même s’il peut consacrer quelques jours à visiter
tout le littoral méridional de l’île, il fera une
riche récolte pour l’archéologie et la géographie
ancienne : ce que j ’ai vu m’en est garant. C’est
la partie de la presqu’île qui a été la moins explorée.
La route de Bougaze traverse d’abord le dos
de pays qui est au sud de Taman. Là, sur le sommet
d’où l’on amie belle vue embrassant le promontoire
de Iénikalé et le Koukouoba, se trouve
un des laboratoires les plus actifs des phénomènes
volcaniques. De tous les côtés on ne voit
que cratères boueux , que sources sulfureuses et
naphteuses, avec efflorescences salines : partout
le sol présente des traces de déchirures anciennes
ou récentes. Les volcans de boue de
l’Assodagh ne sont qu’une continuation de ceux-
ci qui sont disséminés sur une étendue de plusieurs
verst en commençant à 2 ou 3 verst de
Taman. L’un de ces volcans a fait éruption en
1828, avec inflammation de gaz hydrogène. Un
autre se déclara peu de temps après mon départ,
en avril i 835, avec jets de flammes et jets de
fragments de terre qui s’élevaient à la hauteur
de 3o ou 4o pieds. M. de Verneuil qui l’a visité
en i 836, donnait au cratère un diamètre de 60
mètres (1).
f i ) Mémoire géologique de la Crimée, p. 5.
A io verst de Taman, on atteint le sommet
d’un autre dos de montagne, allongé, de 100
pieds d’élévation, embrassant par le sud le petit
liman de Bougaze qui s’avance de l’est à l’ouest
dans l’ancienne Sindique.
Par un beau jour, cette vue mérite qu’on fasse
la course tout exprès pour contempler de là
l’éperon dentelé duCaucase, qui se présente sous
les mêmes aspects que de la mer, en face du cap
Oussoussoup (î). La base est dépouillée de forêts.
L’oeil pénètre jusqu’à Anapa et l’on plane
sur l’embouchure actuelle du Bougaze et sur
les langues de terre qui la'circonscrivent; le
grand liman Sindique, aujourd’hui Risiltache,
aux eaux jaunâtres, s’étend à perte de vue; il est
facile de voir que c’est une création récente,
opérée par un long barrage qui n’existait peut-
être pas du temps des Sindes et qui peut changer
suivant l’influence de la mer et des vents.
Le versant méridional de cette longue mon-*-
tagne est bordé par une série de sources de
naphte qui jaillissent dans des ravins ou bas-
fonds creusés dans le pied de la montagne. Ces
sources ont de \ à 8° de température. L’eau
de ces sources est jaunâtre et au fur et à mesure
qu’elle monte, elle dépose une petite couche de
( i ) Cap Outriche, carte de M. le capitaine-lieutenaiît
Manganari, 4 834*
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