de leurs chefs-lieux. C’est l’abordage de la principale
communication établie entre les deux
rives du Bosphore ; malgré la difficulté de l’abord
de la côte de Taman, on n’avait encore pu se résoudre,
lors de mon passage, à établir un embarcadère
commode pour transporter les voitures*
les bagages et les marchandises sur les bateaux;
Taman n’a ni rivière; ni ruisseau, ni lac dans
le voisinage, et cependant il est abondamment
pourvu d’eau. Elle ne vient pas des collines qui
l’entourent, puisque ce sont des volcans de boue
en pleine activité. Les cosaques la tirent d’un
grand cratère artésien semblable à celui deFon-
tan, et pour le moins aussi abondant en sources.
Il s’étend entre le bourg actuel et l’ancienne
forteresse turque, il est distant de 4° ° Pas du
rivage, long d’une demi-verst, et élevé de 3o pieds
au moins au-dessus du niveau de la mer avec
laquelle il communique par un ravin étroit et
glaiseux. Sa forme est ovale; le fond en est plat
et sablonneux, et pendant la plus grande partie
de l’année, il a l’air d’un petit lac d’eau douce
excellente. Pendant les plus grandes chaleurs
l’eau ne disparaît jamais; pour l’avoir pure, on
a percé le pourtour de l’entonnoir de puits qui
ne peuvent jamais tarir (1).
( i ) Altas, V e série, géologie, plans, coupes, etc., pl. a5^
fig. 12, un plan du cratère artésien de Taman.
Telles étaient les sources des deux cents fontaines
que les Turcs avaient établies à Taman ; je
veux croire que le nombre est bien exagéré, et
qu’on comptait les puits comme fontaines.
Quoi qu’il en soit, il en reste bien peu à proportion,
et la seule fontaine antique que je connaisse
, qui coule encore , quoique à moitié
ruinée, est celle qui est au bord de la mer, au
pied de l’ancienne forteresse turque; elle est
encaissée de morceaux de marbre de différents
âges, et tire son eau de l’entonnoir artésien.
Car comment supposer la production de cette
eau au milieu d’un sol plat, d’une île nue dont
les plus hautes sommités ne dépassent pas 3oo *
pieds, d’une île éloignée de toute chaîne de
montagnes, dont de vastes étendues d’eau salée
lui coupent la communication, autrement que
par une force artésienne, semblable à celle qui
fait monter la boue, la naphte aux sommets
des cônes boueux?
Les cratères artésiens de Fontan et de Taman
sont pour moi des volcans qui déversent
une eau pure, au lieu d’une vase épaisse, sulfureuse
et bitumineuse.
Or, je me suis demandé souvent si cette propriété
artésienne ne serait point produite par un
procédé de l’argile feuilletée, qui absorbe l’eau
de la mer, la décompose, la fait monter capil