
Les pétioles, les pédoncules & les calices font
cotonneux 8c rouffeâtres. Les épis font la plupart
(impies, axillaires & terminaux , fou tiennent des
fleurs mâles , légèrement pédiculées , & qui ont
chacune trente étamines ou davantage, dont les
filamens font libres. Cette efpèee a été oblèrvée
par M. de Commerfori au Port Praflin , dans la j
nouvelle Bretagne ; elle fe trouve vraifemblable-
ment aulTi dans'le Japon. J }. ( v. ƒ! ) Ses feuilles
fupérieures l'ont fouvent oppofées.
1 8 . C r o t o n à braâées , Croton bracteatum.
Croton foliis Juboppofitis ovatis acutis integris
fubtus tomentofis , racemis longis Iaxis bractei-
feris. N.
Ses rameaux font cylindriques , divifés, plu-
fieurs fois fourchus, cendrés, cotonneux & un
peu rouffeâtres vers leur fammet. Ses feuilles lont
oppofées ( au moins les fupérieures ) , pétiolées ,
ovales , pointues, entières , glabres en deffus,
cotonneufes erf deffous avec des nervures velues.
Les pétioles , les pédoncules , les calices & les
ovaires font pareillement cotonneux & velus. Les
grappes font (impies, longues de quatre à fix
pouces, lâches, & fituées dans les bifurcations
des rameaux fupérieurs: elles font munies de bractées
ligulaires ou oblongues-lancéolées , (effiles ,
caduques , & portent des fleurs pédiculées , rat
ifié e s deux à cinq enfemble comme par paquets
latéraux. Les fleurs femelles font affez grandes,
ont un calice de cinq folioles ovàles-oblongues ,
& un gros ovaire trigône chargé de trois ftyles
multifides & pénicilliformes. M. de Commerfon
a trouvé cette efpèee dans l’Ifle de Madagafcar.
T?. ( v . f ) Les feuilles ont en deffous à l’infertion
de leur pétiole , deux petites glandes élevées 8c
concaves.
19. C roton à quatre filets. Croton quadrijè-
tofum. Croton foliis fubcordatis , acuminatis ,
ferrulatis, afperis , tomentofis , fubtus bajî qua-
drifetofis\ N.
Ses rameaux font ligneux , cotonneux vers leur
fommet, avec des poils féparés qui les rendent
légèrement hifpides. Ses feuilles font pétiolées,
fin peu en coeur, ovales-pointues , finement dentelées,
d’un verd blanchâtre en deffus avec quantité
de points lanugineux qui les rendent un peu
rudes au toucher , & abondamment lanugineules
en deffous , où elles font remarquables par quatre
filets affez longs, terminés chacun par une glande
tronquée & concave. Çes filets font places au bas
de la feuille , à l’extrémité de fon pétiole ; dans
les feuilles naiffantes, ils font encore fort courts ,
mais par la fuite ils acquièrent au moins trois
lignes de longueur. Les feuilles dont il s’agit font
conformées à peu près comme celles du Croton
de Bourbon n°. 12 ; mais elles font plus rudes &
plus lanugineufes. Les fleurs viennent fur des
grappes cotonneufes , prefque terminales, & longues
de fix pouces ou davantage. Les mâles ont
11 p pâlies cotonneux de cinq folioles 3 cinq pétales
aufli cotonneux .en dehors , & plus de vingt étamines
très-libres , dont les filamens font barbiis
a leur bafe. Ce Croton paroît former au moins
un arbriffeau ; il croît au Pérou, & fe trouve dans
l’Herbier de M. Dombey, qui en a fait la découverte.
. ( v. f . )
20. C roton comprimé, Croton compreffum.
Croton foliis lanceolàtis integris fubtus tomento-
tofis, petiolis fubdecurrentibus , ramulis comb
predis. N.
Cette efpèee reffemble un peu par fon feuillage
à la Mélongène du Pérou ( Solanum laurifolium.
H. R. ) j fes rameaux font durs , comme ligneux ,
comprimés, anguleux , & un peu cotonneux ou
comme farineux vers leur fommet. Ses feuilles
font alternes , pétiolées , lancéolées, entières,
lauriformes , molles, prefque glabres en deffus
avec des points imperceptibles, cotonneufes &
d’un blanc grisâtre en deffous. Leurs pétioles forment
des làillies courantes affez remarquables.
Les fleurs naiffent fur des épis médiocres, coton?*
neux, fîtués à l’extrémité des rameaux ou dans
leurs bifurcations. Les capfules font un peu cotonneulès.
Cette plante a été trouvée dans le Bréfil
par M. de Commerfon. ( v . f )
21. C r o t o n cathartique , Croton tiglium. Lin.
Croton foliis ovatis glabris acuminatis ferratis ,
caule arboreo. Lin.
Ricindides Indien , folio lucido, fru3 u glabro
■ grana tiglia officinis dicta. Burm. Zeyl. 2C0. t. 90.
P inus Indien, nucleo purgante. Bauh. Pin. 492.
Lignùm Moluccenfè , foliis mnlvoe , fruftu avel-
lanoe minore , cor-tice molliore & nigricnnte , pavana
incolis. Bauh. Pin. 393. Lignum Moluccerife,
pavana dictum , friictu àvellanæ. J. B. I. p. 342/»
Granum Moluccanum. Rumph. Amb. 4* P* 9^*
t. 42. Cadel-avenacu. Rheed. Mal. 2. p. 61. t. yy.
Raj. Hift. 167.1803. 1830. 1855. Suppl. I l 2. 666. Vulgairement Grains de Tilly ou des Molu~
ques, Pignons d'Inde.
Ce Croton eft renommé depuis long-temps pour
fes propriétés médicinales : c’eft un arbriffeau médiocre
, dont le tronc un peu grêle, (è divife en
quelques rameaux glabtes & feuillés dans leur
partie fupérieure. Ses feuilles (ont alternes, pétio-
lées, ovales, pointues , verdâtres , glabres, &
dentées légèrement. Les fleurs font blanchâtres ou
jaunâtres , viennent en épi à l ’extrémité des rameaux
& dans-leurs bifurcations. Les-mâles occupent
la partie fupérieure de l’épi : elles ont un
calice à cinq divifions , cinq p é t a le s 8c environ
lèize étamines. Les fleurs femelles , fituées au-
deffous des mâles, ont un petit calice em étoile.,
& un ovaireoblong , ovoïde , trigône-, furmonté
de trois ftyles bifides. Les fruits font glahres-,
prefque de la groffeur d’une noifetee , ovoïdes \
trigônes-, marqués de trois filions , & diviljes e$
trois loges qui contiennent chacune une fémenee
ovale-oblongue , un peu- luifante , applatie d’un
c ô té , 8c convexe de l’autre, Chaque femence
contient
contient fous une coque mince , brune ou rouf-
feâtre, une amande blanche, huileufe, d’une
faveur très-âcre, brûlante , & quicauiè desnau-
fées. Cette plante croît dans les Indes orientales >
on la cultive au Malabar , à Ceylan , dans l ’Inde ,
dans les Moluques., &c. pour fes propriétés. T? .
( v .f. in h. Jujf. ) Ses feuilles naiffantes (ont chargées
de - poils en étoile , qui les font paroitre
ponéluées.
Le bois 8c les graines de cette plante font
d’ufage en médecine : le bois, qui s’appelle Panava
ou Pavana , eft fpongieux , léger, pâlç* couvert
d’une écorce mince, cendrée, d’un goût acre ,
mordant 8c cauftique, d’une odeur qui caufe des
naufées. Lorfqu’il eft récent & encore verd , il
purge les humeurs féreules par le vomiffement 8c
par les felles, 8c d’une' maniéré qui (urpaffe la
Coloquinte même, laiffant dans l’anus une inflammation
, à caufe de fa grande âcreté 3 mais lorfqu’il
eft fec , il purge plus doucement 3 & fi on
le donne en petite dofe, il excite la fueur. On le
recommande comme un fpécifique dans l ’hydro-
pifie , la leucophlegmatie , & dans plufieurs maladies
chroniques. Les graines font aufli très-purgatives
8c même vomitives : elles caufent l ’inflammation
de la gorge, du palais, 8c quelquefois
de l ’anus , à caufe de leur très-grande acrimonie 3
c’eft pour cette raifon qu’on les donne le plus
fouvent fous la forme de pilules.On les corrige très-
bien avec la régliffe , des amandes douces, du
fuç-de limon , des bouillons gras, 8c toutes les
autres chofes qui peuvent émoiiffer leur acrimonie.
On tire par expreflion de ces graines , une
huile qui purge plus violemment que celle que
l ’on exprime du Ricin ordinaire 3 mais on en fait
plus fouvent ufage à l’extérieur , l’employant en
Uniment fur le nombril , pour rendre le ventre
libre.
22. C roton porte-fuif, Croton febiferum. Lin.
Croton foliis rkombeo-ovatis acuminatis integer-
rimis glabris. Lin. Osb. It. 245*
Ricinüs Chinenfis febifera , populi nigrcc folio.
Petiv. Gaz. 53. t. 34. f. 3. Evonimo ajfinis fina-
rum, populi nigrce folio tricapfularis, granis ni gris
candidijfima fubfiantïa obductfs. Pluk. Amalth.
76. t. 390. f. 2. & arbor finenfis febifera , Kieu-
yèu P. Martini f . arbor febacea , P. le Compte.
Pluk. Amalth. 25. Vulgairement V Arbre à J u if,
VU-kieu-mu des Chinois. Hift. des Voyages, vol. 6.
p. 464.
C’eft un arbre qui reffemble tellement au Peuplier
noir par fon feuillage, qu’on s’y tromperoit
facilement fi fes feuilles étoient dentées. Il s’élève
à la hauteur de nos Poiriers , & reffemble à nos
Cërifiers par le tronc 8c les branches. Son écorce
eft d’un gris blanchâtre, douce au toucher. Ses
rameaux (ont longs , flexibles, glabres 8c garnis
dé feuilles depuis leur milieu jufqu’à leur extrémité
, où elles forment une efpcee de touffe ,
quoiqu’elles y foient plus petites qu’ailleurs, &
Botaniquet Tome IL
qu'elles (e replient en dedans par les bords jufqu’à
paroître creufes. Ces feuilles (ont éparfes, nom-
breufes , ovales-rhomboïdales , plus larges que
longues, acuminées , trèsrentières , vertes 8c glabres
des deux côtés , munies à leur bafe de deux
glandes feffiles fort petites , 8c portées fur d’affez
longs pétioles : elles tombent à l’approche de l’hiver
, 8c deviennent rouges avant leur chûte. A la
bafe des pétioles des jeunes feuilles , on remarque
deux ftipules membraneufes, linéàires-lancéolées.
Les fleurs naiffent au lommet des rame au x, fur
des épis droits , longs de deux pouces , très-garn
is , & qui reffemblent à des chatons. Ces é p is ,
dans les trois quarts fupérieurs de leur longueur ,
font chargés d’un nombre confidérable de fleurs
mâles extrêmement p e t ite s , pédiculées , compo-
fées chacune d’ un calice fort co u r t, monophylle,
prefque tronqué ou très-peu divifé , & de t ro is ,
quatre 8c quelquefois cinq étamines fort peu fail-
lantes hors du calice. Les fleurs femelles viennent
en petit nombre à la bafe de chaque épi : elles
produifent des capfules glabres , du res, brunes,
ovales-pointues , à trois côtés arrondis , divilces
intérieurement en trois loges bivalves. Chaque
loge contient une graine prefque hémifphérique ,
applatie d’un côté avec un (illon , convexe ou
arrondie de l ’au tre , 8c couverte d’ une fubftance
fébacée un peu ferme & très-blanche. Ces graines
attachées par leur partie fupérieure interne,
à trois filets ( ou placentas ) qui traverfent le
fruit , y reftent fufpendues après la chûte des fix
valves de la capfule | de (orte que l’arbre paroîe
alors couvert de petites grappes très-blanches ,
qui lui donnent un a(peâ affez agréable. C e t arbre
croît naturellement ù la Chine fur les bords des
ruiffeaux 3 oh en cultivé d é jeunes pieds au Jardin
du Roi. MM. Sonnerat 8c de Commerfon en ont
rapporté des branches chargées de fleurs & de
f ru it s , que nous avons examinées. 5 • ( v. f . ) Les
rapports de ce t arbre avec les Tragia nous paroif*.
fent- confidérables.
L’ arbre à fu if fournit aux Chinois la matière
de leurs chandelles 3 ils tirent en outre de fes
graines beaucoup d ’huile pour les lampes. La méthode
ordinaire pour (éparer le fu if du f ru it , eft
de broyer enfemble la coque 8c les graines ■ en-
fuite on les fait bouillir dans l’eau , on écume la
graiffe ou l ’h u ile , à mefure qu’elle s’élève ; &
lorfqu’elle fe re fro id it, elle fe condenfe d’elle-
même comme le fuif. Sur dix livres de cette graiffe ,
on en met quelquefois trois d’ huile de lin , avec,
un peu de c i r e , pour lui donner de la confiftance.
Les chandelles qu’on en fait font d’une blancheur
extrême 3 mais l’on en fait aufli de rouges en y
mêlant du vermillon. On prétend qu’on trempe
ces chandelles dans une forte de cire qui vient
aufli d’un arbre 3 ce qui forme autour du fuif une
efpèee de croûte qui l’empêche de couler.
A 1^ fin de la faifon , les feuilles de l’arbre à
fil i f font d’ un rouge v i f 3 &: comme dans ce temps
v D d