sommités, ils sont coniques, et ont généralement
de 20 à 3o pieds de hauteurs. La route de
Temrouk à Taman passe ainsi, pendant un quart
d’heure, à travers une allée de tombeaux, qui
n’a d’analogues que celles qu’on voit autour de
Panticapée. Arrivé à l’angle méridional du li-
man de Taman, là où l’on a établi la station de
poste de Senna'ia, le pays change promptement
de face, et l’île large se métamorphose en deux
longues collines basses et étroites, qui courent
parallèlement comme deux cornes en s’avançant
vers l’O. S. O. pressées entre le liman de Taman
d’un côté et une baie du lac Aftaniz, de
l’autre ; c’est un long fer-à-cheval.
Les deux longues collines se terminent à 5 ou
6 verst de leur origine commune au bord du bas-
fond de Chimardane, traversé par un filet d’eau
et par des marais qui unissent le lac Aftaniz avec
le liman de Taman. Une ramification de ce bas-
fond marécageux s’avance assez loin entre les
deux collines. Telle est la topographie physique
du pays.
Maintenant Phanagorie est sur la dune sablonneuse
qui longe le liman de Taman; le bas-
fond de Chimardane est le fleuve Antikitès ou
Kouban qui débouchait dans le liman Korokan-
damite au-dessous de Phanagorie. Le marais qui
se presse entre les deux longues collines, est
l’ancien port de la capitale du Bosphore asiatique,
et l’autre colline, avec la tête du fer-à-cheval,
en est le vaste et mystérieux cimetière.
Les ruines de la ville de Phana gorie commencent
à une demi-verst de la station et prennent tout
le large de la colline, qui ne dépasse pas 5 ou 6oo
pas. Elles recouvrent un espace d’une verst de
long. On reconnaît parfaitement les traces des
murailles, principalement en briques, qui encei-
gnaient la ville, dont la forme imitait un long
parallélogramme. Plusieurs ravins le coupent
dans sa longueur, sans qu’on puisse dire si c’étaient
primitivement des rues qui mettaient le rivage
du liman Korokandamite en communication
avec le port. J’ai lieu de le croire; car les ouvertures
dans la muraille d’enceinte ont l’air de
portes ; quelques tours sont légèrement visibles
vers l’extrémité orientale qui a servi peut-être
d’acropolis ou de citadelle. Car on sait que Phanagorie
en avait une. Appien nous rapporte que
lorsque le fameux Milhridate préparait sa grande
et dernière expédition contre les Romains , méditant
le projet gigantesque de les attaquer par
l’Allemagne et par la Suisse, il avait partagé son
armée nombreuse (i) entre les deux rives du
Bosphore, ordonnant à une partie de se rendre
à Phanagorie, et gardant l’autre à Panticapée.
Le hasard voulut qu’un Phanagorien, homme
( l ) Appiam Alexandr. lib. Mithridaticus, p. 1073.
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