Route indirecte de Kertche à Théodosie par Nymphée et
Kimmerion.
J’ai suivi les différentes routes que je viens
d’indiquer, à l’exception de celle de Tonki par
Arabat. Il en était une qui devait m’offrir plus
de charmes et une plus belle moisson d’observations.
M. de Stempkovsky me fit mon itinéraire,
m’instruisit de ce que j’avais à visiter, et je
partis avec M. Karéïehe, dont je n’ai pu lasser la
complaisance : car il m’accompagna jusqu’à
Qpouk au commencement de novembre i 832.
Et lors de mon retour du Caucase en i 834, se
rappelant que M. de Stempkovsky lui avait fait
la remarque qu’il avait négligé de me montrer
quelques points intéressants, il voulut refaire
encore une fois la course avec moi. Ainsi mon
journal est le résultat de ces deux courses, qui
ont pour but principal l’exploration de la côte
de la presqu’île de Kertche, le long du Bosphore
jusqu’à la Mer Noire.
Nous dii’igeant vers l’ancienne quarantaine
de Kertche, nous traversâmes le dos du cap
Blanc (Akbouroun), hérissé de pics à polypiers.
Deux groupes de tumulus se mêlent à ces jeux
de la nature. L’un, composé de sept énormes
tumulus, termine le cap Blanc (1). L’autre, longéant
les pios par le revers méridional de la
colline, s’étend jusqu’au tronçon méridional du
rempart du Mont d’Or que j ’ai décrit, et qui
passe entre le dernier et l’avant-dernier tu-^
mulus. '
De ce dernier groupe, en nous dirigeant directement
vers la côte, nous abordâmes une
haute falaise, dans laquelle une révolution a entaillé
un enfoncement semi-circulaire qui a l’air
d’un immense théâtre ouvert en face de la mer
qu’il domine.
C’est là qu’ùn avait placé l'ancienne quarantaine,
qu’on a abandonnée depuis qu’on a établi
celle de Myrmékion. On a cédé les maisons à
des Grecs qui sont venus s’établir ic i, dans une
combe qui leur promettait de récompenser leurs
peines. Elle était jadis plantée de vignes, qui
prospéraient fort bien dans cette exposition au
midi ; il reste encore des traces des plantations
et des murs de séparation. La nature de la culture
avait fait appeler anciennement ce quartier
Ambèlaki, vignoble, du mot grec apvreXoç, vigne.
Mais ce n’est pas pour ces vignes, que nous
venions dans un coin si reculé de la côte. La
pointe de terre qui ferme la combe au sud-ouest,
est unfe riche mine de fer phosphaté et carbonaté
aussi intéressante que celle de Taman , et où les
fossiles que M. de Verneuil a publiés se trouvent
avec une profusion incroyable.