forme cintrée de la voûte indique assez qu’il
date d’une époque récente et postérieure à l’occupation
des Romains.
Il n’y a plus qu’une chose qui puisse nous arrêter
pour croire ici à l’évidence de l’existence
de Phanagorie. Le port et le fleuve Antikitès,
où sont ils ? Est-on obligé de me Croire sur parole
quand je prétends que le marais qui longe
les murs ruinés de Phanagorie est son port, et
que le Kouban coulait jadis par le bas-fond de
Chimardane ?
Cependant rien n’est plus vrai, et rien n’est
plus facile que de s’expliquer les changements
qu’a subis le sol : car la topographie répond parfaitement
au texte deStrabon.
V Antikitès (Kouban) de Strabon avait sa
principale embouchure par la pointe méridionale
du lac Aftaniz, qui n’était alimenté que par
ce fleuve comme le prouvent ses eaux douces :
il n’y a pas plus d’un siècle que les vaisseaux pouvaient
encore passer par là. Le navigateur entré
dans le lac, se dirigeait sur le temple d"'Apatti-
ron, qui avait, selon Hécatée, donné son nom
au lac. Doublant le cap, il saluait plus loin le
monument d'Anerghe et à'A s tara qu’il laissait
à sa gauche sur le cap Rakhmanofskoï, et faisant
pleine voile à l’ouest, par une longue baie du
lac, dont l’extrémité s’ouvrait sur le liman Ko-
rokandamite, il arrivait bientôt au pied des
murs de Phanagorie. Voilà pour la navigation
intérieure. Voulait-on communiquer avec la Mer
d’Azof, le canal de Temrouk présentait la voie
la plus courte et la plus facile. Voilà pour la navigation
extérieure.
Aujourd’hui la bouche de l’Antikitès n’a pour
témoins de son ancienne destination qu un petit
golfe qui s’avance dans le bas-fond entre Chimar-.
dane et Pachakilassi g villages abandonnés, et
quelques flaques d’eau et de marais : l’ancien lit
du fleuve se reconnaît même sur plusieurs points.
Mais comment a - t - il pu être pareillement
obstrué ? Ce que j’ai dit plus haut des volcans de
boue donnera la clef de l’énigme, et il n’êst pas
nécessaire d’aller bien loin ici pour trouver l’agent
qui a opéré cette métamorphose. Le bas-
fond de l’ancien cours du Kouban n'est-il pas
dominé par le groupe des volcans de boue de
YAssodagh, l’un des plus actifs de la contrée ?
En examinant attentivement les pentes du volcan,
on reconnaît aisément les exhaussements
produits par les coulées de boue ; la partie du bas-
fond qui l’avoisine est solide , composée d’une
glaise compacte, semblable à celle rejetée par les
volcans, tandis que le sol des extrémités des
deux collines phanagoriennes est sablonneux (1).
Enfin le port lui-même a du être comblé fa-
(i ). Ces deux longues collines sablonneuses me parais