La couleur que la falaise a empruntée à la
mine de fer , lui a fait donner le nom de cap
Bleu ( Kamiche-bouroun ), en opposition avec
le cap Blanc (Ak-bouroun).
Entre la mine de fer et une campagne à
laquelle on donne le nom de Kamiche-bouroun,
sont les ruines de D ia , qui occupait ainsi
l’extreme pointe septentrionale qui marquait
l’entrée de l’ancien golfe de Nymphée, aujourd’hui
lac de Te ho urbache ; car les attérages du
courant du Bosphore ont fermé l’entrée du
golfe, et une large plage sablonneuse fait ceinture
autour d’un premier lac qui occupe le fond
du golfe, et de trois autres lacs qui se sont formés
successivement. Leur formation appartient
à l’histoire moderne, car avant i 83o , les vaisseaux
marchands de Kertche allaient hiverner
dans le plus septentrional des petits lacs. Depuis
lors, une barre de sable a fermé le port; on
reconnaît sur la barre les bourrelets successifs
des matériaux que le courant y a charriés : car,
par la disposition du Bosphore , on voit que la
longue langue de sable, dite du Sud, en grandissant
a repoussé le chenal tout près de la côte
d’Europe, et le courant contre la pointe mérir-
dionale du golfe de Nymphée, qui s’est présentée
comme un éperon naturel pour ramasser les
sablés et les attérissements.
L'ancienne ville de Nymphée occupait précisèment
cette pointe méridionale ; mais pour aller
la visiter, nous sommes forcés défaire le tour du
golfe , et nous nous rendons O 7 d’abord à Tchourbâche,
village et campagne de M. A. V. Gouriel,
qui se trouve au fond du golfe, sur un sol plat
autrefois sous les eaux. Il est plus commode de
suivre cette route que de traverser la barre sablonneuse,
en partie couverte d’eau, qui entretient
la saturation des lacs ; dans des années très-
chaudes, ils peuvent produire un peu de sel ;
mais sa nature naphteuse en défend l’usage pour
les salaisons ; il n’y a dans la presqu’île de
Kertche que le sel du lac Tchokrak qui soit
parfaitement bon à cet usage.
Avant de nous rendre à Nymphée, que
je dise un mot d’une ruine qui est dans le
voisinage de Tchourbache. En remontant un
petit ruisseau qui se jette dans le la c , nous
vîmes bientôt les parois des rochers qui bordent
son lit grandir insensiblement* et à 2 verst du
village elles ont déjà l’air de deux murailles à
pic , sur Tune desquelles, celle qui est à gauche
en remontant, nous aperçûmes des tas de décombres.
Un chemin antique nous mena sur le
sommet du rocher, à l’entrée d’un grand château
carré, qu’entourait une muraille aujourd’hui
complètement ruinée et presque ensevelie
sous le gazon. Un fossé défendait l’abord de la
muraille. Nous fîmes vainement le tour de l’in