semblable à du gros kliek polonais bien épais (1).
Le dernier ragoût rendit le festin complet :
on avait voulu imiter les sorbets de l’Orient et
de Constantinople, en faisant tremper pendant
vingt — quatre heures des morceaux de figues
dans de l’eau ordinaire, ce qui lui avait communiqué
un léger goût sucré. Au contraire de
l'Orient, on servit ce sorbet dans un vase profond
et à col étroit, et ce fut une bataille de
grosses cuillères de bois qui se heurtaient et
s’embarrassaient dans l’étroit passage.
Telle fut la conclusion du festin qui ne dura
pas beaucoup plus d’un quart d’heure : un
grand pot vert rempli d’eau passa de l’un à
l’autre ; ce fut toute la boisson qu’on servit. Le
moullah prononça la bénédiction, puis recommença
la cérémonie des ablutions des mains, de
la barbe et de la bouche avec de l’eau tiède. Un
gros morceau de savon passait de main en main;
il était nécessaire après tant de graisse.
Quand le plateau fut enlevé, un serviteur vint
balayer sur le tapis les miettes qui pouvaient
( t ) Le tchorba est de la viande hache'e menue, bouillie
avec du blé (froment ou avoine) et du cumin. Les riches
l’assaisonnent avec du beurre et des épices. On fait aussi
le tchorba avec du millet cuit dans l’eau, auquel on ajoute
du katik ou lait aigri et épaissi. V. de la Motraye et G.-H.
Montandon.
y être restées, et la musique recommença ses
trois pièces d’usage.
Les Tatares Nogaïs ne mangent pas de légumes
; leurs villages n’ont pas de jardins pour
en cultiver; ne vivant que de lait, de mouton,
de bouillie, ils n’ont que des cours fermées en
pierres pour y garder leur bétail.
Parmi les mets qui ne parurent pas sur la
table et dont ils font cependant grand usage, il
faut compter le kaimak et le fromage de mouton,
très-salé. On obtient le premier mets, qui
est délicieux, en enlevant successivement sur le
lait qu’on fait cuire, la peau grasse que l’on dépose
dans un vase. C’est leur beurre.
Il était plus de minuit; je fis signe à mon hôte,
qui me comprit fort bien, et qui en souriant me
ramena chez lui.
Un Tatare n’est pas embarrassé pour donner
un lit. Son seul luxe consiste en piles de mate-
lats, épais de 3 pouces ^ doublés d’étoffe de
colon à grands ramages et repliés en trois ; en
piles d’oreillers de la même étoffe; en piles de
couvertures épaisses, pareilles au reste. Pendant
le jour ces piles, rangées au fond de la chambre,
en font la richesse et l’ornement. Un Tatare peut
ainsi distribuer en un clin d’oeil une douzaine de
lits, qu’on étend à côté les uns des autres sur le
feutre de la chambre. i f
Les Mourzas ou les Tatares plus riches ne se