la victoire. Le dessin du chevalier paraît représenter
le départ, et le mien l’arrivée.
La course de Promélhée sur un vase de Panticapée
étonnerait-elle plus qu’un combat des
Amazones; le mythe de Prométhée ne vient-il
pas du Caucase ; n’y vola-t-il pas là le feu sacré;
n y fut-il pas attaché sur la cime la plus élevée
pour être dévoré par un vautour ?
La scène religieuse du vase dont j ’ai donné le
dessin, est l’une des plus intéressantes de toute
la nombreuse série : les trois initiés sont ceints
du bandeau sacre ou diadème qui ne pouvait
être porté que par le hiérophante, le porte-flambeau,
le héraut sacré et l’assistant à l’autel (1).
En effet, l’on ne peut méconnaître dans l’un de
ces trois initiés le héraut sacré s’appuyant sur
son bâton ; son manteau est plus riche et plus
orne, et l’on dirait à sa pose majestueuse qu’il
est occupé à questionner, sur les plus profonds
mystères, un autre initié, ceint du bandeau, il
est vrai, mais enveloppé du simple manteau sans
ornements : ce dernier est dans une posture
( i ) Voy. duJ. Anacharsis, t. V, p. 334- Le hiérophante
d’Eleusis était toujours choisi dans la famille des Eumol-
pides , I une des plus anciennes d’Athènes ; le héraut sacré
dans celle des Céryces, branche des Eumolpides. Antique
théocratie qui imposa un culte aux Athéniens , et qui en
garda soigneusement pour elle les honneurs. C’est une
imitation de la théocratie égyptienne, juive, etc.
respectueuse, la bouche ouverte et semble répondre
à ses questions.
En résumé, voilà donc les mystères d’Eleusis
célébrés à Panticapée, et voilà une fabrique'
de vases étrusques constatée sur les rives du
Bosphore Cimmérien. En serait-on surpris en
voyant celte ville placée à la portée des plus
belles et des plus puissantes couches d’argile à
potier qu’on puisse désirer : elles s’étendent jusqu’aux
portes de la ville, et pour s’en convaincre
l’on n’a qu’à se promener jusqu’au Gap Blanc
(Ak-bouroun) le long de la mer.
D’ailleurs, l’on n’admettrait aucune des raisons
que j ’ai avancées pour le prouver, que l’inspection
seule des ruines de Panticapée, de Nymphée,
suffirait : car la masse des fragments de vases
étrusques d’un usage commun, qui y sont entassés,
est si considérable, qu’on ne peut s’expliquer
leur présence que par le voisinage d’une
fabrique, et qu’on ne peut avoir recours à une
exportation lointaine qui n aurait jamais pu y
suffire.
Tombeaux. — Troisième groupe, tombeau des Pygmées.
J’ai décrit d’abord le groupe des tumulus de
la porte de Théodosie, le plus ancien, qui date de
la fondation de Panticapée ; j ’ai passé ensuite en
revue le groupe .plus O x i récent de la Quarantaine