est une ville d’un nouveau genre ; il n’y u ni
rues, ni places , ni portes ; c’est un village de
Colchide. Le seul quartier ou l’on voie quelques
maisons se rapprocher est celui de l’église, à
coté de laquelle un Grec a bâti une espèce
d’auberge. Mais ce n’est pas là que je cherche
une maison amie, je vais chez M. Larguier, et
mes yeux s’arrêtent sur trois maisons irrégulièrement
groupées près de trois peupliers en-decà
du vallon , précisément au-dessous de l’angle
intérieur de la forteresse. C’est là que je vais
saluer un compatriote , au milieu des vastes
établissements qu’il a créés pour la compagnie
des vins de Crimée.
On aperçoit à peine les établissements du
gouvernement, possédés jadis à Achiklar par le
fameux prince Potemkin ; ils sont vers moi en
avant de ceux de la compagnie, et l’on ne distingue
que la cime des peupliers et l’èxtrémité
d’un vaste bâtiment. Ce domaine modèle comprend
de belles caves et de beaux vignobles ; le
prince se l’était approprié après la conquête de
la Crimée ; mais à sa mort, le gouvernement
rentra dans ses droits.
L ’ensemble de ce paysage est découpé en
entier dans les formations jurassiques ou basiques;
mais les révo’utions plutonniennes ont
tellement disloqué leur disposition régulière
primitive, qu’on peut à peine suivre et reeonnaître
dans ce labyrinthe ce qui appartient aux
unes ou aux autres de ces formations. Le rocher
de la forteresse, le Sokolgora, le Pertchemkaïa,
consistent en calcaire noir à polypiers, entremêlé
plus ou moins de couches de schiste noir.
Les couches sont dans un état de confusion
incroyable, se redressant, se recourbant comme
dans la craie de Rughen ; c’est un exemple en
grand de ce que nous verrons si souvent dans la
chaîne Taurique, de ces massifs qui, lorsque la
chaîne principale s’est soulevée , se sont détachés
brusquement, sont tombés les uns sur les
autres, comme les déblais qui encombrent le
pied d’une muraille renversée. Il n’y a pas un
de ces massifs qui ressemble à son voisin; tout
y est pêle mêle, et j ’appelle cela Un chaos géologique.
Tous les débris ont une forme conique
et pyramidale, et le paysage leur emprunte tout
son pittoresque.
Le talus sur lequel ces fragments de la chaîne
principale se sont accumulés, est en grande
partie masqué ; et vouloir suivre les rapports
de concordance ou de discordance entre la base
et le chaos est impossible; Seulement il paraît
que le fond de la vallée de Soudak consiste en
schiste noir comme le reste de la côte de Crimée.
Il est par couches tantôt dures, tantôt tendres,
ferrugineuses : il est quelquefois bulliforme,
c’est-à-dire que toute la masse du schiste eon