était sage, quoiqu’elle ait été désapprouvée par
les habitants de Taganrog et de Théodosie, qui
n’ont pas vu sans jalousie Kertche devenir nécessairement
un grand entrepôt de commerce.
En effet, sans compter qu’on simplifie singulièrement
les choses, qu’on réunit toutes les administrations
sur un seul point, qu’on économise
employés, peines et argent, le local de
Kertche est bien plus propre à être une quarantaine
que celui de Taganrog, A Kertche tous
les vaisseaux sont sous la vue et à portée de la
plus stricte surveillance; d’ailleurs le port est
bon et sûr; tandis qu’à Taganrog, le port n’est
qu’une rade ouverte, et que plusieurs vaisseaux
sont obligés de faire quarantaine à i 5 verst de la
côte, la mer étant si peu profonde que les vaisseaux
ne peuvent l’aborder de plus près, et que
les chargements doivent se faire-péniblement au
moyen de bateaux.
En 1834, l’exécution du nouvel ordre de
choses n’avait pas encore exercé son influence
d’une manière sensible sur le commerce de
Kertche. Cette ville, placée à l’extrémité de la
presqu’île n’a aucun débouché dans la Crimée,
et les Tatares de la presqu’île ne livrent rien jusqu’à
présent à l’exportation. La consommation
de la Crimée serait même plus considérable, que
Kertche n’y serait pour rien. Eupatorie et Théodosie
lui seront toujours préférés. La destinée
de Kertche est de devenir le grand entrepôt du
midi de la Russie, par Taganrog et par le Don,
et celui du nord du Caucase par le Kouban.
Malheureusement le dépit des négociants de
Théodosie et de Taganrog les empêche de voir
les fruits qu’ils peuvent retirer de cette nouvelle
organisation, et d’établir des comptoirs à Kertche.
Ceux de Taganrog luttent et espèrent forcer
le gouvernement à remettre les choses sur
l’ancien pied, ce qui est impossible. Taganrog
conservera toujours l’entrepôt du commerce de
la Sibérie, des bois, du fer, du blé; mais cette
ville n’aura jamais un port ni une bonne quarantaine.
En i 834, l’on comptait qu’il arrivait annuellement
à Kertche directement, ou avec destination
pour la Mer d’Azof, 4° ° bâtiments ; le cabotage
comptait cinq cents arrivées et six cents
départs.
La branche d’industrie la plus en vogue est la
pêche : on prépare au printemps jusqu’à deux
millions de harengs, qu’on exporte en grande
partie dans le midi de la Russie. La pêche des
esturgeons et la préparation du caviar sont une
grande branche de revenu.
Un autre article qui entre dans le commerce
de Kertche est le sel, dont on exporte annuellement
80,000 quintaux tirés des lacs d’Opouk
et de Tchokrak : il est destiné à la Russie méri