riosité le fond verdâtre de la mer et les champs
de plantes marines qui le tapissent.
Enfin, l’on peut reconnaître chaque objet sur
la cote d’Europe; nous passons en face du chenal
du Bosphore qui s’encombre malheureusement
d’une manière sensible. Il n’y a plus que
les bâtiments qui tirent 12 pieds d’eau (1) qui
puissent entrer dans la Mer d’Azof, et cependant
lors de la prise d’^zo/par Pierre-le-Grand,
l’on sait qu’il est entré dans cette mer des corvettes
de 4o canons, ce qui est impossible maintenant
(2).
Le chenal longe de très-près Iénikalé dont la
forteresse turque se reflète dans les flots, ainsi
que le phare perché sur des rochers qui forment
arrière-plan.
Dès-lors les objets se succèdent rapidement.
L ’horizon de cette côte d’Europe surprend encore
plus que celle de Taman, par la crénelure
à perte de vue des collines : là les pics à polypiers
avec les tumulus se confondent de telle
sorte que l’oeil ne peut en faire la distinction.
Bientôt la chaloupe salue l’entrée de la rade
deKertche, et le cap Akhouroun au sud, en se
(1) Quand le vent du sud souffle, l’eau monte d’un
pied, et la passe a i 3 pieds de profondeur.
(2) Voyez la carte du Bosphore pour les sondes, Ire série,
géographie, PI. 2.
détachant petit à petit, étale sur son dos sept
tumulus énormes, et sur ses hautes falaises l’immense
série de ses couches blanches et noires
de marne et de schiste (1).
L’éboulement d’un roche à polypiers qui a
couvert de ses débris la falaise et encombré le
rivage, masque la Batterie de St.-Paul qui défend
la passe erfface de la Pointe du Sud.
Au nord de la rade, d’autres roches que longe
la chaloupe, et dont j ’admire les formes rongées
et caverneuses, battues sans-cesse par les flots,
marquent l’assiette de l’antique Myrmekium que
l’on reconnaît aisément à un tumulus écrasé,
couronné d’un pavillon : c’est celui de la quarantaine
dont les vastes bâtiments neufs et blanchis
ressemblent à une petite ville. Destinée à
remplacer toutes les quarantaines de la Mer d’Azof,
son développement est devenu nécessaire,
et dans cette saison on peut à peine compter la
foule des vaisseaux qui chargent ou déchargent
en quarantaine ou qui attendent le temps d’être
admis à la libre pratique. Un brandwacht marque
la limile delà rade, et chaque soir, chaque matin,
saluant les échos d’un coup de canon, ouvre et
ferme la navigation.
Cependant mon regard avide qui s’égare au
milieu des poupes, des voiles et des pavillons de
( i) Voyez V' série, PU i 5 , fig. 3 , 6 , et 7.