à se disputer les dernières dépouilles, on s’aperçut
que le caveau résonnait comme s’il était
creux par-dessous : on leva les dalles du carré
creux au coin du pavé et on trouva en effet un
second tombeau beaucoup plus ricbe que le
premier, et d’où sont provenues les masses d’or
qui circulaient encore à Kertcbe lors de mon
séjour. Il n’y avait pas une femme grecque qui.
ne portât quelque objet de ces fouilles comme
objet de parure, surtout comme boucles d’oreille.
L ’on évalue à 120 livres pesant d’or la
valeur des objets qui ont été trouvés dans les
deux tombeaux; cela me paraît exagéré. Il en est.
revenu environ i 5 livres pesant au gouvernement
; le reste a été dispersé.
Dans ce pillage , le vandalisme a été poussé à
son comble; car l’on s’arrachait les objets, et
pour se mettre d'accord, l’on partageait à coups
de hache les plus précieux : tel fut le sort du.
boucher en or qui faisait partie du caveau inférieur,
et que le gouvernement a pu racheter en
partie, pièce par pièce, au poids de l’or. J’ai fait,
dessiner, pl. 21, fig. 2., çe qu’on a pu retirer;,
la beauté du dessin fait vivement regretter ce
qui manque, et à juger par la courbe du bord,
on n’a ici qu’une minime partie du tout. Il paraît
que la plaque d’or était si grande, qu’elle recouvrait
toute l’étendue d’un vaste bouclier.
Une femme habillée à la grecque, et qu’on
prendrait pour unq furie à voir sa longue chevelure
emportée par la tempête, tient de ses
mains la lance et le flambeau ! des loups dont
l’un porte un labre (labrus) dans sa gueule,
l’entourent et achèvent la peinture de cette terrible
divinité.
Sans inscription, sans médailles, qu’est-ce qui
servira, à nous fixer sur le nom du personnage
royal qui a été enseveli ici, quand d’ailleurs
l’histoire des rois du Bosphore est si peu connue?
Ce n1est qu’à force de suppositions et de comparaisons
qu’on pourra y parvenir.
En parcourant les suites de médailles qu’on
possède des rois du Bosphore, on est d’abord
fort étonné de trouver si peu d’analogie entre
les costumes et les armes qui y sont représentés
et ceux qui ornent les figures de ce tombeau.
De 225 de J,-C. , date de la mort de Reskou-
poris jusqu’à la chute du royaume du Bosphore,
la gravure est tellement dégénérée, que les figures
des rois et des empereurs tant sur les
monnaies en or que sur celles en cuivre, deviennent
de grossiers hiéroglyphes, et dans une
suite de cinquante médailles connues qui appartenaient
à cette époque de 522 à 624 du Bosphore
( 225 à 327 de J.-C. ), il ne s’en trouve
par une qui offre les moindres traces d’un dessin
artistique et correct. Ainsi notre tombeau n’est
pas de cette époque.