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vulnéraire , que l’on emploie a la guerifon des
plaies.
Ohferv. Nous avons vu dans l’Herbier de M. de
Juflieu des feuilles & des portions de fruit d’un
arbre d’Amérique , envoyées fous le nom de
Bois à cochon 8c Sucrier de montagne , arbre que
l’on affuroit être un puiffant vulnéraire. Les folioles
de fes feuilles étoient lancéolées , comme
celles du Terebinthus cité de Catesbi , 8c non
ovales, & acuminées comme celles du Gomart
que nous venons de décrire $ & comme Catesbi
repréfente fon Terebinthus à fruits d’un violet
bleuâtre, ce qui furprend M. Jacquin 9 qui n’a
vu les fruits de fon Burferia que d’un verd mélangé
de pourpre , nous penfons que fi l’arbre de Catesbi
n’eft point une véritable efpèce, c’eft au
moins une variété remarquable.
2 . G o m a r t paniculé , Surfera paniculata. Bur-
fera racemis paniculatis terminalïbus , ficribus
purpureis. N.
Colophonia floribus racemojis tripetalis , joins
pinnatis , cortice maxime rejinofo. Çomm. Herb.
Iç. & MIT.
Cet arbre , que nous regardons comme du
même genre que le précédent j en diffère principalement
par la dilpofition & la couleur de fes
fleurs, Selon Commerfon , on doit le mectxe au
rang des plus grands arbres : fouvent fon^ tronc
a trois ou quatre coudées ou braffes de circon-
férence. Il découle naturellement par les fentes
ou crevaffes de fon écorce une réfine abondante
blanchâtre. Ses rameaux font tuberculeux,
marqués de cicatrices dans leur partie nue, &
fouvent chargés comme d’une nébulofité noirâtre.
Ses feuilles' font alternes., affez grandes, ailées
ayec impaire , & compofées de cinq ou fej>t
folioles ovales^ pointues, entières , glabres, pé-
tioléës, & ayant des nervures un peu faillantes
endeffous. Les fleurs font petites , nombreiifes ,
d’un pourpre agréable , viennent fur des grappes
paniculées, terminales , & qui ont plus, de fix
pouces de longueur. Elles ont un calice petit,
monophylle& à tpois lobes , trois pétales plus
grands que le calice, élargis à leur baf^, & obtus
a leur fommet aveç une petite pointe à peine
remarquable -, fix étamines dont les filamens une
fois plus courts que les petales , &prefquecon-
nivens , portent des anthères brunes , oblongues ,
à trois filions. Dans beauçoup de fleurs, Commerfon
n’a pu apperçeyoir aucun indiçe de piftjl »
mais dans d’autres il a obfervé un ftigmate tres-
obtus , fitué au centre d’une efpèce de réceptacle
applati en deffus , & comme pentagone à la circonférence.
Cet arbre croît naturellement à l’Ifl.e
de France ; c’eft un des meilleurs pour faire des
pyrpgues. f j . ( v. ƒ, )
3. G o m a r t à feuilles obtufes, Burfera obtu-
Jîfolia. Burfera racemis paniculatis fubterminali-
bus , foliolis obtujis. N.
fdarifrniafoliis imgarirÿinnatis ^ floribus face-
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mofîs , capfulis f ubquadrilocularibus. Commerf.
Herb. Ic. & MIT.
C ’efl: un grand arbre fort réfineux. & qui a
préfquë l’afpeél d’un Piftachier. Ses feuilles font
alternes , éparfes , ailées avec impaire , & compofées
de cinq , ou plus louyent fep t, 8c quelque-
quefois neuf folioles oyales-oblongues, oBtulès ,
un peu épaiffes, coriaces, glabres des deux cotés,
liffes 8c luifantés en deffus -, çes folioles font pétio-
lées, oppoféès par paires , & ont environ un
pouce & demi de largeur , fur une longueur de
trois pouces. Les fleurs font petites , tres-nom-
breufes, blanchâtres, ferrugineufes en défleurit
fan t, viennent fur des grappes fort rameufes ,
paniculées, axillaires 8c terminales, & un peu
moins grandes que dans l ’efpèce ci-deffus : elles
ont un calice très-petit & à cinq divifions ; cinq
pétales ovales-îancéôlés , très-ouverts , prefqu’ unç:
fois plus grands que le calice , 8c qui femblent
attachés entre fes découpures ; dix etamines, dont
les filamens très-courts portent de petites anthères
arrondies & jaunâtres; un ovaire arrondi, col*~
ronné par un ftigmate prefque feffile. Le fruit elfc
une baie drupacéè, coriace , de là groffeùrdune
groffe noifette , & qui contient, fous une pulpe
peu épaiffe , gélatineufè 8c rougeâtre , un , ou
deux , OU trois , ou fouvent quatre félon Commerfon
, ou enfin quelquefois cinq noyaux oflèux ,,
un peu épais, convexes fur leur dos , & anguleux
du côté qui regarde l’axe de la baie. Cet arbre
croît à l’Ifle de France , dans les bois. J) . (v. f >
Quoiqiïe Commerfon di(eT què fes fruits ont fôu-
1 vent quatre noyaux, & que leur hombre naturel
eft cinq , néanmoins les morceaux de fon Herbier
que nous avons yu s , & ceux que nous avons
: reçus de M. Sonnerat, avoiènt des baies, les unes
à un feul noyau , les autres à deux , 8c quelques-
unes feulement en avoient trois. Ces noyaux comparés
à ceux du Burfera gummifera n° I , leur
réffembloient entièrement. .f, -,
Obferv. Si lçs noyaux offeux des' fruits des
Tcica 8c ceux des Amyris n’offrent point de véritable
différence dans leur forme , nous penlons
qu’on fera forcé de réunir fous le même genre les
Burfera ? les Ïcica 8c les Amyris mêmes ; car le
nombre de ces noyaux dans chaque fruit, &
même le nombre des divifions de la fleur, paroit
fort variable, comme on vient de le voir.
GOMME. On donne ce nom à un fuç végétal
mucilagineux, qui découle naturellement ou par
incifion , foit des racines , foit du tronc , foie
enfin des branches de certaines plantes ligneulès ,
s’épaiflit à l’air , devient concret , & forme une
maffe affez tranfparente , non inflammable, diflo-
1 u ble dans l’eau , & ordinairement d’une faveur
douceâtrç.
Les refînes ( voyei ce mot ) diffèrent effentiel-
lement des Gommes en ce qu’elles font inflann
niables , qu’elles ne fe diffolyent point dans l’eau,
f | « 'f
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mais font diffoluble's dans l’efprit-de-vîn 8c les
huiles effentielles dont elles font une forte. Malg
ré ces différences remarquables , les gommes
ont tant de reffemblance à l’extérieur ou par leur
a fp e â avec les réfines , qu’on a donné mal-à-pro-
pos à de véritables réfines le nom de gomme ; ainfi
l ’on a nommé gomme - élémi , gomme - animé ,
gomme-copale , gomme-laque, 8cc. des fubftan-
ces qu’on devoir appeler réfine-élémi, réfine-
animé , réfine-copale , réfine-laque , & c .
Outre ces deux fortes de fucs ( les gomme« &
les réfines ) qui découlent de cértains végétaux
& deviennent concrets à l ’a i r , il s’en trouve une
troifième forte qui s’épaiflït pareillement par fon
expofition à l’a i r , & qui tient de la nature des
deux premières , en ce qu’elle le diffout en partie
dans l ’eau , & en partie dans l ’elprit-de-vin j c ’eft
pourquoi on l’a nommée gomme-réfine. Sa diffoln-
tion dans l'eau produit une liqueur laiteufe ; ce qui
peut faire penfer que les fucs laiteux des végétaux
q ui en font munis , doivent être formés de fubl-
tance gummo-réfineufe tenue en diffolution dans
les fucs propres ou ,féveux de ces plantes. En
e f f e t , la F é ru le , l ’Euphorbe, laP é r ip lo q u e , & c .
dont on tire des gomme s-réfines , ont le lue propre
laiteux.
Les principaux végétaux qui produifent les
gommes connues , font d’abord les A cacies dont
certaines efpèces ( voyc[ A ca c ie n°. 43. 44. 8c
45. ) fourniffent la gomme arabique.& la gomme
du Sénégal -, enfuite certains Aftragales ligneux ,
principalement l'Aftragale de Crète n°. 6 2 , qui
produit la gomme adragante du commerce; enfin
nos Cerifiers , Pruniers Amandiers , Pêchers ,
&cc. produifent une gomme que l’on nomme o rdinairement
gomme du pays. yOfl peut peut-être
auffi regarder comme une forte de gomme le fuc
m ie lleu x , épaifli à l ’air , produit par certains F rên
e s , 8c que l’on connoît généralement fous le
nom de manne, de Calabre ; mais la faveur 8c. la
qualité purgative de cette fubftan ce, indiquent
que ce n’eft point une gomme fimple, & qu’elle
e ft mélangée de parties fucrées & de parties réfir
neulès. La manne de l’Alhagi ( Hedyfarum alhagn
L. ) eft yraifemblablement dans le même cas.
Parmi les végétaux qui produifent des gommes-
réfînes , on diftingue certaines Ombellifère s,
telles que des Férules , des Bubons , & c . dont on
retire la gomme ammoniaque , YAjfa-fcetida, le
Galbanum , &rc. ; certains Euphorbes qui produifent
le fuc concret gummo-réfineux connu fous le
nom d’Euphorbe dans les boutiques ; la Périploque
& le I iferon , qui fourniffent les Scammo-
nées d’Alep .& de Smyrne ; une efpèce dePencea
qui produit , à ce qu’on prétend , la Sarcocolle
des boutiques ; .enfin la.plante dont on retire la
gomme-gutte , plante que l ’on croit être la même
q u e le Cambogia g'/tta.
Botanique. Tome I I j
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GOMOSïE de Grenade, Gom o .IIA Grena-
denjis. Lin. F . Suppl. 129.
Les tiges de cette plante font herbacées , hautes
de fept pouces, diffufes , à rameaux oppofés ,
courts, ses feuilles font oppoféès , pétiolées orbi-
culées-cordiformes, un peu obtufes , liffes , 8c
entières. Les fleurs font très-petites, fefliles terminales
, folitaires, & d’ une couleur pâle.
Chaque fleur eft fans calice, & offre 1 ° . une
corolle monopétale, campanulée , à tube très-
court , filiforme , grêle , & à limbe campanulé ,
partagé jufqu’au milieu en quatre découpures lancéolées
, recourbées : a°. quatre étamines donc
les filamens égaux, filiformes,' & inférés*! la
bafe de la corolle, portent des anthères globu-
leufes & angulaires; 30. un ovaire inférieur,
oblong , cylindrique , de la grandeur de la corolle
, chargé de deux ftyles filiformes, un peu
connés à leur bafe , glabres, à ftigmates oblongs,
amincis, velus, fini pies , & divergeas.
Le fruit eft une baie de la figure de l ’ovaire 5
à deux loges , & qui contient des fèmejnees nora-
breules.
Cette plante croît naturellement dans l ’Ame-;
rique méridionale.
GOMUTO. Ane. Encycl. B aima Indica vinariee
fecunda , faguerus f . Gomutus. Rumph. Amb. 1.
p. 57. Tab. 13.
C ’eft un arbre de la famille des Palmiers, qui
croît communément aux Ifles Moluques & aux
Philippines , où l’on en tire beaucoup d’ufage ; il
donne une liqueur-vineufe prefque fémblable à
celle du Cocotier, un tiffu noirâtre, dont les
fils , qui reffemblent à du crin , fervent à faire des
cordes & des cables pour les vaiffeaux , des broffes
& des balais à nettoyer. Le fru it, qui eft une
efpèce de poifoa , fe confit après qu’on l’a adouci
de fon âcreté ; c’eft ce que les Chinois entendent
à merveille. Les Indiens en retirent encore d’autres
petits u fa ges.
La liqueur qu’on tire du bouton de la fleur fur
l’arbre même, comme,on fait celle du Cocotier
( Rumphe dit que c’eft en frappant & meurtrit,
fant pendant trois jours avec une baguette le
fpadix ou pédoncule commun, qu’on fait amaffer
cette liqueur, 8ç qu’on la retire en coupant ce
fpadix ) , eft blanchâtre , prefqu’aufîi agréable
que du moût ( jus de raifin non fermenté ) lo r t
qu’elle eft toute fraîche ; mais on en boit alors
médiocrement, de crainte qu’elle ne lâche trop
le ventre ; ce que l’on connoît quand elle n’écume
plus enla verfant : mais qu’elle pétille comme du
vin de Champagne , elle n’eft plus bonne, au contraire
, on la répugne d’abord à caufe de fon
odeur défagréable : on s’y accoutume néanmoins
fi l’on continue d’en boire , 8c elle enivre autant
.que le meilleur vin , &c. &c.
D’après ce qu’on trouve fur ce Palmier dans
J’Ouyrage de Rumphe ( Ouvrage que l’Auteur de
E e e e o