iignites, et que d’ailleurs, à supposer qu’on pût
percer le jura , le grès liasique et une épaisseur
de quelques mille pieds de schiste qui ne renferment
pas le moindre indice de houille, on aurait
sans doute bien d’autres milliers de pieds à
percer à travers le calcaire conchylien, le grès
bigarré, le calcaire pénéen, le grès ancien, jusqu’à
la houille. Leurs fouilles ont été opérées au
pied de la forteresse où je suis allé les visiter;
du chiste noir et quelques troncs de lignites
furent les seuls résultats de ces coûteuses recherches.
Sur la vigne et les vins de Crimée.
Après cet aperçu pittoresque et géologique
de Soudak, je crois qu’il est temps dé descendre
dans la vallée où l’on m’attend ; mais ce ne sera
pas pour parler fossiles, calcaire jurassique ou
chaos géologique. Au milieu des caves et des
pressoirs de la compagnie , une autre question
va m’occuper; il s’agira de parler vignobles, vins
et commerce, et personne en Crimée ne peut
donner là-dessus de meilleurs renseignements
que M. Larguier, quand bien même on serait
passablement distrait par les beaux yeux de
mesdemoiselles ses filles.
Là compagnie des vins de Crimée est une
société d’actionnaires dont le principal but est
d’ouvrir des débouchés aux produits vignicoles
de la Crimée. Cette nouvelle branche d’industrie,
qui a fait de très-grands progrès depuis le
commencement de ce siècle et surtout depuis
que le comte Vorontsof à été nommé général-
gouverneur de la Nouvelle - Russie , trouvait le
principal obstacle à son développement dans le
manque d’écoulement de ses produits. De tout
temps, je le sais, la Crimée a exporté des vins
dans le midi de la Russie. Bronevski, au milieu
du seizième siècle, dit que Soudak avait de
grands vignobles qui produisaient le meilleur
vin de la Crimée. De La Mot ray e , en 17 1 1 ,
parle d’un vin de Soudak (Sudac) qui ne différait
pas du Bourgogne pour la couleur, et qui
ne lui cédait en rien pour le goût(i). Autre part
il cite le vin de Katche (Gatchik) qui pétille dans
le verre comme celui de Bourgogne et de Champagne
et qui est excellent (¡2). On le vendait
1 béchëlik (2 ~ centimes) la bouteille.
Plus tard Peyssonel, en 1762,. dans son traité
du commerce de la Mer Noire, parle des vins
de Crimée, dont il vante l’excellence et l’abondance1
: ils sont blancs , forts légers et très-
diurétiques; il n’y a que le vin de Soudak qui
(1) V^oyage de De la Molrayc en Europe, etc . II. p. 53.
(2) Id. Id. p. 48.