Tumulus.—Groupe du Mont-d’Or ou tombeaux des rois
du Bosphore.
J’arrive au dernier groupe de tombeaux et le
nom dg Mont d’Or que la légende lui a conservé
semble nous annoncer de grandes choses. Eri
prolongeant nos recherches au-delà du groupe
de la porte de Théodosie, et en suivant l’ancienne
voie dès tombeaux jusqu’à 3 verst de Panti-
capée, nous voyons bientôt la montagne de Mi-
thridate s’abaisser pour lui ouvrir passage par un
étroit vallon. Se relevant aussitôt avec la même
roideur et même à une plus grande hauteur,- la
montagne se prolonge ainsi jusqu’à la Mer d’A-
zof, dans une direction nord-ouest. On lui donné
en général le nom de Mont d’Or.
Déjà un énorme tumulus qui* domine la route
a son passage entre les deux montagnes,?annonce
une race plus puissante que celle qui éleva les
tombeaux de la plaine5 quelques pas encore
et l’on se croit au pied des pyramides d’Egypte'.
Sur la crête de la montagne , à 323 pieds de
hauteur absolue s’élève le tumulus du Mont d’Or*
cône de près de 100 pieds de haut et de plus de
i 5o pieds de diamètre, de forme bombée, qui
diffère de tous ceux du voisinage, parce quil est
muré de haut en bas comme un monument cy—
clopéen. 11 est revêtu à l’extérieur ainsi que les
pyramides , par des gros blocs de pierre de
Kertche, de 3 à 4 pieds dans toutes lés dimensions,
disposés en retrait sans ciment ni mortier.
Ce monument unique dans son genre par sa
grandeur, était un tombeau, et de tout temps il
a été l’objet mystérieux d’une infinité de légendes.
Des traditions latares, turques et même plus
anciennes, parlaient d’immenses trésors cachés
dans ce tombeau qu’on ne connut plus que sous
le nom d' Altun-obo que nous avons traduit par
Mont d’Or. Elles ajoutaient même qu’à chaque
fête de saint Jean , une vierge se montrait sur le
sommet du tumulus, attendant celui qu’elle a
choisi pour partager avec lui les trésors que ce
monument cyclopéen renferme (1).
On s’aperçoit que c’est toujours le même
genre de légendes qui règne du sud au nord, et
que celle du Mont d’ Or n’est qu’une répétition
de celle qùe les Tatares racontent au sujet du
rocher de Kisiltache, les.Lithuaniens au sujet de
la table d’or enfouie dans les marais de Pokroi,
et les Rughiens sur la pierre de la Vierge à
Stubbenkammer.
(1) Clarke, Voy. en Russie, etc. II, 17? éd. franc,
ajôulé qu’en gardant son trésor, la vierge passe toutes les
nuits dans les pleurs.