beaucoup plus petite et ouverte du côté du Palus,
où effectivement elle est très-étroite, n’ayant
que de 20 à 5o toises de large (1).
Tout ceci est grec et ne rappelle nullement
les Kimmériens. Où résidaient-ils donc? Ceci ne
peut s’expliquer que par les textes de Scymnus
et de Strabon qui font la distinction des deux
Kimmericum : celle des Grecs était un petit
bourg à l’entrée du Bosphore.... Celle des Kimmériens
était une véritable cité, une métropole
avec sa banlieue qui embrassait toute la péninsule
kimmérienne. Telles sont les propres paroles
de Strabon. Ainsi toute l’île était la capitale des
Kimmériens, qui n’avaient pour murailles que
le rempart dont j ’ai parlé, et lorsqu’il cesse, un
canal naturel appuyé de marais ; c’est de ce côté
que je chercherais leur principal établissement,
que quelques indices pourraient nous révéler. En
effet, le hasard nous a conservé des monuments
qui me paraissent kimmériens, des pierres
levées. Elles recouvrent au N. E. du village
abandonné de Tchokrah-koi, la plaine élevée
ou plateau tapissé de magnifiques pâturages qui
forme le dos principal de l’île de l’est à l’ouest.
Pallas qui les a vues plus à loisir que moi qui
ne les traversai qu’à la nuit tombante, dit qu’elles
sont bordées de grandes dalles de schiste sili(
4) Pallas, 1. g . t. I l, p. 368.
ceux calcaire (i),en forme de parallélogramme ;
il remarqua quelques colonnes funéraires d’un
assez petit diamètre, hautes d’une toise au plus.
Toutes, au reste, ressemblaient parfaitement à
celles de Tokluk, qu’il a décrites et qui sont
analogues à celles dont j’ai donné les dessins
(2). '
Pallas ajoute que ces tombes sont étrangères
à la nation tatare, et croit qu’elles ont été élevées
peut-être par la nation tcherkesse. Cependant
comme je l’ai mentionne plus haut, cette
nation est bien loin de s’attribuer les pierres
levées des rives de l’Adokau, près du fort Saint-
Nicolas, qu’elle attribue aux géants (3).
Tels sont les souvenirs que l’antiquité nous a
légués; j’espère que le gouvernement russe ,
dont je désire fixer l’attention sur ce sol si intéressant
pour l’histoire, fera quelques rechérches
sur les ruines et sur les tombes de la péninsule
kimmérienne, et que nous saurons au juste à
quoi nous en tenir sur l’origine de ces dernières.
Il ne me reste plus qu’à parler d’un monument
(1) Pallas, 1. c. t. II, p. 345. Ce grès siliceux calcaire
n’est pas indigène de la Polynésie ; on le trouve près de
Kertche, au Cap Blanc , où il alterne avec de la marne calcaire
blanche ou grise.
(2) Atlas, IVe série, Archéologie, pl. 3o, fig. 4 -
(3) Id., pl. 3o, fig. 5, 6, et mon Voyage, t. I ,p . 43.