Si la divinité Apaturiade est la même que la
déesse syrienne, et par conséquent que la Cybéle
des Romains (1), rien donc de plus naturel que
de placer ces lions autour de son temple ; pour
montrer qu’elle avait su dompter la nature entière
, on la représentait portée sur un lion, ou
tramée par eux dans son char. Le lion appartenait
essentiellement aux mythes de cette divinité.
Ajoutons encore que si la divinité Apaturiade
était, comme il le paraît, la grande divinité de
Phanagorie, son lion devait entrer pour quelque
chose dans les emblèmes de cette ville. C’est ce
qui a eu lieu. Phanagorie eut pour armoirie
principale le lion, comme Panticapée eut le
griffon, et nous le verrons jouer un grand rôle
dans les reliefs de l’époque des Pairisades :
car le temple existait déjà depuis longtemps ,
puisque la fille de Dimos, femme de Stratès,
offrit à Phanagorie une statue en ex voto
à cette Vénus Apaturiade, sous Spartocus, fils
d’Eumêle, archonte et roi. Il régna dé 3oJ à
284 avant J.-C. (2). Sous le même roi, Okismos
les transportèrent à Constantinople ; les Vénitiens, après
leur victoire, furent fiers de les emmener comme trophées.
(1) Antiq. du P. Montfaucon , éd.: ail. in-folio, p. 7.
Nuremberg, 1757. C. Ritter, Forhalle, etc., p. 56.
(2) Cette inscription, gravée sur un socle de . marbre
bleu, veiné de bandes blanches, sur lequel on voit lest
offrit pareillement une statue à Apator (1)..
D’autres inscriptions rappellent les cultes
d’flercule, de Neptune, d’Apollon. Cette dernière
mérite quelque attention : il est dit que
« Mestorippus, fils de Thénès, qonsacra une statue
d’Apollon sur le tombeau de son père, après
avoir présidé aux jeux, Pairisades étant archonte
du Rpsphore et de Theudosie, et roi des
Sindes et de tous les Maïéles (2). )» Les jeux,
tels que courses à cheval,'duttes,--.combats, pratiqués
encore aujourd’hui sur la tombe des
morts par les Osses et les Tcherkesses,, étaient
donc d’usage sur Je Bosphore en 35o avant
Jésus-Christ, tout comme ils l’avaient été autour
du tumulus,de Patrocîe lors de la guerre
de Troye' (3) . . . ! : : ;
Plusieurs autres inscriptions sont relatives a
des monuments publics ou particuliers. C’est
sur la place de Phanagorie que la reine Dyna—.
mis, fille de Pharnace, petite-fille de Mithridate
trous des pieds de la statue, est déposé près de l’église de
Taman.
(1) On ne connaît cette inscription que par Pallas,
t. II, pl. 17, fig. 2, et par Waxel, Recueil, etc., n° i 3.
(2) Ce marbre est déposé près de l’église de Taman : il
est d’un beau blanc.
(3) Comparez mon -Voyage, t. I, p. i 3g, et t. IV,
p. 45i , Les anciens Lithuaniens honoraient aussi leurs
morts par des courses et par des copibats.