peux équipage tant promis, tant vanté! Unê
paire de boeufs attelés a deux roues, surmontées
de deux râteliers ! ! La tourmente devenait affreuse
; une pluie glacée, mêlée de neige, se
mêlait à la tourmente : comment se laisser
traîner nonchalamment dans une pareille voiture
et par de pareils coursiers? Je fis le trajet
à pied jusqu’à Arghin , où j ’arrivai à une heure
après-midi; je pris aussitôt la poste , et le soir
j étais'logé commodément a Théodosie, a la
Ville de Constantinople, auberge desservie par
des Allemands.
La partie de la presqu’île de Kertche qui
s étend d’Arghin à la chaîne Taurique, est
pauvre en sources : pour y suppléer, les Tatares
creusent des bassins dans le sol ; ils élèvent les
bords au moyen d’une forte digue ; ils n’ont
pas pour leur bétail d’autres abreuvoirs ; ils les
appellent août. La presqu’île est d’une nudité
extreme ; pas un seul petit taillis d’arbre : le
bétail tatare détruit tout; cependant on retrouve
des traces d’anciennes forêts qui ont
recouvert une partie de la presqu’île.
Théodosie ou Kàfa.
Théodosie est encore dans la presqu’île de
Kertche, en dedans du rempart d’Assandre.
Son port et sa large baie sont la limite où les
terrains monotones de la steppe tertiaire sont
soulevés insensiblement par les approches de
formations plus anciennes que les forces volcaniques
ont rejetées du sein de la terre. Elles
s’élèvent ainsi jusqu’au Karadagh.
A une époque inconnue, les Milésiens fondèrent
ici une de leurs colonies, qui, d’abord indépendante,
résista à la puissance des rois du
Bosphore. Satyrus I fut tué en 3g3 avant J.-C.
sous ses murs qu’il assiégeait. Leucon I, son fils
et son successeur, fut plus heureux ; Théodosie
fut unie au royaume du Bosphore, mais sous
une forme qui prouve que ce fut par un traité ;
car la colonie garda ses attributs municipaux,
et le roi du Bosphore n’en fut que l’archonte
comme à Panticapée.
On a des monnaies autonomes de Théodosie :
elles rappellent l’effigie et les emblèmes de
Leucon I, qui consacra ainsi ses droits sur sa
nouvelle conquête.
Du temps de Strabon et de Pline, Théodosie
existait encore; mais déjà sous le règne d’Adrien,
selon Arrien, ce n’était qu’une ville déserte, que
l’invasion des Huns, en 3]5 de J.-C. acheva de
renverser de fond en comble. Procope n’en
parle pas, et Théodosièn’était plus qu’un endroit
vague qu’on appelait Kapha. C’est ainsi que le
désigne Constantin Porphyrogénète, lorsqu’il
parle du combat qui eut lieu entre les Cherso