vos à Moskou et autre part, y devenaient par
toutes espèces de drogues et de falsifications,
des vins de Crimée ou d'autres pays auxquels on
donnait de grands noms, démentis dès qu'on en
avait goûté. C’étaient de vrais poisons.
Le gouvernement était intéressé à voir prospérer
cette compagnie qui pouvait conserver à
la Russie une partie des sommes qu’elle paie à
l’étranger. Elle transporta son principal établissement
à Soudak, qui devint le centre de ses
opérations d’achat. Pour la vente, elle ouvrit
des caves et un bureau de commerce à Simfé-
ropol.
Les premiers commencements ont été pénibles
, il a fallu tout créer, et pour une aussi
vaste exploitation, dont les ramifications s’étendent
jusqu’à St.-Pétersbourg et Moskou, on a
du s’attendre à des essais infructueux. D’ailleurs
la compagnie visant au profit de l’établissement,
n’a peut-être pas mis assez de choix dans ses
achats, préférant des vins à des prix modiques
à ceux qui étaient plus élevés, sans songer au
grand but de l’entreprise, qui était de donner
de la réputation aux vins de Crimée. Je sais que
tel est le reproche que l’on a fait à la direction.
Mais abstraction faite de l’esprit de critique qui
ronge toute entreprise nouvelle, que l’on vante
quand elle nous fait du bien, que l’on déchire
lorsquelle n’en fait qu’au voisin, parlons fran—
chôment, la compagnie pouvait-elle assurer et
obtenir cette réputation sans compromettre son
nom et ses intérêts? Pour tout homme impartial,
la réponse est facile: 1” Les qualités des
vins des nouvelles plantations de la Crimée sont
précaires, variables, si transitoires, qu’ils ne peuvent
avoir encore de réputation ; 2" on a mis
ces vins à des prix si exorbitants que toute spéculation
pour la compagnie est impossible.
Ceci m’entraîne à dire quelques mots de l’état
de la culture de la vigne en Crimée, de son présent,
de son avenir. L ancienne culture pratiquée
par les Grecs et les Tatares qui ne visaient
qu a la quantité, s était portée tout entière sur
des terrains plats, sur des fonds de vallée, faciles
a irriguer. Tout tendait à avoir des raisins à gros
grains, à grandes grappes, et sur un sol gras,
dans un payschaudj en soumettant la vigne à
la taille en cerceaux, on obtenait une «rande
abondance de vin, mais d’un goût plat, sans
bouquet, sans force, à peu d’exceptions près.
Le vallon de Soudak, qui présente une étendue
de 5 j versl de la mer à Taraktache, se prêtait le
mieux à ce genre de culture, et je ne doute pas
que dans les temps les plus reculés l’on n’aie
déjà planté de la vigne ic i , alors que l’antique
Athènaion s’élevait où l’on voit aujourd’hui les
ruines de Soudak. Il en est de même de Koze,
de Kobsele, qui avec Tokloukont été longtemps
v. 22