et présente un sol susceptible de la plus belle
culture pour champs ou pour prairies.
C’est là qu’habitaient avant l’arrivée des
Russes, les cosaques rebelles Nékrassofs, originaires
du Don. Aujourd’hui le pays est presque
désert malgré sa fertilité, et l’on n’y voit aucun
village un peu considérable à l’exception de Ti-
tarofka, sur une baie du lac Aftanitz ; ce village
tire un grand revenu de ses puits de naphte.
On dit que cette extrémité de la péninsule de
Taman renferme aussi des ruines, et qu’on y a
trouvé diverses antiquités et des inscriptions.
C’est un nouvel encouragement pour le voyageur
qui aura le loisir de parcourir cette contrée
qui n’a encore été visitée par aucun amateur
d’antiquités.
J’ai été généralement frappé de ne plus retrouver
de tumulus dans ce que j ’ai appelé Vile
Sindique, j ’en vis trois à l’ouest de Taman, en
me dirigeant vers le cap Tusla, et deux ou trois
entre l’ancien bas-fond du Kouban et S té—
bliefska,
Près des ruines de Bougaze et de celles voisines
de Kormoussa, je n’en ai point remarqué
non plus.
Ce caractère établit parfaitement la limite entre
les nations sindes et les colonies milésiennes,
et prouve que c’est avec d’autant plus de raison
que j ’ai placé ces dernières auprès des
groupes de tertres funéraires de Siennaïa et
d’Akdenghisovka.
Bosphore cimmérien.
Je l’ai traversé cinq fois, tant en été qu’en
automne. Par une fraîche matinée ou par une
belle soirée de juillet, la course est délicieuse.
En laissant derrière soi Taman, chaque coup
de rame vous rapproche d’un panorama immense
qui devient de plus en plus lucide et
distinct. Le Bosphore s’ouvre dans toute son
étendue et l’oeil en suit à perte de vue les longs
et sinueux contours : rien ne ressemble a ce
qu’on a vu. La côte de Taman crenelée de pics
à polypiers, semble heurter les flots, et l’on ne
soupçonnerait pas qu’une longue langue de
sable en est la continuation; elle est si basse
qu’en passant a quelque distance, les huttes des
pêcheurs qui sont élevées sur des pieux, dans
la crainte d’une inondation, paraissent toutes
nager sur la mer, spectacle des plus bizarres, à
plusieurs lieues de la côte.
Bientôt le promontoire de lénikalé se dessine
plus nettement, avec le Koukouoba azuré vis-à-
vis. L’onde est si pure, si paisible, que nos douze
matelots sont obligés de se mettre a la rame, et
dans les moments de repos, je regarde avec eu