entre par lin trou très-bas, en rampant ; maïs
bientôt le couloir s’agrandit et l’on peut se tenir
débout. A 5o pas l’on atteint le premier caveau,
qui a de 15 à 20 pieds en différents sens. Jusque
là la direction est N. E. Plus loin elle devient
N.O. et l’on passe successivement dans trois
nouveaux caveaux, dont les parois sont recouvertes
de stalactites blanches ; le dernier surtout
est d’un fort bel effet aux lumières, la couleur
rouge du roc contrastant avec la blancheur des
stalactites. La longueur du couloir que l’on suit
ordinairement est d’environ 700 pieds, Ce passage
souterrain m’a paru l’effet du déchirement
d’une couche, la supérieure et l’inférieure restant
intactes pour former le sol et le plafond du passage.
Supposant que cette dislocation datait du soulèvement
de l’île jurassique de Crimée, j ’avais,
pensé qu’il serait intéressant de faire des recherches
dans ces grottes pour y trouver des
ossements fossiles. J’en avais écrit à p?» professeur,
membre de l’académie de Berlin, m’offrant
de surveiller les fouilles, si le musée voulait bien
payer les ouvriers nécessaires : j ’ai attendu en
vain; je n’ai pas eu même de réponse. J’espère
que l’académie de St-Pétersbourg fera en faveur
de quelqu’autre voyageur ce que celle de Berlin
n’a pas voulu faire pour moi.
A Koutçhouk-Yankoï, qui n’est qu’à 2 verst
de Kisilkoba, s’ouvre une gorge toute pareille à
celle que je viens de décrire ; par là s’échappe
l’une des sources du Salghir qui, Comme la
plupart des grandes sources de la chaîne de
Crimée, jaillit entre l’étage calcaire et les roches
de grès ou de poudingue inférieures.
Ici se termine la large vallée du Salghir qui
s’engouffre entre le pied du Tchatyrdagh et les
massifs calcaires qui montent vers les sommités
du Samarkaïa, s’appuyant sur les gros poudin-
gues rouges dont les masses rongées* sous les
noms de Kisilkaïa et de Siméonkaïa, closent la
vallée. Elles forment le col qui sépare le mont
Samarkaïa du Tchatyrdagh, et la nouvelle
chaussée en atteint la dépression à 24?9 pieds
de hauteur absolue.
Yénisala occupe le fond de la vallée, s’étendant
sur quelques collines de schiste qui sortent
sous les poudingues rouges. Ce village grec,
abandonné en 1778, n’offre plus que les ruines
d’une chapelle et des tombeaux. Ses habitants,
transférés aujourd’hui sur les rives de la Mer
d’Azof, dans le district de Marioupol, ont fondé
un nouveau Yénisala, qui ne leur a pas fait
oublier l’ancien (î) : car fort peu de temps avant
ma visite à M. Nestor Grot, possesseur actuel
(1) Les colons grecs ont donné à leurs villages tous les
anciens noms de ceux qu’ils habitaient en Crimée.