être naturel quelconque , qu’en montrant d’une
part tous fes rapports avec ceux qui lui refFem-
blent le plus à tous égards, 8c de l’autre fa fitua-
tion la plus convenable dans la férié graduée des
êtres du même régné ; afin que l’on puifle , comme
d’une feule idée , le comparer aux autres êtres de
cette férié ., & juger de çe qu’il eft lui-même , au
moins à leur égard.
Dans les ouvrages publiés jufqu’ à ce jour dans
la vue de faire connoître les rapports des plantes,
on trouye au commencement de la férié qu’ ils
offrent, des plantes dont les parties de la fructification
font ou indiftinétes ou fenfées incom-
plettes fous certaines confédérations -, & à la fin de
la même férié, on y en rencontre qui font
encore à peu près dans le même cas , relativement
aux mêmes égards. Il y a cependant apparence
que fi l’on a voit fuivi une gradation fondée
fur la çonfidération du nombre 8c de la perfection
ou du*complément des organes, on auroit
vu aux deux extrémités de la férié totale , les
plantes les plus diflemblables dans ce qu’on peut
appeller la perfeétion des organes.
Nous n’ignorons pas néanmoins que nous Pommes
encore fort éloignés de connoître dans fon
entier le véritable ordre de gradation dont nous
fentons l’importance ; mais notre diftribution préfente
dans fon enfemble une ébauche de l ’ordre
dont il s’agit -, 8c fi dans chacune des claffes que
nous allons expofer , l’ordre des familles qu’elles
comprennent paroît encore trop fouvent arbitraire
, la difpolition générale des Claffes même ,
nous femble au moins à l’abri de ce reproche.
Enfin le réfuitat de toutes nos recherches depuis
nombre d’années, pour établir dans la férié
des végétaux les divifions générales les plus naturelles
, les plus fimples , & les plus faciles à connoître
, nous a déterminé à nous arrêter aux fix
coupes mentionnées ci-deffous. Ces coupes confi-
tituent les Claffes auxquelles nous rapportons dans
cet Ouvrage tous les genres de plante dont nous
traitons. Elles forment les points de repos les plus
commodes 8c les plus faciles à faifir dans la contemplation
de l’immenfe quantité de végétaux
qui exiftent, & rappellent les principaux points
de vue de la méthode de Tournefort, fans avoir
les inconvéniens de la multiplicité de fes divifions.
C L A S SrE. I. Les Folypétalées,
Cette Claffe renferme les plantes dont les fleurs
naturellement hermaphrodites, ont une corolle
polypétale.
Elle offre une coupe très - confidérable , qui
paroît indiquée par la nature même , dont le ca-
raâère eft facile à faifir 8c ne varie point, & qui
comprend les végétaux les plus parfaits , relative-?
ment au nombre & au complément des organes.
En effet, ç’eft -à cette Claffe que le rapportent
Jes plantes dont la fruélification a le plus de partîes,
la plupart d’entr’elles ayant outre un calice
& une corolle de plufieurs pièc'es, un très-grand
nombre d’etamines, & fouvent des ovaires nombreux.
On pourroit regarder cette Claffe comme
le maximum de l’organifation végétale , & con«
fidérer notre, fixième & dernière Claffe comme
n’en étant que le minimum. Ce qu’il y a de remarquable
, c ’eft que c’eft prefque uniquement dans
cette même Claffe que fe trouvent toutes les plantes
fufceptibles d’une irritabilité notable, telles
que les Mimofa pudicay 8cc. YHedyfarum gyrans ,
VOx-alis fenjitiva, le Dioncea mufcipula , &c.
comme fi le principe de la vie fe rendoit plus ma-
nifefte dans ces végétaux , & les rapproéhoit
en quelque forte des autres êtres organiques , en
qui l’irritabilité fe trouve jointe à une qualité
plus parfaite, qu’on nomme fenfibilité.
Nous divifons cette Claffe en trois feâions
conformes aux principes établis par M. de Juflieu,
favoir en Thalamiflores , qui réunifient les plantes
dont les étamines font attachées au réceptacle du
piftil ; en Caliciflores qui comprennent celles dont
les étamines tiennenr-au calice ; & en Frucli-
flores , où fié rapportent celles qui ont les étamU
nés attachées liir le piftil.
C L A S S E I I . Les Monopétalées
Nous comprenons dans cette Claffe tous lefc
végétaux dont les fleurs naturellement hermaphrodites
8c complettes , ont une corolle monopétale.
'
Cecte coupe, tout aufli naturelle 8c aufli facile
à reconnoître que la précédente , eft un peu
moins grande qu’elle , quoiqu’elle foit fort confidérable.
Ce qui femble enfuite indiquer moins de
perfeâion dans les organes eflentiels des plantes
de cette divifion, c ’eft qu’il eft ici très-rare de
trouver des étamines & des ovaires en nombre
indéfini dans la même fleur, comme on l’obferve
dans un grand nombre de plantes de la divifion
des Polypétalées ; c’eft un phénomène de trouver
une fleur monopétale qui ait plus de dix étamines
, & même les trois quarts des plantes de cette
Claffe, n’en ont pas plus de cinq. Prefque toujours
ici les étamines tiennent à la corolle, au
lieu que dans la Claffe çi-deffiis, il eft fort rare
d’obferver ce caraâère ; c’eft pourquoi dans la
Claffe dont il s’a g it, c’eft l’infertion de la corolle
qui fert à déterminer les Seâions ; M. de Jufiieula
nomme infertion médiate. Nous joignons à cette
çonfidération çelle de la préfence ou de l’abfience
dii péricarpe.
Âinfi nous partagerons les Monopétalées, en
quatre Seâions, favoir en Fructifions , ou celles
qui ont la corolle attachée fur le piftil ; en Çali-
ciflores , ou celles dont la corolle tient au calice ;
en Thalamiflores angiofpermes , ou celles qui ont
la corolle attachée au réceptacle du piftil , &
les graines dans un péricarpe -, 8c en Thalamiflores
gymnofpertîies , ou celles qui ont au fil la
corolle attachée au réceptacle du piftil, mais dont
les graines font nues.
C L A S S E I I I . Les Compofée$\
Cette divifion très-remarquable des végétaux,
comprend ceux dont les fleurs font ramafl’ées plufieurs
enfemble dans un calice commun , 8c ont
leur corolle portée fur le piftil , qui fe change en
une femence dépourvue de péricarpe.
La diminution dans le nombre ou la perfeâion
des organes eflentiels, eft ici bien plus marquée
que dans la Claffe précédente -, les fleurs y font
prefique toutes dépourvues de calice propre ; leur
fruit eft une graine folitaire 8c entièrement nue -,
fouvent plufieurs d’entr’elles avortent ou font
conftamment ftériles ; enfin la nature femble avoir
cherché à obvier au peu de perfeétion de ces patries
eflentielles , en les multipliant 8c les ramaf-
fant fur un réceptacle commun, 8c les ^environnant
d’une enveloppe qui fes garantit contre ce
. qui peut les endommager. Ces amas de petites
fleurs font tels , qu’on les prend vulgairement
pour autant de fleurs particulières.
Nous partagerons cette Claffe en trois Seétions
très-naturelles 8c bien détachées l’une de l’ autre ;
favoir , i° . en Compofées dijlincles, c’eft-à-dire
celles dont les fleurs ont les étamines entièrement
libres’ ■, 2°. en Syngenefiques tubulcufes , ou celles
dont les étamines font réunies par les anthères ,
8c qui ont des fleurons avec ou fans demi-fleurons
à la circonfée^Ee -, 30. en Syngenefiques ligulai-
res , ou celles dont les étamines font réunies par
les anthères , & qui n’ont conftamment que des
demi-fleurons.
C L A S S E IV. Les incomplettes.
Les fleurs des plantes de cette divifion ont conftamment
quelques parties de moins que les fleurs
jjarfaites ( voye[ F leur. ) Prefique toutes n’ont
point de corolle, mais feulement un calice ou des
écailles ; on les nomme fleurs apétales. Il s’en
trouye quelquefois qui font munies d’une véritable
corolle -, mais ces fleurs font afîujetties confe
tamment à des féparations de fexe qui conftituent
leur forte d’imperfeâion. Les féparations fexuelles
dont il s’agit, ne feint point des avortemens de
parties ou des herxnaphrodites ftériles, comme
dans les plantes de la Polygamie de Linné -, mais
elles font décifivës par le défaut complet de l’un
des fiexes dans toutes les fleurs, comme dans la
plupart des plantes monoïques & dioïques du
même Botanifte. Il eft remarquable que le plus
grand nombre des plantes de cette Claffe ne porte
que de très-petites fleurs, qui font la plupart
d’une coulèur herbacée 8c fans éclat, 8c dont
on a fouvent beaucoup de peine à examiner les
parties.
Nous divifions cette Claffe en quatre Sections,
relativement à la confédération foit de l’infertion
des étamines , foit de leur féparation des piftils 5
favoir , en Thalamiflores ou à étamines attachées
au réceptacle du piftil -, en Caliciflores ou à étamines
attachées au calice ; en Diclyncs ou à étamines
féparées du piftil dans des fleurs differentes ; en
Gynandres ou à étamines attachées fur le piftil
même.
C L A S S E V . Les Unilobées.
Nous comprenons dans cette Claffe toutes les
plantes dont l’embryon de la femence n’a qu’un
leul lobe ou cotylédon.
Cette Claffe , qui eft très-naturelle , & qu’on
ne fera jamais tenté de dilacérer, félon nous,
dans toute diftribution où l’on aura le moindre
égafd aux rapports des plantes, avoit déjà été
indiquée par M. Adrien Van-Royen; mais c’eft
à M. de Juffieu que nous devons la connoiflance
du véritable lieu qu’elle doit occuper dans la férié
des végétaux, devant être placée immédiatement
à côte des Cryptogames , comme le prouvent les
rapports des Palmiers avec les Fougères.
Il nous femble que le caractère des unilobées
préfente un nouveau genre d’imperfeâion , puifi-
que dans les Claffes précédentes l’embryon de la
femence a ( au moins ) deux lobes ou cotylédons
vdiftinâs. Aufli. M. de Juffieu comparant laconfi-
dération des lobes ou cotylédons de la femence
dans les végétaux, à celle des véntricules du coeur
dans les animaux ( A â . Acad. 1774, p. 185. ) ,
donne-t-il lieu de remarquer que les animaux les
plus parfaits ayant, comme on fait, un coeur
à deux ventricules, font en quelque forte comparables
aux plantes les plus parfaites , qui ont
une femence à dèux cotylédons -, 8c que confé-
quemment les unilobées dans les végétaux & fes
animaux dont le coeur n’a qu’un feul ventricule
peuvent être confédérés chacun dans leur régné
comme des êtres à organifation moins parfaite ou
moins complette, que les premiers dont nous venons
de parler. D ’ailleurs, prefque toutes les
plante s unilobées portent des fleurs dépourvues
de calice , ou , fi l’on veut, des fleurs qui n’ont
point de corolle , mais un calice coloré qui en a
l’afpeâ.
Nous divifons cette Claffe en deux Seâions-,
j' favoir 1°. les Fructiflores, ou celles dont les fleurs
feint portées fur le piftil , c’eft-à-dire ont l’ovaire
inferieur-, 2°. les Thalamiflores , qui font celles
dont les fleurs ont l’ovaire fupérieur , c’ eft-à-dire
contiennent le piftil.
C L A S S E V I . Les Cryptogames.
Cette fixième & dernière Claffe comprend les
plantes dont les fleurs font tout-à-faitindiftinâes ,
c’eft-â-dire n’ont point de piftil ni d’étamine conformés
comme dans les cinq Claffes qui précèdent.