dosie s’est élargie outre mesure par le vandalisme
d’un gouverneur, et l’église catholique,
ci-devant mosquée, avec sa belle coupole et son
minaret tronqué changé en campanille, est presque
le seul beau reste de l’ancien Kafa. Derrière
se voit, au bord de la mer, la grosse ruine du
chateau génois, qui fermait la ville du côté de
la presqu’île de Kertche, dont la steppe uniforme
cerne de ce côté—là la baie très-vaste et
très-profonde, mais mal sûre et entièrement
découverte au nord(i). Elle abonde en poissons
voyageurs de la Mer Noire.
Après cette vue générale, je vais passer à la
description de ce que Théodosie offrait de plus
intéressant.
Bïouk-Djam (église-mosquée principale de Théodosie) et
les Grands-Bains.
Cette grande mosquée, dont Pallas vante la
magnificence et la noble simplicité, avait été
(1) C’est ainsi que s’exprime Peyssonel, Traité sur le
Commerce, etc. 1, p. i 4 : il ajoute qu’elle est impraticable
en hiver, et que les marchands qui y font hiverner
leurs bâtiments, sont obligés de les( tirer à terre pour éviter
qu’ils ne se brisent sur les roches qui sont au fond de l’eau.
M. Jules de Hagemeister, Commerce de la Nouvelle-Russie,
ne lui trouvé pas tous ces inconvénients et dit qu’il n’est
presque jamais arrivé de malheurs dans ce port. (P. 58.)
construite par les Génois, dont elle était l’église
épiscopale : elle datait du commencement du
quatorzième siècle. Devenue temple mahomé-
tan, on lui conserva sa belle coupole de 9 toises
de diamètre, et on l’entoura de onze plus petits
dômes sur trois de ses faces. Peut-être qu’une
partie avait déjà servi à l’édifice chrétien. On
flanqua en outre la mosquée de deux minarets
de 16 toises de hauteur, avec des escaliers en
colimaçons. Cet édifice, tel que je viens de le
décrire, existait encore dans son entier quand
Pallas le fit dessiner dans sa vue de Théodosie,
en 1794(1).
Le gouvernement russe a pour système de
convertir en églises grecques les plus belles
mosquées des villes conquises, surtout quand
les populations mahométanes les ont abandonnées.
On voulut par conséquent faire de cette
belle mosquée un temple chrétien. On commença
d’abord par enlever le plomb qui recouvrait
le toit, et qui fut vendu je ne sais au profit
de qui. Le gouvernement assigna ensuite,
d’après les devis des changements à faire, une
somme de 40,000 roubles-assignats, valant alors
presque le rouble en argent, et l’on commença
les travaux en abattant une partie des petits
dômes qui devaient faire place aux portiques à