la terre. L ’on ne voit qu’une partie des murs
construits en pierres brutes, liées avec de la terre
glaise; la façade tournée entre le levant et le
couchant, consiste en trois ou quatre poutres
grossièrement équarries, qui, tenant lieu de
colonnes, supportent l’architrave d’un portique
qui prend tout le large de la maison ; c’est celui
des héros d’Homère. Là, le Tatare reçoit les
étrangers et leur fait honneur, abrité contre
les rayons ardents du soleil, tandis que la femme
dans des appartements intérieurs, qui n’ont souvent
de jour que par la cheminée, mène uneyie
retirée, et prépare tout ce qu’exigent les besoins
de la maison. Des toits plats en terre couronnent
le sommet de l’édifice, servant de terrasse pour
y prendre; le frais le soir.
Au premier sentiment de curieuse surprise se
joignit un grand étonnement, quand.je retrouvai
plus tard cette architecture généralement adoptée
dans plusieurs parties de l’Asie que j ’ai visitées
: cette similitude de moeurs à de si grandes
distances et che# des peuplés si divers, prouve
que cette architecture est plus ancienne que les
Talares et qu’elle fut adoptée déjà par les Taures
et les Grecs de l’antiquité. Kobékli n’a pas
d’autres édifices, et il en serait de même d’Aloucheta,
si sa position n’y avait attiré de nouveaux
colons qui ont apporté les toits de l’Europe
dans la vallée..
Il est peu de plus belle position sur la côté
que celle d’Aloucheta dont la vallée, en très-peu
d’années, s’est couverte de vignobles qui, en
i 834, comptaient plus de 355,000 ceps (1).
Aloucheta, par conséquent, a dû être de tout
temps un endroit considérable sur la côte de Crimée
: néanmoins l’histoire ne nous a gardé nul
souvenir de ce qu’il était avant le sixième siècle
de notre ère, que l’empereur Justinien fit reconstruire
son château , alors déjà connu sous le
nom d"'Alouston (2). Aujourd’hui les ruines de
ce château couronnent un monticule isolé de
schiste, très-voisin de la mer, baigné à l’est par
le Démirdji-ouzene, et à l’ouest par VOulou-
ouzene qui vient de Kobékli. Une acropolis occupait
l’angle S. O. Trois tours, l’une ronde en
commençant à droite, la seconde Carrée, la troisième
hexagone, défendaient l’enceinte extérieure.
L’épaisseur du mur et des tours varie
de 1 toise à 1 | toise. Les Tatares ont bâti leurs
huttes sur les ruines, ou les ont appuyées contre
les pans les mieux conservés.
L’ancienne ville d’Aloucheta avait été construite
en face du fort sur la rive droite de l’Ou-
(1) Montandon, Guide du Voyageur,^. 125.
(2) Dans son Krimskii - Sbornik , M. P. de Koeppen ,
p. i 54, donne un plan exact des ruines d’Aloucheta, qù’il
sera bon de consulter. Voyez aussi Atlas, IIe série, pl. 47,
et V* série, plans et coupes, pl. 11, une vue d'Aloucheta.