pages, car la majeure partie des vignobles sont
composés de cépages originaires de Bordeaux, de
la Bourgogne ou du Rhin ; on ne pouvait mieux
choisir, et même plusieurs portions de vignobles
sont plantés des originaux qu’on a amenés à
grands frais de ces pays, et qu’ils soient au premier,
au second ou au troisième degré descendus
des cépages de la France ou du Rhin, leurs
produits présentent tous le même résultat et les
mêmes altérations aux dépens du goût primitif.
Dès qu’une plantation nouvelle, au bout de
trois ou quatre ans, commence à produire quelques
grappes, le vin qu’on en exprime indique
assez bien les qualités du plant originaire; ce
serait quelquefois à s’y méprendre : j ’ai bu ainsi
de ces nouveaux crûs qui faisaient augurer une
réussite complète mais on se trompe : deux
ans sont à peine écoulés que la nature du vin
change, et d’année en année celte différence est
plus marquée, et au bout de huit à dix ans , on
n’a plus du Bourgogne ou du Bordeaux, mais
un vin particulier plus fort, plus spiritueux que
ces deux vins, mais moins fin. Les vignobles du
grand Aïdaniel du comte Voronlsof, plantés
en 1826 de ceps venus de France , et ceux du
baron de Berckheim, aussi à Aïdaniel, ont fourni
les mêmes observations, là même ou les ceps
ne sont nullement mélangés. Car dans les autres
vignobles, on ne s’est pas tenu si strictement a
cette séparation par plants de différente origine,
et les cépages sont composés pêle-mêle de
gros Bourgogne, de Pineau fleu ri, de Rissling,
de Bordeaux, de Kahour; ce dernier plant,
d’origine inconnue , produit un vin fort , en
abondance ; lorsqu’il est bien gouverné il acquiert,
disent quelques connaisseurs, un goût
très-agréable et un bouquet qui le ferait recher-r
cher même de la vieille Europe, vu qu’il diffère
entièrement de celui de tous les autres vins
connus (1). On a planté aussi une certaine quantité
d'Aléatico, et on a essayé quelques anciens
plants de Crimée venus de Katche.
Le raisin qui paraît avoir le moins perdu de
ses qualités primitives par le changement de
climat, c’est le Rissling des rives du Rhin. On
l’a propagé surtout dans la vallée d’Aioucheta,
où un sol schisteux mêlé de particules calcaires
et de détritus du grès du lias, plus léger et moins
exposé à la sécheresse que celui du reste de la
côte, paraît lui convenir et lui rappeler les qualités
du sol primitif. On a aussi planté à Miskhor,
chez M. Léon Narichekine, un quartier de Riss-
ling qui, en l 834, produisait un vin fort bon,
d’un goût fin, sans avoir cependant les qualités
exquises, des vins du Rhin i mais l’expérience
n’avait pas encore appris si ces qualités lui reste-
.* f G ai (h1 en Crimée, par C. H. Montandoti, p. 3ag.