du marbre; des dépôts et des filons de terre
rougeâtre mêlés au calcaire, sont cause sans
doute de sa teinte.
Quand on a erré parmi les arbres, le long du
ruisseau, on escalade d’abord une pente très-
escarpée dont les débris de roche sont entremêlés
de poterie de différents genres : on pourrait
supposer que cette enceinte a été habitée.
C’est de là que j ’ai dessiné la vue que j ’ai donnée
IIe série, pl. 49* Elle représente le fond de
l’amphithéâtre des roches de Kisilkoba, et l’on
pourra suivre sur mon dessin ma description.
Des accumulations de tuf, dans lequel on a taillé
plusieurs grottes, forment une terrasse de quelques
arpents carrés de surface, couverte d’arbres
et surtout de cormiers. On ne peut rien
trouver de plus beau, au milieu d’une vue sauvage,
pour se créer un ermitage digne de remplir
le but d’une vie contemplative; retiré dumonde,
l’ermite ne le voit que de loin, planant sur Aïan
et sur le Tchatyrdagh, qui sont en face de l’ouverture
de la gorge. Des traces d’habitations indiquent
assez que plus d’un projet semblable a
été mis exécution.
Une source jaillit au fond de la terrasse où
elle arrive par des canaux souterrains ; mais ce
n’est que le trop-plein qui dégorge ici, après les
pluies d’hiver et les orages de l’été. L’eau formant
alors un ruisseau considérable, tombe en
cascade du haut de la terrasse dans le fond de
la gorge, où elle écume sur les rochers entassés.
Ce rocher souterrain a dû changer plusieurs fois
de cours ; car on trouve au-dessus de ce canal
inférieur, plein, deux autres étages, de canaux
vides, qui forment aujourd’hui une série de
grottes majestueuses, dignes,d’attirer l’attention
par leur immense étendue.
Les moins élevées et les moins fréquentées,
quoique les plus belles quant à l’entrée et à Fiim
portance, s’ouvrent au-dessus de la cascade par
un beau portail naturel de 20 pieds de haut. Le
soi de la grotte va en descendant dans le sein de
la montagne, et l’on marche dans le sable. A mi-
profondeur, mon guide me montra une montée
par laquelle on peut pénétrer dans des canaux
d’une telle grandeur, qu’un Français, M. Odinet,
a marché toute une journée avec le guide Mam-
bet, muni de provisions et de flambeaux, sans
pouvoir en atteindre le fond. Dans la grotte
inférieure, on est arrêté à 60 pas de l’entrée par
un bassin d’eau limpide. Entre les couches de
calcaire, on recueille une glaise jaune et rouge
que les Tatares de Karassoubazar exploitent
pour fabriquer des pipes.
Les grottes supérieures sont à 200 pas au-
dessus de la terrasse ; on y arrive avec peine en
grimpant sur les pierres roulantes. J’en ai donné
un plan Ve série, géol. pl. 12, fîg, 11. On y