
font fort longues, linéaires 8c eanaliciilées comme
les autres , mais plus rétrécies vers leur bafe. Les
fleurs font grandes comme celles de la Giroflée
d és A lp e s nu. a , d'un jaune pâle comme elles ,
prefque 1 effiles, & difpol'ées en grappes fpicifor-
mes & terminales. Leur Calice elt d’un blanc jaunâtre
, un peu auriculé a la baie ; les lames des
pétales font ovales ., très - obtufes , & ouvertes.
Les filiques n’ont que cinq ou fix lignes de longueur
, font veloutées, blanchâtres , un peu
epaiffes , tétragènes, ont deux de leurs angles plus
élevés que les deux autres , & font terminées par
un ftyle perfiftant aufli long qu’elles , & qui les
fait paroître cornues. Le ftigmate eft bifide ou à
deux lobes. Cette plante croît dans la Sibérie , &
eft cultivée au Jardin du Roi. . ( v . v . ) Malgré
la corne remarquable de fes fruits. il n’éft pas
poilible de la féparer de ce genre.
Ob fe rvation.
Les huit efpèçes que nous venons de décrire
font, à notre avis , rapprochées fous le môme
genre d’après de véritables rapports, & ne doivent
, fous aucune confidération quelconque ,
être féparées pour conftituer difFérens genres , ou
pour en faire partie. Le Velar officinal ( Eryfimum
o ffic in a le ) fera décrit à fon article comme genre
a part. Nous aurions pu le réunir a vec les’Sifym-
bre's, parce qu’il a de très-grands rapports avec
<|es plantes , 8c qu’il en a beaucoup moins avec
pelles que Linné lui aaffociées dans le même genre;
mais on peut le diftinguer des Sifymbres par fon
calice ferré ou fermé. Enfin VEryfimum barbarea.
L. qui n’ a aucun rapport avec les plantes que
jigus venons de décrire, fera mentionné à l’article
R oquette , & V fry fim um a lliar ia . L. le fera avec
les Juliennes.
GIROFLIER ou GEROFLIER aromatique ,
Ç A R Y O P H Y L L U S a romaticus. Lin. Tourn. 661.
Silackw. t. 338. Garf. Exot. t. 59.
. • Caryophyllus^ aromaticus 9f r u c lu oblongo. Bauh.
Pin. 410. Raj. Hift. 1508. Caryophy lli J n d ic i.
J; B. 1. Part. I . p. 413, Caryophylli. Quf. Expt.
p. 15 & 16. Cam. epit. 349. Dalech. Hift. p.
1759. Çary ophyÙi. Lob. Ic. 1 . p. 147. T sh in k a .
Pifon. Arom. p. 177. Caryophyllus aromaticus ,
Indice o r ien ta lis , fru B u clavato Monopy reno. Pluk.
Alm. 88. t. 155. f. I . Çaryophyllum f - T s je n c k e .
Rumph. Amb. 1 . p. I . t. 1 & 1 . Caryophyllus.
Mill. Dict. nP. 1. Sonnerat , Voyage à la Nouv.
Guinée , p. 196. t. 119.
0. Id em bracleolis majovibus luxur iantibu s fu -
bimbricatis . Çaryophyllum R egium. Rumph. Amb.
%. p. 10 .1 .1. Çaryophyllus R eg iu s. Pluk. t. 155.
f. 5. T sh in k a popoua f . Caryophyllus fp ica tu s .
|>ifon. Arom. p. 179.
.Le Giroflier eft un arbre de la famille des M.yr-
|çs . 8c qui a de très-grands rapports, ayec les
Eag'enia ( 1foyer Jamrosé ) , dont il eft même médiocrement
diltingué , quoique Linné le place
dans une claffe différente. On peut le regarder
comme un des végétaux exotiques les plus intéref-
fans , à caulè de l’emploi que l’on fait -de fes
jeunes fruits ( ou de fes boutons de fleur prêts à
s’épanouir ) defféfchés, qui font une des épiceries
dont on fait le plus d’uîâge tant dans les Indes
orientales qu’en Europe.
Cet arbre, qui a le port d’un Caffeyer ( 8c non
celui d’un Laurier , puifque le Laurier a les branches
& les feuilles alternes) , s’élève communément
à la hauteur de quinze à dix-huïtqûeds, lur
un tronc droit, qui n’acquiert pas tout à-fait un
pied de diamètre , & qui foutientune cime large ,
un peu conique. Ses rameaux font oppofés , menus
, effilés , foibles, glabres, prefque tous éten-*
dus horizontalement, & ont befoin d’être foutenus
lorfqu’ils font chargés de fruits. Ils n’ont guère
plus d’un pouce ou d’un pouce & demi de diamètre.
Les feuilles font conftamnïent oppofées , pé-
tiolées , ovales-lancéolées, très-entières, glabres
des deux côtés p à nervures latérales très-fines 8c
prefque parallèles. Ces feuilles font longues de
deux pouces 8c demi à quatre pouces , fur un
pouce ou un pouce & demi de largeur , un peu
luifantes' en deffus , & parfemées en deffous de
très-petits points réfineux qui, vus à la loupe &
bien au jou r , font la plupart tranlparens. Leur
pétiole eft long de fix à neuf lignes , & produit
en traverfant la feuille une cote longitudinale un
peu relevée en deffous. Les fleurs naiffent au
fomrnet des rameaux en une cîme ( ou petite pa-
nicule corymbiforme) terminale, dont les ramifications
font oppofées. Les pédoncules font glar
bres, 8c fous chacune de leurs divifions , ainfi qu’à
la bafe de chaque fleur , on obferve deux braâées
oppofées , fort petites , comme écâilleufes , &
qui tombent de très-bonne heure. Ces bradées ,
dans la variété que nous citons , étant luxuriantes,
plus nombreufes & comme embriquées, ont
apparemment donné lieu à ce que Linné attribug
un double calice aux fleurs du G iro flier ; mais ce
double calice n’a point lieu , & en place des quatre
folioles que Rumphe repréfente au bas de
l’ovaire dans fon Çaryophyllum Regium , on ne
trouve dans le G ir o flie r ordinaire que les cicatrices
de deux très-petites bradées oppofées , fituées
fous l’ovaire de la fleur , 8c pareillement fous
chaque divifion du pédoncule commun.
CARACTERE GÉNÉRIQUE;
La fleur offre i° . un calice fupérieur, petit
p e r f if la n t , partagé en quatre folioles pointues ?
concaves , & ouvertes -, i ° . quatre pétales arrondis
, un peu plus grands que le calice, attachés à
fa bafe interne , alternes avec fes folioles , & très-
caducs *, 39. un’ grand nonjbre d’étamines, donc
les filamens capillaires , blancs , un peu plus longs
que les pétales , & attachés à l’extérieur d’un
rebordqimdrangulaire élevé,au difque delà fleur,
portent de petites anthères jaunâtres ; 4°. un
ovaire inférieur, oblong , coloré, couronné par.
la fleur , & chargé d’un ftyle fimple qui s’élève
du milieu d’un difque quadrangulaire 8c concave,
8c fe terminé par un ftigmate fimple.
Le fruit eft une baie ovale-oblongue , d’un
rougevbrun ou noirâtre, terminée par le calice
durci & prefque connivent, ombiliquée , uniloculaire
, 8c monofperme. La femence eft groffe ,
ovoïde, jaunâtre , compofée de deux lobeslimieux
appliqués l’ un fur l’autre , de manière que la ligne
qui les divife eft arquée, en forme à 's .
O b fe rv . f u r le G iro flier & f u r les Clous de G ir o fle .
Le Giroflier croît naturellement dans les Molu-
ques ; nous en avons reçu des morceaux garnis dé
fleurs, rapportés par M. Sonnerat, 8c depuis,'
M. C é r e , que nous citons ci-deffous , a bien voulu
nous faire paffer des échantillons de fleiirs 8c de
fruits pris dans difFérens états , 8c des obfervâtions
détaillées fur ce qui concerne cet arbre intéref-
fànt. T? • ( v . f . )
Les fleurs du G iro flier font odorantes , ont
l ’ovaire & le calice d’un rouge de fang , mais '
leurs pétales nous ont paru blanchâtres , quoique
plufieurs Auteurs leur attribuent uné couleur bleue.
Un peu avant leur épanouiffement, ces' fleurs
ont prefqu’entiérement la forme d’un clou , leurs
pétales alors couchés les uns fur les autres fous la
forme d’un bouton globuleux , formant la tête
du clou , & l’ovaire faifant fa longueur 8c fa
pointe. C’eft dans c.et état, c’eft- à-dire dansl’Inf-
tant'leplus voifin de l’épanouiffement que l ’on
cueille les fleurs naiffantes renfermant les embryons
des fruits , qu’on les defsèclie, & qu’on
nous les envoie fous le nom de clous de G ir o fle .
Voici la defeription qu’on en donne.
Les çlous de G ir o fle font -des fruits defféchés
avant leur maturité , longs d’un demi-pouce , de
figure de clou , prefque quadr.angulaires , ridés,
d’un brun noirâtre, qui ont à leur fommetiquatre
petites pointes en forme d’étoile.f lé c a lic e ) , au
milieu defquelîes s’élève une petite têté. dé là
groffeur d’un pois/, formée de petites feuilles ( les4*
pétales ) appliquées les unes lur.les autres en manière
d’écailles , qui , -étant écartées 8ç entr ouvertes’
, laiffent voir plufieurs ^fibres rougeâtres
( les étamines ) , entre lefquellès il s’eFève dans ‘
une cavité quadrangulaire ■ un . ftyle droit , dé -
même couleur , qui rïeft pas. toujours gâriii dé fa
petite tête, parce qu’elle tombe, facilementlorf-
qu’on tranfporte les clous, de. G irofle -, ils font
âcres , chauds, aromatiques , un peu amers 8c
agréables -, leur odeur eft t r è s - p é n é t r a n t e .
Il fautehoifir lç s clous de G iro fle bien’nourris,.
pefans , gras , faciles, à caffer ., dhm rotige tanné
ou ,brun , garnis, s’il fé .peut , de leur bouton
qu’on nomme leu r f i t j l , d’ un goût chaud 8c aromatique
, brûlant prefque la gorge , d’une odeur
excellente , & laiflant échapper une humidité hui-
leufe lorfqu’on les preffe. On rejette au contraire,
les clous qui n’ont point ces qualités , qui font
maigres , mbllaffes, prefque fans goût 8c fans'
odeur.
Les fruits qu’on laiffe fur le G ir o flie r , ou qu-i
échappent à l’exaétitude deceux qui font la récolte
des clous de Girofle-, étant reftés à l ’arbre , continuent
de groflir p r e f q u e j u f q u ’ à la groffeur du
bouc du pouce' , & fe ïempliffent d’une gomme
dure 8c noire , qui eft d’une a g r é a b l e ’ odeur 8c
d’un goût fort aromatique -, on les nomme anto-
f le s j ou clous m a tr ic e s , ou m ir e d es f r u it s , ou
enfin la ie s d é Giroflier . Ces fruits tombent d eux-
mêmes Ranriée f u i v a n t e 5 leur vertu aromatique
eft plus foible que celle des clous; mais ils f o n t
eftimés, 8c fervent à la plantation1 ; car étant
f è r n ë s , ils germent , & dans l’efpace de cinq ou
fix ans, ils forment des arbres qui portent du
fruit.
Les Hollandois ont coutume de confire ces
fruits ou clous matrices avec du fucre, lorfqü’ils
font récens; &: dans les longs voyages fur mer ,
ils en mangent apr%' le repas pouf rendre la
digeftion meilleure , & pour prévenir le-fcorbut.'
On cueille les clous de Giro fle , lavoir les calices
des fleurs & les embryons des fruits j avant
que les fleurs s’épanouiffent, depuis le mois d*Oc-
tobre jufqu’au mois de Février; & on les cueille
en partie avec les mains , & on partie on les fait-
tomber avec de longs rofeaux ou avec des verges.
On les reçoit fur des linges que l’on étend fous
les arbres , ou on lés laiffe tomber fur la terre ,
dont on a coutume , dans le temps de cette récolte',
de couper toute l’herbe. Lorfqü’ils font
nouvellement cueillis, ils font roux & légèrement
nbirâtres ; mais ils deviennent noirs en fe féchant
& par la fumée; car on les expofe pendant quelques
jours à la fumée fur des claies , & enfin on
lés fait bien Lécher àii foleil ; & étant ainfi préparés,
le.s Hollandois les vendent par toute la
térrei
Toutes les Ifles Moluques produifoient autrefois
à u Jctôu. dë G ir o fle j mais ce n’eft préfentement
que des I f l è s d’Amboine & de Ternàte , que les
Hollandois tirentc e l u i qu’ ils apportent en Europe,
ou quTÏs distribuent dans les autres parties du
monde; Ils ont.fait arracher d a n s t o u t e s l e s autres
Moluques les arbres qui donnent cette épicerie >
a f i n de s’en affur'er la pôfféflion e x c l i i f i v e ; &pour
dédbmmagér le Roi de Ternate de la p e r l e du
1 produit dé fes G iro flier s 9 ils lui paient tous lés
ans e n v i r o n • 7 8 0 0 0 r i c f i e d a l e s en tribut on en
préfent ; ils fe lont en outre obliges par un traité
de prendre à 7 f. 6 den. la livre , tout le clou
que les habitans d’Amboine apportent dansTeifcs
m a g a f i n s .
La France à l’obligation à M. Poivre, ancien
Iatèndanrde l’Ifte de France ? & qui a voyagé aux
¥