fes couleurs fouvent admirables par leur vivacité
a aufli lieu pour la corolle de la plupart des fleurs,
& précifément par la même caufe. Cette partie ,
dont Futilité ne dure qu’un inftant , qui eft celui
où elle favorife le développement des organes précieux
qu’elle renferme •, cette partie , dis-je , n’eft
point ouverte alors ; 8c comme fa prélênce eft
jnéceflàire dans ce moment, la nature lui fournit
des fucs a fiez abondans pour la conferver 8c la
faire développer proportionnellement à Paccroif-
fement des organes qu’elle enveloppe > ce qui fait
que fa couleur eft encore verte comme celle de
la plante même. Mais bientôt le fervice qu’elle
rendoit devient inutile , il pourroît même être nuisible
, s’il étoit prolongé -, alors la nature l’abandonne
, & tend à s’en débarrafler ; les fibres de
cette corolle fe roidiflent, 8c acquièrent une élaf-
ticité qui la force de s’ouvrir -, les vaiffeaux s’obf-
truent à fa bafe -, les lues s’altèrent par l’inaôion,
par le défaut de réparation aux pertes occafion-
nées par l’effet même de la vie : la matière colorante
fubit divers changement modifiés félon la
nature des principes de la plante , 8c on dit alors
que la plante s’épanouit.
Cet inftant peut bien être celui où les organes
eflentiels de cette fleur ont acquis le degré de
vigueur 8c de perfeétion néceflaire pour remplir
leur fonction -, mais la corolle, qui efface alors tout
ce que la peinture a jamais étalé de plus brillant
à nos regards, ne doit point être regardée pour
cela comme dans un état deperfe&ion réelle -, c ’eft
au contraire une partie fouft’rante, dans un état
de dépériflement, une partie qui languit, fe deffé-
che 8c approche de fa deftruétion.
La corolle eft en général, de toutes les parties
Végétales ,. celle qui fournit les cara&ères les plus
sûrs , les plus aifés à obferver, & les plus favorables
pour diftinguer les plantes. Aufii , Tournefort
ayant fu employer la confidération de cette partie
dans la compofition de fa méthode, lui a-t-il
donné un avantage généralement reconnu fur toutes
celles qui exiftoient auparavant ; avantage qu’elle
auroit même conlervé fur les fyftêmes & les méthodes
imaginées par la fuite , fi on l’eût Amplifiée
8c corrigée daus les parties défe&ueufes.
On confidère dans la'corollè fa forme , fa régularité
, fes divifions , le nombre de fes pièces ,
le lieu de fon infertion , & enfin fa couleur.
On défigne ordinairement fous le nom de pétale
(petalum ) , les pièces rout-à-fait diftin&es
dont eft compofée la corolle d’un grand nombre
de fleurs : ainfi une corolle formée de quatre
pièces, comme celte des Crucifères, des Pavots,
des Câpriers, & c . eft dite à quatre pétales ; par
où l’on voit que le mot pétale peut exprimer même
la corolle entière, lorfqu’elle eft d’une feule pi£ce;
c’eft pourquoi l’on nomme :
Monopétale ( monopetala ) toute corolle qui
eft formée d’une pièce ’unique j c’eft-à*dire dont
les divifions, fi elle en a , ne font point proion- 1
gées jufqu’à fa bafe , de manière qu’on peut l’enlever
en entier du lieu de fon infertion : telle eft
celle du Liferon , de la Campanule , 8c de toutes
les plantes à fleurs labiées & perfonnées.
Polypétale ( polypetala ) , toute corolle qui eft
compolëe de plufieurs pièces, c’eft-à-dire dont
les divifions font prolongées jufqu’à là baie , au
point que l ’on peut les détacher les unes après les
autres du lieu de leur infertion , fans déchirer la
corolle. Les Rôles, les OEillets , les Pivoines y les
Giroflées , & c . ont leur corolle polypétale.
On appelle régulière ( regularis , oe quali s ) ,
toute corolle , foit monopétale, foit polypétale ,
dont les divifions font uniformes , femblables en-
tr’elles , 8c préfentent un enfembie très-lymmé-
trique , comme dans le Cifte , le Fraifier , la
Bourrache -, 8c on nomme irrégulière ( irregula-
ris , incequalis ) , toute corolle', foit monopétale,
foit polypétale, dont les divifions ou les pièces
diffèrent les unes des autres, 8c ne préfentent
qu’un enfemble irrégulier, comme la corolle de
la Violette , du Haricot , du Lamion , du Bafi-
lic , & c .
On a donne le nom de limbe (Jimbus ) , au bord
fupérieur de la corolle ou des pétales : le limbe
eft prefqu’entier dans la corolle du Liferon , & il
eft denté ou déchiré dans celle de l’OEillet.
Onglet ( unguis ) , eft le nom que porte la
partie qui termine inférieurement chaque pièce
d’une corolle polypétale : les onglets font fort
longs dans les OEillets, les Silenes , les Cucubales,
& c . 8c fort courts dans les Renoncules, les Pavots
, les Pivoines , 8cc.
Lame ( lamina), eft le nom de l’épanouiflê-
! ment ou de la partie fupérieure de chaque pétale :
la lame des pétales eft fendue en deux dans la :
Morgeline, le Cucubale-, elle eft dentée dans.
l’OEillet, 8c obtufe dans 1 ' Agroflema..
On nomme évafement ou orifice (faux ) , l’entrée
, l’ouverture ou la gorge de la corolle ; il
eft étroit & très-reflerré dans l’Àndroface , le
Grémil, 8c libre ou très ouvert dans la Pulmonaire
, le Liferon, 8cc. •
La corolle monopétale régulière confidérée relativement
à fa forme , fe nomme :
Campanulée ( campanulata ) , lorfqu’elle ref-
femble à une cloche , comme celle du Liferon ,
de la Campanule , de la Belladone.
Infundibuliforme ( infundibuliformis ) , lorfqu’elle
reflemble à un entonnoir , c’eft-à-dire ,
lorfqu’elle eft conique à fa partie fupérieure , &
terminée inférieurement par un tube , comme dans.
- les Nidages, les Primevères , les Buglofes , &c.
Tubulée ( tubulata ) , lorfqu’elle eft formée par
un tuyau un peu alongé qu’on nomme tube, .
comme toutes les infundibuliformes , lè Trache,-
lium , le Gentiana Centaurium minus.
Hypocratériforme ( Hypocrateriformis ) > dorf- .
qu’elle reflemble à la Soucoupe des Anciens, c ’eft-
à-dire qu’elle s’évafe fupérieurement en manière
de foucoupe ordinaire, & qu’elle fe termine par
un tube , comme dans l’Androface , VHottorua >
le Samolus.
En roue ( rotatâ) , lorfqu’elle reflemble à une
roue ou à une molette d’éperon, c’eft-à-dire qu’elle
eft applatie fupérieurement, & n’a point de tube
bienfenfible , comme dans la Bourrache , le Mouron
, la Lifimachie, les Mollènes. <
La corolle monopétale irrégulière confidérée
relativement à fa forme , fe nomme :
En mafque ou labiée ( ringens , labiata ) , lorf-
que fon limbe forme deux lèvres , l’une fupérieure
& l’autre inférieure. La Méliffe , la Pédiculaire ,
le Lamium ont leur corolle labiée. La lèvre fupérieure
imite fouvent un cafque , 8c porte alors le
nom de Galea.
A éperon (calcarata)} lorfqu’elle porte à fa
•bafe un prolongement en manière de corneque
l’on nomme éperon, comme dans l’Utriculaire ,
la Graffette ; plufieurs Mufliers , & c.
On dit d’une corolle polypétale régulière,
qu’elle eft :
Cruciforme ( cruciformis ) , lorfqu’elle eft
compofée de quatre pétales difpofés en croix, &
que de plus fes étamines font au nombre de fix.
On appelle plantes crucifères ( voye[ ce mot ) ,
celles dans lefquelles la corolle eft cruciforme.
Rofacée ( rofacea ) , lorfqu’elle eft compofée de
plufieurs pétales égaux difpofés en rofe, comme
dans les Gifles, les Millepertuis , les Fraifiers ,
les Pruniers , &c.
Si l’on confidère le nombre des pétales dont la
corolle eft compofée , on dit qu’elle eft :
A deux pétales ( dipetala ) , comme dans la
Circée -, à trois pétales ( tripetala ) , dans les Flûteaux
, les Fléchi ères ; à quatre pétales ( tetrape-
tala ) , les Chclidoines, les Pavots , les Crucifères
•, à cinq pétales ( pentapetala ) , les Ombel-
lifères , les Géranions ; à fix pétales ( hexapetala) ,
le Ly s , la Tulipe , les Vinetiers, &c.
Quant à la corolle polypétale irrégulière , on la
nomme papilionnacée (papilionnacea) , lorfqu’elle
eft compofée de quatre ou cinq pétales dont la
forme & la difpofuion la rendent à-peu-près fem-
blable à celle du pois commun; comme celles
des GeflTes , des Bugranes , des Cytifes, & c . 8c
alors on nomme :
Etendart ( vexillum ) le pétale fupérieur qui eft
plié en dos d’âne, ou quelquefois tout-à-fait relevé
& étendu ; carène ( carina..) le pétale inférieur
qui repréfente l’avant d’une nacelle , & qui renferme
prefque toujours les étamines & le piftil ;
la carène eft: quelquefois compofée de deux pièces :
les ailes ( aloe ) , les deux pétales latéraux dont
la bafe eft un onglet, & qui portent ordinairement
d’un côté près de leur bafe , un oreillette
vqui les fait paroitre bifides inférieurement. Voyez
le mot Papilionnacée.
La corolle fait fon infertion de trois manières ;
elle s’insère fur l’ovaire , & alors on la nomme
fupérîeune ( corolla fupera ) , comme dans les
Rubiacées , les Chèvrefeuilles f les Myrtes, les
Ombelliféres , les Compofées. Elle- s’insère fous
l’ovaire, 8c alors on la nomme inférieure ( corolla
inféra ) , comme dans les Ciftes , les Crucifères ,
les Lifimachies, les Perfonnées , 8cc. Elle s’insère
fur le calice , & dans ce cas elle eft prefque toujours
polypétalç , comme dans les Rofiers , les
Potentilles, les Poiriers , les Salicaires, &c.
CORONILLE, Co r o n n z a genre déplanté
à fleurs polypétalées , de la famille des Légumi-
neufes, qui a des rapports avec les Ornithôpes 8c
• les Sainfoins , 8c qui comprend des herbes & de
petits arbrifleaux dont les feuilles font alternes ,
ordinairement ailées avec impaire, & dont les
fleurs le plus fouvent dilpofées en ombelle fimple
ou en manière de couronne , produifent desgoufles
articulées.
C A R A C T E R E GÉNÉRIQUE.
La fleur a 1°. un calice monophylle , fort
court , campanule , prefque tronqué , & dont le
bord eft à cinq dents, dont deux fiipérieures rapprochées
, & trois inférieures plus petites ; 0.°. une
corolle papilionnacée, compofée d’un étendart
prefqu’en coeur , relevé , à onglet un peu Taillant
hors du calice , de deux aîles rapprochées , obtu-
fes, plus longues que la carène , s’ouvrant en
deffus , & d’une carène montante & pointue ;
3°. dix étamines diadelphiques , montantes , à
filamens un peu élargis a leur fommet, & à anthères
petites & fimples y 4°* un ovaire fupérieur ,
cylindrique , terminé par un ftyle fetacé „ montant
, à ftigmate petit 8c obtus.
Le fruit eft une gouffe alongée , grêle , ordinairement
cylindrique , articulée , partagée par des
cloifons tranfverfales, & qui contient une femence
; oblongue dans chaque articulation.
E S P E C E S.
I. C oronille des jardins , Coronilla emeryis•
Lin. Coronilla fruticofa , pedunculis fubtrifloris ,
corollarant unguibus calyce triplo longioribus ;
caüle angulato. Lin.
Emerus cafalpini. Tournef. 650. Colutea f l i -
quofa f feorpioides major. Bauh. Pin. 397* Colutea
feorpioides I. elatior. Cluf. Hift. 97. Colutea fcor-
pioïdes. Cam. epit. 541, ^-aj* Hift. 9i 3* Emerus.
Duham. Arb. 1. a i 5. t. 90. Mill. Di<&. n°. 1. &
le. t. 132. f. I . Coronilla. Hall. Helv. n°. 389,
, Vulgairement le Séné bâtard , le Steuridaca des
Jardiniers.
jS. Emerus minor• Tournef. 650. Mill. Diét.
n°. i . 8c le . t. 13a. f. a. Colutea feorpioides. 1.
humilior. Cluf. Hift. 97«
C’eft un petit arbrifleau fort jo l i , très-rameux ,
diffus , en buiflon , garni de beaucoup de feuilles
d’un beau verd , & qui s’élève à la hauteur de trois
à cinq pieds , fur des tiges foibles ou imparfaite-
J