Il ne reste plus qu’Hermonassa qui a du être
dans la presqu’île de Taman, et à bien examiner
les textes, il est plus que probable qu’Hermo-
nassa était le Bougaze d’aujourd’hui ou quelque
ruine dans le voisinage. Pline la place à l’entrée
du Bosphore, et Ptolémée la compte parmi les
villes du Ponl-Euxin, ce qui Convient parfaitement
à la position de Bougaze.
La position de Bougaze même, avec son fort
et sa quarantaine, est des plus tristes, et quoi-
qu’ony ait trouvé des ruines, je préférerais celles
de la colline qui est au centre du dos de pays
qui sépare le liman de Bougaze de celui de K.i—
siltache (1). Là j ’ai vu en passant, en octobre
i 832, non loin du village ruiné de Kormoussa,
les traces d’une ancienne ville avec des décombres,
que visita Pallas en 1794* b)e la, le lac
Aftanitz paraît par lacunes, et sans bornes
comme la mer. Le pays est complètement dépouillé
d’arbres, ce qui le défigure beaucoup; à
le voir ainsi, on a peine à comprendre comment
on a pu y placer des villes un peu considérables;
mais le sol parait si fertile que celte triste
nudité disparaîtrait bientôt avec quelques soins.
(i) Le nom de Kisiltache (pierre rouge) lui vient des
couches rougeâtres d’un calcaire coquillier qui sont visibles
autour de la pointe qui sépare le liman de ce nom de
celui de Bougaze.
En attendant, il ne semble pas que les cosaques
de Bougaze aient le moindre penchant, la
moindre sollicitude pour obtenir de beaux ombrages.
En passant par ce coin retiré de l’île, je me
rendais à Stébliefska, qui est au nord du liman
de Bougaze ; je traversai le liman aux deux tiers
de sa longueur sur une langue de terre sablonneuse;
elle n’est pas plus large qu’une digue, et
doit son existence en bonne partie aux travaux
de l’homme, qui ne voulait pas faire long détour
par l’extrémité du Liman.
La côte septentrionale du liman est presque
déserte; néanmoins , on voit partout dans la
campagne sans arbres, les traces des anciens
sillons qui divisaient les champs de la population
tatare qui a habité le pays avant les Russes^
Leurs villages étaient ¿4 bde, au bord du liman,
à l’entrée d’un large ravin qui vient de l’Asso-
dagh, et Otiche, sur l’emplacement duquel les
cosaques ont bâti Stebliefska, 1 un de leurs plus
beaux villages. J’en trouvai la population aisée;
les maisons sont plus commodes que dans les
autres villages : l’intérieur m’a paru mieux
meublé.
De Stébîiefska, en se dirigeant vers le lac Af-
tanilz, le dos de pays est marqué aussi, à perte
de vue, par les sillons d’anciens champs. Toute la
contrée, d’ici jusqu’au Kouban, est très-fertile,