plus étroit que rintérieur de ce temple qui
semble aller chercher aux cieux sa lumière : Il
existe entre les mesures de plan et d’élévation
une telle disproportion, qu’on peut dire qu’elle
est d’un tiers en comparaison de Pitzounda.
Telle est la description du plus ancien temple
byzantin de la Crimée : la date de sa fondation
est gravée sur une des colonnes; elle est de l’an
6225 d’Adam (767 de J.-C.).
L’architecture dégénérée sous les Justiniens
et ses successeurs, en s’éloignant de plus enpluk
des beaux modèles de la Grèce , s’était créé un
nouveau style d’architecture sacrée en rapport
avec les besoins du christianisme, et par conséquent
toujours moins semblable ^aux anciens
édifices grecs. Ce style nouveau, originaire de
Constantinople, prit le nom de byzantin : tous
les pays qui bordaient la Mer Noire l’imitèrent.
La coupole devint nécessaire au culte, et sa lumière
éclairant la table des agapes ou l’autel,
semblait la lumière divine qui descendait du ciel.
La coupole primitive fut très-étroite et n’eut
rien de hardi que sa hauteur; témoin le dôme
d’Etchmiadzin, le plus ancien temple chrétien
que je connaisse.
Adopta-t-on d’abord la colonne pour supporter
la coupole, ou y eut-il passage en faisant
usage du pilier carré plus lourd, plus solide? Les
églises d’Etchmiadzin, de Ste.-Ripsimé à Vagarchabad,
de Pitzounda, de Nakolakévi, etc., qui
datent des quatrième, cinquième et sixième siècles,
semblent prouver en faveur de cette seconde
hypothèse.
Mais bientôt devenu plus hardi, on remplaça
le pilier par la colonne qu’on emprunta à
quelques ruines de temple grec. On purifia ces
monuments du paganisme en taillant des croix
sur les fûts, sur les chapiteaux; on imita ce singulier
mélange lorsqu’on construisit une nouvelle
église; toutefois, 011 le fit si grossièrement,
qu’à peine put-on bientôt reconnaître l’ordre
qu’on avait voulu imiter au milieu des croix
qu’on avait prodiguées sur les faces et sur les
angles.
Ainsi prit naissance le style byzantin ; la Crimée,
si voisine de Constantinople, fut des plus
influencées par ce style, et il n’est pas de ruines
où. l’on n’en retrouve des traces. J’en ai déjà
signalé des fragments qui appartenaient vraisemblablement
à Phanagorie et à Taman. Nous verrons
plus tard toutes les églises de Kherson bâties
dans ce style, de même que celles d’Aïtho-
dor, d’Aïoudagh. Kertche en eut plusieurs : j ’ai
remarqué parmi les morceaux de marbre qui
sont déposés dans le musée de Kertche, un chapiteau
ionique, portant une croix sur l’abaque,
d’un mauvais travail , et un autre chapiteau
corinthien d’un assez mauvais goût, avec deux