
dans la détermination de leurs nouveaux genres ,
ou dans celle des nouvelles elpèces qu’ils ont
publiés.
En effet , on ne peut voir fans étonnement M,
Jacquin propofer pour une efpèce de Chiococca ,
un véritable Cejirum , une plante qu’ il l’avoit lui-
même avoir l’ovaire fupérieur , & qui confequem-
ment ne pouvoir être ni du genre du Chiococca ,
ni même de la famille dont ce genre fait partie.
M. T h u n b e rg , dans fa F lo r e du J a p o n , donne
pour une nouvelle efpèce de L ycium , une plante
qui r ’ eft pas même de la famille qui comprend
ce genre , mais une véritable Rubiacée ; il décrit
encore dans le même ouvrage un arbriffeau qu’il
donne peur un Cornouiller , quoiqu’ il a it l’ovaire
fupérieur Linnc fils , dans fon Supplément, cite
pour fynonyme du Chiococca racemoja le Panda-
caqui de M. Sonnerat, qui eft une véritable Apo-
cinée. Linné père lui-même confond dans fes O rd i-
nes na tu raies , fous le nom de Confortes , plufieurs
genres de la famille des Rubiacées ,• tels que le
Gardénia & le Genipa , avec la plupart des genres
qui compofent la famille des Apccins. Enfin, l’attention
que,les Botaiiiftes modernes donnent aux
rapports naturels des plantes, eft fi légère , que
récemment M, Pallas a publié comme un nouveau
C y t ife ,- une plante.qui, quoique de la tamiiledes
Légumineufès , n’eft nullement de la feâion naturelle
qui comprend les Cytifes , mais appartient
•aux P h a c a , ou plutôt aux Colutea de Linné. .Nous
ne finirions pas , fi nous voulions citer les fautes
effentielles que les Botaniftes modernes commettent
tous les jours contre lés rapports naturels des
plantes, par l ’habitude que leur a donné le fyf-
tême fexu el, de voir & de former continuellement
des aiTociations difparates.
T o u t Auteur affurément eft expofé à fe tromper
en écrivant j tout le monde peut faire des fautes 5
& nous n’avons pas la fütte vanité de croire que
nous feuls faifons une exception à ce tte remarque.
Nous favons affez que , malgré tous les foins
que nous donnons à notre travail, il nous eft déjà
échappé beaucoup de fautes que nous tâcherons
de réparer 'dans notre Supplément' mais i c i , il
n’eft point queftion d’une méprife , ni de l ’oubli
d’un ou plufieurs caractères , ni du tranfport erroné
d’une efpèce dans un genre voifin du fien, & c . & c .
S’il nous ar r ivo it, par exemple , de ranger parmi
les S c illa une plante qui devroit être placée dans
le genre des Hyacinthes , ce feroit fans doute une-
faute -, mais cette faute ne fèroit affurément poiht
de même nature que celle que nous commettrions,
fi nous placions cette même plante parmi les Iris ;
car alors nous choquerions les rapports d’une manière
inexcufable.
C e que nous venons de dire fufïït pour qu’on
nous entende , & pour que l’on faififle l’afpeâ de
notre critique , qui n’ a pour objet que l’avancement
de la Botanique , en rappelant l’attention de
ceux qui la cu ltiv en t , fur l ’étude intéreffante des
rapports naturels des v ég é tau x, qu’ils paroifïent
trop négliger. V o y e [ les mots B o t a n i q u e ,
C l a s s e , O r d r e n a t u r e l , & R a p p o r t s .
F A N N Â SH IB A ( anc. E n cy cl. ) C ’eft un grand
arbre qui croît au Japon $ fes feuilles font d'un verd
fon cé , & forment une efpèce de couronne. Ses
fleurs font en b ou qu et, étant attachées les unes
aux autres -, elles répandent une odeur très-agréable
8c fi fo r te , qu’on la peut fentir à;une lieu e ,
quand le vent donne. Les dames les font fécher ,
8c s’en fervent à parfumer leurs appartemens. On
plante cet arbre dans levoifinage des Temples &
des Pagodes ; & quand il eft vieux , on le brûle
dans les funérailles des morts. Hubnertdicl. univers.
A moins que ce ne foit le B a d ia n de la Chine , il
nous paroît fort difficile de deviner , d’après cette
defeription r quel peut être ce t arbre.
FA R AM IE R , Fa r a m e a . A u b ie r , fous cè
nom générique, décrit deux arbriffeàux de la
famille des Ru biacé es , & qui o n t , félon nous ,
tant de rapports avec le P av stta de Linné , que
nous préfumons qu’on devra les réunir à ce genre ,
lorfque leur fruit fera connu. Ces arbriflèaux ont
des feuilles fimpies & oppofées, avec désftipules
intermédiaires, 8c produifènt à l’extrémité de leurs
rameaux trois paquets ou faifeeaux de fleurs.
F ru â ifica d o n .
Chaque fleur a-1°. un calice monophylle , turbiné
, '& dont le bord eft à quatre petites dents j
1 ° . une corolle monopétale, infundibüliforme, à
tube grêle plus long que le c a lic e , & à limbe
dï vile en quatre découpures lancéolées &r pointues;
30. quatre étamines , dont les filamens courts &'
attachés au tube de la corolle , au-deffous de les;
divifions , portent des anthères oblongues • 40. un’
ovaire inférieur, couronné d’ un d ifqu e, 8c fur-
monté d ’un ftyle filiforme , à ftigmate à deux
lamés.
t e fruit n’eft pas connu : d ’après l ’examen de
l’o v a ire , coupé en travers ayant fa maturité, il
paroît à deux loges.
JE S P E C E S.
I . F a r a m i e r à b ouquets, Faramea corymbofa,
Au bl. Faramea f o l i i s ovatis a cu ti s , pedunculis
ternatis corymbojis. Aubfi Guian. 102. t. 40. f. I .
Arbriflèau de fept à huit pieds , dont le tronc a
environ deux pouces de diamètre. Il pouffe à deux
pieds au-deffus de la terre des branches oppofées ,
noueufes & rameufes : elles font garnies de feuilles
oppofées-, ovales , pointues, entières , glabres 5
v e r te s , 8c prefque feffiles. Les ftipules font intermédiaires,
oppofées , folitaires de chaque côté ,
8c pointues. Il naît à l’extrémité des rameaux trois'
pédoncules communs , portant chac.un-.un bouquet
de dix à quinze fleurs blanches , pédicellées-, jan-
gées' pfefqu’en forme d ’éventail. On trouve cet
arbriffeau dans les grandes forêts dé fa Guîane,
au quartier de Caux. I l fleurit au mois-de Janvier.
1 . F a r a m i e r à fleurs feffiles , Faramea f e j j i li -
jlora- Aubl. Faramea fo lie s ovatis acutis , flo i ibus
fejjilibus terminalibus • ( inte r jhpulac tis. ) Aubl.
Guian. 104. t. 40. f. 2..,
Cet arbriflèau s’élève à fix ou fept pieds , &
paroît, .félon la defeription d ’A u b le t , reflembler
àu précédent par fon port 8c fon feuillage. Il ën
différé en ce qu’il porte à l ’extrémité,de fes rameaux
des fleurs feffiles partagées en trois paquets com-
pofés chacun de trois ou quatre fleurs enfermées
entre deux grandes ftipules braéleiformes. Ces
fleurs font blanches , & exhalent une odeur trèsr
ag ré ab le , qui approche de celle du Jafinin. Cet
arbriffeau croît aux mêmes lieux 4 8c fleurit dans
je même temps que celui qui précède.
F A SC ICU L É E , ( r a c in e ) ra d ix fa fc icu la ta .
On nomme ainfi celle qui eft divifée en un grand
nombre de portions qui partent d’ un centre commun
, 8c s’alongent en formant un faifeeau ,
comme dans l’Afphodèle. • On dit aufîi que des
fleurs font fafciculées ( f lo r e s fa f c ic u la t i ) , lorf-
q u ’elles naiflènt plufieurs enfemble d’ un point
commun , & qu’elles font rapprochées en manière
de faifeeau. La Craffu-le écarlate,n°. 1 , les Corym-
bioles , & c .
F É C O N D A T IO N (F e c u n d a t io ) . En Botanique
, on nomme ainfi la fonâion effentielledes
fleu rs , l ’aéle important par lequel les embryons
«les germes qu’elles contiennent, & ;qui doivent
,affürer la reproduâion future des individus de
l ’efpèce, font viv ifiés, c’eft-àrdire reçoivent le
premier mouvement d’une vie propre q u i , détruisant
leur in e rtie, produit une forte d’expanfion
dans les parties qui les compofent, 8c occafionne
leurs développemens 8c leurs accroiffemens fuc-
ceffifs,
Çet.aéie myftérieiix s’ opère par la communica-
Jtion médiate ou immédiate des organes fexüels
des fleurs ■ p a rle contaél de la pouffière fécondante
des étamines, fur le ftigmate du piftil ;
c o n ta â qui tranfmet à l’ovaire de c e p if t i l, par
J’entremifè du ftyle , foit qu’il paroiflé: perforé ou
n on , la vapeur vivifiante ( l 'a u ra fem itia lis ) nécel-
faire à la fécondation.
C ’eft lorfque la fleur eft ouverte, ou quelquefois
dans l’ inftant même de fon épanouiflement,
que s’exécute la fon âion importante par laquelle
l ’étamine tranfmet au piftil la pouffière fécondante
qu’elle contenoit.
On peut ob fer ver aux premiers rayons du foleil ,
comme nous l’avons dit dans notre F lo r e , cette
merveille momentanée fur la Pariétaire , où elle
s ’opère par un jet élaftique qui la rend très-fenfi-
ble. f e s reflo.urces ont encore été prodiguées par
le Créateur , pour parer à la multiplicité des dangers
, & àflurer l’efpérance des récoltes à venir.
O u tre que les fleurs , dans le plus grand nombre
des plantes, ont été pourvues de plufieurs ctanü-
n e s , la fagefle des précautions éclate encore en
diverfes manières, tantôt dans la polition des étamines
qui font courbées vers le piftil , ou qui ,
par un mouvement très-particulier , s ’en approchent
, foit 1 ucceffivement l’ une après l’autre , foit
plufieurs enfemble à-Iarfois ; & tantôt dans la
fituation de la fleur même, qui fè penche pour
faciliter la communication du p o llen au p if t i l, fi
ce dernier eft plus long que les étamines , ou Ce
" drefle s’il eft plus court. L’agitation de l’air concourt
, avec ces circonftalices avantageufês &
d’autres femblables, pour déterminer la pouffière
à fè porter vers le ftigmate : la moindre pàrcëlle
fuffit au fuccès de l ’opération.
Selon des obfërvations récentes de M. l’A b b é
Spallanzani, il n’eft pas toujours néceflaire que
les germes" contenus dans le piftil des fleurs foient
vivifiés par la pouffière des étamines , pour qu’ ils
puiflent fe changer en graines fécondes. C e P h y -
ficien obfervateur prétend avoir obtenu de pareilles
graines fur des pieds de chanvre 8c d’épinards,
& fur ceux d ’une efpèce de Courge , dont
il avoit empêché la fécondation des fleurs femelles,
par le retranchement des fleurs mâles des mêmes
pieds ou des individus particuliers qui les por-
toient. Nous ne favons pas fuffifamment jufqu’à
quel point M. l ’Abbé Spallanzani a pris des précautions
pour s’afliirer que-les fleurs femelles qui
lui ont fourni de bonnes graines , n’avoient point
été fécondées. Nous dirons feulement qu’ à l’égard
des Courges , nous avons vu plufieurs fois fur ces
plantes des fleurs véritablement hermaphrodites ,
des fleurs munies d’ un piftil en tout femblable à
celui des fleurs femelles de la même plante, 8c
en outre trois étamines dontles anthères-étoient
féparées ( à caufe du ftyle qui occupoit le centre
• de la fleur ) , 8c ne-formoient point un fsul corps
comme dans les autres fleurs mâles. Si dans une
expérience pour l ’objet - en queftion , on laiffoic
fubfifter une fleur femb lab le, après avoir retranché
toutes les fleurs mâles du ' même ind ividu ,
l ’ont fent bien que ce tte même fleur pourroit p roduire
un fruit rempli de graines fécondes.
Et quant à l’eXpériènce citée du Chanvre, nous
remarquerons que cette plante eft par-tout fi commune
par l’ufage qu'e l’on fait de fa graine ( le
chehevis ) pour la nourriture des oifeaux , 8c c .
qu’il fe pourroit que des pieds de Chanvre mâles
élevés für les fenêtres dans des p o ts , ou cultivés
dans des jardins du voifinage , euffent communiqué,
par le fecours du v e n t , de la pouffière fécondante
aux pieds femelles mis en expérience par
M. l’Abbé Spallanzani. I l en eft peut-être de même
des épinards q u i, prefque par toute l’Europe, font
abondamment cultivés dans les jardins potagers.
La moindre chofè , la plus légère circonftance que
l ’on n’a point prévu e, peut induire en erreur dans
ces fortes d’ expériences,
L l l ij