Mais bientôt l’on apprit que la grande Grèce
était une mine encore plus féconde que le pays
des Etrusques, et les collections de Naples, du
Vatican , de Berlin prouvèrent sans réplique
que l’art sigillé était aussi bien grec qu’étrusque.
Puis le champ des découvertes s’agrandissant,
l’on a reconnu enfin que partout ou la
Grèce avait porté sa civilisation et ses colonies,
l’on pouvait retrouver des vases étrusques, et il
n’est pas jusqu’aux rivages lointains du Kouban
et de la Mer d’Azof qui n’aient leur poterie
sigillée et qui n’aient eu leurfabrique.
Au mot de fabrique, je lis la surprise et la désapprobation
sur les traits de plusieurs de mes
lecteurs, qui ne pourront supposer que l’art
divin de Nola ait pu prospérer au milieu des
Scythes sauvages.
Jusqu’à présent, le nombre des vases conservés
à la suite des fouilles autorisées par le gouvernement,
n’est pas, il est vrai, assez grand
pour faire croire à l’alimentation d’une fabrique.
Mais il est certain que la plupart des premiers
vases trouvés en grand nombre soit à Kerlche,
soit à Phanagorie, ont été la proie de la dilapidation
; tout ce qui n’était pas or a été brisé, et
le peu qui a échappé à la main sacrilège des
chercheurs dé trésors a été dispersé de telle
façon, que lors de mon premier séjour à Kertche
en i 832, le musée ne possédait encore aucun
vase étrusque entier un peu remarquable. Les
deux seuls qui fussent restés à Kertche étaient
entre les mains de M. le gouverneur de Stempkovsky.
Le petit nombre de ceux dont on connaît les
propriétaires appartenaient, l’un à S. M. l’impératrice
mère (j), deux autres au général
Potier et au prince Volkonsky; un quatrième,
qu’avait acquis le comte Bétencourt, avait été
vendu à l’enchère pour 4,ooo roubles assignats.
Le chevalier Gamba, dans son Atlas, a donné
le dessin d’un cinquième trouvé à Kertche.
Pendant l’automne de i 832, il y eut encore
trois ou quatre vases de perdus pour le musée
de Kertche : d’heureuses fouilles entreprises en
présence du comte Vorontsof avaient fait découvrir
un tombeau riche en urnes : les dames
qui étaient présentes obtinrent chacune la permission
de faire choix de l’un de ces vases,
pour souvenir de cette tournée gouvernementale,
et c’est ainsi que j ’ai vu chez madame Kaz-
natchéïeff, femme du gouverneur de la Tauride,
un vase qui n’aurait pas dû sortir du musée de
Kertche , qui en conserva cependant quelques-
uns.
En i 834, où je passai quinze jours à Kertche,
grâces à l’activité et au bonheur de M. Karéïche,
(1) Le musée de Kertche en a un dessin.