trois
livres pefant d’argent. C’eft pourquoi on a coutume
de l’altérer de differentes façons , & les Epiciers
lui fubftituent fouvent d’autres racines exotiques.,
comme celle du Behèn blanc (Centaurée
n°. ia ) , ou comme celle du N infin ( Berle de
la Chine n°. 5. ) , qui eft une plante fort différente
, que l’on a mal-à-propos confondue avec le
Ginf-eng. Il faut choifir le G in f-en g qui eft récent,
odorant, & non carié ni vermoulu.
Celui qu’on vend à la Chine n?a commencé
d’être connu en Europe qu’en 1610 , par des
Hoilandois curieux , qui en apportèrent les premiers
en revenant du Japon -, il le vendoit-alors
au-deflus du poids de l’or 5 cependant notre
Nation en avoit peu entendu parler avant l’arrivée
des Ambafl’adeurs de Siam en France, qui entr’ au-
tres préfens , en donnèrent à Louis XIV.
Les Afiatiques regardent le Ginf-eng comme
une panacée fouverair.e; & les Chinois y ont recours
dans leurs maladies comm& à la dernière
feflburce. Si nous en croyons la traduction que
nous a donné le Doèteur Vandermonde d’un ^Auteur
Chinois ( Feri-fau-kân-mou-ii-tfchi-fin ) , les
vertus de la racine du Gin f-en g font admirables :
elle eft utile , dit cet Auteur, dans les diarrhées,
les dyflenteries , le dérangement de l’eftomac &
des inteftins , de même que dans la fyncope, la
paralyfie , les èngourdifTemens & les convulfions y
elle ranime d’une manière furprenahte ceux qui
font épuifés par les; plaifirs de Rameur ; il n’y a
aucun remède qu’on puifle lui comparer pour ceux
qui font affoiblis par des maladies aiguës ou
chroniques. Lorfqu’après l’éruption , la petite
vérole ceffeffe pouffer , les forces étant déjà affoi-
blres , on en donne une grande dôfie avec un heureux
fuccès j : enfin ,, en la prenant à plu fleurs
reprifes, elle rétablit d’une .manièreTurprenante
les forces affbibliés -, elle augmente la tranfpira-
tion -, elle répand une douce chaleur dans le corps
des vieillards , affermit tous les membres -, bien
plus , elle rend tellement lés forces à ceux même
qui font à l’agonie , qu’elle leur procure le temps
de prendre d’autres remèdes , 8c fouvent de recouvrer
la fanté. v
Voilà désJvertus admirables-, fi elles çtoient
vraies j mais il eft vràifemblable qu’il y a beaucoup
d’exagératïoft dans l’éloge que l’on fa k des
propriétés de cette racine. Néanmoins.le P. Jar-
toux ajfiure avoir éprouvé fur lui-mêmependant
qu’ il étroit en Tartarie, lès vertus falutaires du
GinJ'-eng, après un tel épuifement de travail 6c
de fatigue , qu’ il ne pouvoir pas même fe tenir
à cheval, & il dit qu’une heure après avoir pris
la moitié d’ une racine , il avoit été entièrement
rétabli, qu’il s’étoit fenti plus vigoureux, & en
état de fupporter le travail beaucoup mieux qu’au-
paravant.
Ce Père rapporte que l’Empereur avoit employé
dix mille Tartares en l’année 1 7 0 9 , pour
recueillir cette plante dans les déferts, où elle
croît naturellement, les avoit fait garder par une
troupe de Mandarins qui campoient fous des tentes
dans des endroits convenables à la fubfiftance de
leurs chevaux , & qui de-là envoyoient des déta-
chemens de troupes pour veiller à cet ouvrage.
Miller qui cite ce f a i t , dit que des racine»
de cette plante, recueillies en Amérique & apportées
en Angleterre , ayant été' autrefois envoyée»
à la Chine , produifirent d’abord un revenu con-?
üdérable ; mais que la'grande quantité qu’on y en
porta enfuite ayant, rendu cette marchandife trop
commune , elle y perdit beaucoup de fon prix.
Il importe de ne point confondre , comme od
l’a fait , le N in fin qui croît à la Chine & au
Japon , & qui eft mentionné dans l’ouvrage de
Kæmpfer ( Amoen. Exot. p; 81B.) , avec le Ginferi
dont nous venons de traiter -, le N in fin .étant
une efpèce de Berle. ( voy i [ ce mot ) , & par con-
féquent d’un genre different de celui du Gin fen
Il ne faut pas non plus rapporter au G in fen la
plante figurée dans Pluknet, à la Table-101. f. 7*
fous le nom de N in fin ; cette plante, qui nous eft
inconnue, n’a de rapport avec le G in fen qu’une
forte de reflemblancë dans la figure de fa racine.
a. G in s en à trois feuilles , P a n a x tn fo lm n u
L. P a n a x f o l i i s te rnis ternatis. Lin. Mill. Ditt.
.. n®. 2,. .. .
P a n a x 'fo in s ternis terna tis quandoque qu'ma-
; t is , p unnla, Gron. Virg. a. p. 163. N a f u r ti Uni
marianum , anémones fy lva ticoe f o l i i s , enhcaphyl-
lon , flo r ib u s ex ig u is . Pluk. Marit. 13 5. Tab, 43 J*
f, 7. A ra lia jlrum fragaricE f o l io y minus. Vaill.
Serm. p. 4 3 . A ra lia jlrum f o l i i s ternis, tr ipar ties &
quadripariitis» Trew. Ehiet. *. 6. f. 1 . Bue hoz ,
Cent. 3. Dec. 7. t. 1. f. 1 .
Linné foupçonne que. cette planfe n’eft qu’une
variété-de celle qui précède, ce^quieft très-vrai-
femblable y néanmoins elle eft beaucoup plus pe«
tiré ; & en effet , Miller dit qu’elle ne s’élèye qu’à
là hauteur de cinq pouces* Sa tige eft fimple,
munie dans fa partie fupérieure de trois feuilles
pétiblées , difpofées comme en verticille , ainfi
que dans l’efpèce ci-deflus. Chaque, pétiole com-
j mun porte trois ( 8c quelquefois quatre ) folioles
] ôvales-lancéolées, dentées, 8 c fefîiles. Lepédon-
1 cule comtpun naît du point de. diyifiôn des..trois
! pétioles, femble une continuation de la tige ,
& foutient une petite ombelle fimple , dont il
pdroît que les fleurs font mâles ou ftérîles. Cette
.plante croît dans la Virginie , le Maryland.
3 . G i n s e n e n a r b r e , P a n a x arborea. L . F .
P a n a x f o l i i s fep te n a t is , umbellis eômpojîtis. L* F.
S u p p l . 4 4 1 .
Ses feuilles font pétiolées , digitées composées
chacune de fept folioles oblongues , dentées 5
très-glabres, luifantes , & de diverfes grandeurs.
L’ombelle eft compofée, grande , à rayons alon-
gés 3 & n’eft point fimple , comme dans la première
efpèce de ce genre. On trouve cette efpèce
•dans la'Nouvelle Zélande, f j .
4 . G i n s e n d e T e r n a t e , P a n a x fra t ic o fum . L .
P a n a x f o l i i s fuprà d ecompojîtis dentato - c ilia t is ,
£aüle fr u t ic o fo . Lin.
Scu te lla ria te r tia . Rumph. A m b . 4 . p . 7 8 . t . 3 3 .
Arbrifleau qui s’élève jufqu’à la hauteur d un
homme, & qui a en quelque "forte le,port & le
feuillage d’un Aquilice. Ses feuilles font furcom
î.pofées ou deux & trois fois aîlées , à folioles
lancéolées, dentées, ciliées, glabres. Les pédoncules
font ramifiés fans ordçe , & leurs dernières
divifions portent de petites ombelles qui paroif-
fent nues. Les baies contiennent deux femences
«fui font un peu comprimées & fillonnées* Cet
•arbrifleau croît dans l ’Ifle de Ternate. T>. Rum-
phe dit qu’on le cultive à Amboine dans les jardins 3
non-leulement comme ornement, mais fur-tout
parce qu’il eft utile en médecine. Ses feuilles &
ta racine font très-diurétiques 5 on les emploie
utilement dans la néphrétique.^ la dyfurie , &c.
5 . G i n s e n à f e u i l l e s p i n n é e s , P a n a x pinnata.
P a n a x f o l i i s p inna tis , f o l io li s in tegerr im is, umb
e llis fu b p a n icu la t is . N.
Scu te lla r ia fe cu n d a . R u m p h . A m b . 4 . p . 7 6 .
* . 3 a .
Quoique cette plante ne nous foit nullement
.connue, il ne nous paroît pas douteux qu’elle
doive être du même genre que celle qui précède.
Dans ce cas , on l’en diftinguera par le caraélère
de fës feuilles qui font Amplement aîlées avec
impaire, 8c dont les folioles ne font pas dentées.
Les baies font arrondies, légèrement comprimées
, un peu plus grofles que celles du Géné-
vrier, & contiennent une ou deux femences dures,
qui ont rarement la faculté de germer. Cette
plante croît dans les Moluques.
* P a n a x ( fp in o fà ) f r u t i c o f a , f o l i i s alternis
qu in àtis , fp in is in fra rameis fo lita r iis 3 umbellis
late ra lib u s . L. F, Suppl. 441.
Linné fils , en rapportant cette plante au genre
des G in fen s , l’indique comme ayant été oblervée
au Japon par M. Thunberg y mais M. Thunberg
ne mentionne aucune efpèce de P a n a x dans fa
Flore Japonoifè y & il y a apparence que la plante
dont il s’agit i c i , eft P A r a l ia pentaphylla de M.
Thunberg (F l . Jap. p. 12.8. ). Nous la décrirons
dans le Supplément de ce Di&ionnaire parmi les
nouvelles efpèces d’Aralie.
Q bfe rv , Il fe pourroit que V A j iifum M o lu c ca -
nütn de Rufnphe ( Amb. 1 . p. t y i . t. 42. ) , fût
un vrai P a n a x / les fruits étant, à ce qu’il paroît,
des baies arrondies & difpermes. Néanmoins,
comme ces baies font petites & peu pulpeufes ,
peut-être que l ’arbrifleau qui les produit feroit
plus convenablement rapporté à un nouveau genre
(POm be llife re , ou devra être rangé parmi les
efpèces de Bubon.
GIROFLÉE , C h e i r a n t r u s ; genre de
plante à fleurs polype-talées, de la famille des
Crucifères , qui a de très-grands rapports avec les
J u lien n e s , 8c qui comprend des herbes indigènes
de l’Europe , à feuilles alternes , entières ou d éc
o u p é e s , & à fleurs confia m ment de couleur jaune
, auxquelles fuccèdent des filiques longues ,
un peu tétragènes.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
Chaque fleur offre i° . un calice ferré ou fermé,
compofé de quatre folioles oblongues , droites ,
concaves intérieurement, caduques , & fouvent
dont deux oppofées font un peu ventrues ou gib-
beufes à leur bafe ; 2.°. quatre pétales à lames
ovales qu arrondies , ouvertes en croix , portées
fur des onglets droits, de la longueur du calice y
3°. fix etamines dont deux oppofées font un peu
plus courtes que le s quatre autres, 8c dont les fila-
mens inférés au réceptacle, portent des anthères
droites, oblongues ou fagittées y 4°. un ovaire
fiipérieur, linéaire, prifmatique ’ou tétragène,
terminé par un ftyle très-court, à ftigmate échan-
cré ou bifide.
Le fruit eft une filique longue , linéaire, tétragène,
biloeulaire, bivalve, ayant un ftigmate
bifide à fon fommet, & contenant plufieurs
femences ovales, quelquefois comprimées, quelquefois
prefque cylindriques.
Obfe rvation .
Le genre Ckeiranthus de Linné eft compofé de
deux démembremens , dont l’un appartient au
genre des Juliennes , & l ’autre fait néceflairement
partie de fon genre Ery fim um . Ces deux démembremens
ayant été très-mal-à-propos réunis fous
un même genre , Linné n’a trouvé d’autre caractère
que la citation de glandes fituées de chaque
côté à la bafe de l ’ovaire -, mais outre que ce
caractère eft minutieux & peu digne d’offrir une
diftinêtion générique , il eft d’ailleurs trompeur &
même nul dans le plus grand nombre des Chei-
ranthus de ce Botanifte. O r , pour rétablir les
plantes dont il s’agit dans le véritable ordre de
rapport qui leur convient , nous préfentons ici le
-fécond démembrement en queftion fous le nom
latin Ckeira nth us , en y joignant VEry fimum qu’on
n’en peut écarter y on trouvera l’autre démembrement
à l’article Julienne. ( V o y e \ ce m o t) .