d’Aftaniz à la Mer d’Azof et au liman de Temrouk,
s’élevait presque à fleur d’eau une petite
île de quelques cents pas de diamètre. Je fus bien
surpris d’y trouver les restes d’un petit fort. De
La Motraye (1) dit que c’était un château des Janissaires,
que les habitants du pays appelaient
Adass (île). Les Russes, qui lui donnent le nom
de Kamennaia-Batéria (batterie en pierres) ont
ont conservé la même tradition.
Le fort construit en briques et en pierres avec
de la chaux, formait un carré régulier de 120
pieds sur toutes les faces (2). La porte regardait
le nord.
Ce carré était entouré d’un second rempart
irrégulier muni de tours, qui se dessinait suivant
la forme de l’île.
Clarke rapporte que les Russes perdirent 5oo
hommes à l’attaquer sans pouvoir s’en emparer.
Ils s’étaient flattés d’emporter un des ouvrages
extérieurs en passant un canal qui était alors
entièrement gelé : mais les Turcs en avaient
rompu la glace à leur insu ; les Russes surpris
tout-à-coup et tenus en échec par la profondeur
de l’eau, furent impitoyablement mitraillés
(1) Voyages en Europe, en Asie , etc. t. I I , p. 61..
(2) Ceci rappelle les constructions turques de Sou-
koumkale', de Po ti, qui sont toutes pareilles. Clarke dit
avoir vu à celle d’Adass, quatre tours aux quatre angles du
carré. Son Voyage, t. I , p. 525.
par les Turcs qui les attendaient, cachés derrière
un petit rempart.
En 1800, le fort existait encore dans son entier
; mais depuis que les habitants de Temrouk
en ont fait leur carrière, la dernière bonne
pierre à bâtir a disparu, et l’on ne voit plus que
de légers remparts produits par le tassement des
déblais. Les fondations des maisons ne sont pas
plus visibles.... Cependant un vieux canon en
fer est encore là pour attester la primitive destination
de ce lieu désolé. D’ailleurs il fallait être
passablement résolu et insouciant des agréments
de la vie pour aller se loger dans un endroit
aussi triste et aussi privé des dons de la
nature. Ceci me fait croire que lors de la fondation
de ce fo r t, l’île existait seule au milieu
des ondes ; les marais seront venus plus tard en
rendre la position affreuse.
Redoute de Souvarof. — Tyrambé.
Passé le marais, nous abordâmes une autre
île de même nature que celle de Kandaur, mais
placée dans un sens différent, d’E. vers O. L’extrémité
E. la plus rapprochée de Temrouk, était
terminée par un fort en terre que fit élever Souvarof;
il est carré, muni de quatre bastions et
d’un fossé, et a i 3o pas de diamètre.
Précisément à la place du fort existait une an