ni herbe , ni avoine. Il me fit espérer qu’au
village prochain je serais mieux servi. D’ailleurs
le vent du nord soufflait dans tout son plein.
Kouïass était le premier village où nous devions
nous arrêter; cependant il n’était qu’à
3 verst d’Opouk, sur le sommet d’un plateau,
derrière un lac desséché. Il était sans eau, et
chaque jour quatre boeufs étaient obligés d’en
aller chercher a la source de Kimmericum , qui
était à 4 à verst de là.
Après 3 verst de marche, attendre deux heures
avant qu’on ait fait venir des chevaux frais de
la Tabouni, n’est pas amusant, surtout dans la
plus misérable hutte tatare qu’on puisse voir
dans la steppe, sans fenêtre ni aucune commodité
quelconque qu’un feu de chaume. L ’omha—
chi n avait pas à m’offrir d’autre asile, que
celui des étrangers qu’on trouve dans chaque
village et où la commune donne l’hospitalité.
La règle générale est qu’on ne peut pas exiger
que les Tatares vous mènent plus loin que le
village le plus rapproché.
Le moqllah fut mon nouveau guide jusqu’au
village à' Ouzounlar, qui est à 8 verst de,
Kouïass : nous avions de bons chevaux et nous
allâmes au bon trot, laissant à gauche une montagne
isolée comme celle d’Opouk, et le lac
d’Itar-Altehik.
Ouzounlar (vigqobles en tatare) est dans un
bas-fond à l’extrémité du lac, au milieu des formations
d’argile feuilletée. Je n’y trouvai, à
force de'patience, qu’un cheval éreinté, que
Yombachi, cagneux, aux yeux rouges, enleva
sans façon à un Tatare qui venait de ramener
ses chameaux de la steppe. Qu’on juge du zèle
de cette bête qui venait de pourchasser des chameaux
aux longs pas. Un guide qu’on me donna
jusqu’au village de Tchokoul, distant de 3 verst,
allait à pied plus vite que moi monté sur mon
coursier ; désespéré de ne pouvoir faire avancer
ma monture, je changeai de rôle avec le guide; je
passai entre le lac et l’extrémité du rempart d’Ak-
kos,quise termine entre Tchokoul et Ouzounlar..
A Tchokoul, point d’ombachi , personne ne
répond à notre appel ; tout le monde se cache :
alors mon guide prend son grand courage et me
mène jusqu’à Kénéghez, à j | verst de là, où
d’autres contretemps m’attendaient. Point d’ombachi;
labarràque des étrangers est fermée; l’om-
bachi a la clef dans sa poche : mon guide me
dépose devant la porte et s’en Va. J’arrête les
passants qui me renvoient à l’ombachi, sachant
bien qu’il est absent. Enfin un Tatare a pitié de
moi et me mène chez un vieux moullah qui m’allume
un feu da fumier-tourbe (î), et me donne