de ce legs des Tatares, et deux régiments russes
en un seul hiver, lors de la révolte de Kafa et
des Tatares en 1779, se son^ si bien chauffés
qu’ils n’y ont pas laissé un seul arbre : aussi l’aspect
du paysage qui encadre Théodosie est-il
d’une aride tristesse. Il n’y a que la nouvelle
promenade plantée le long de la mer du côté du
petit château génois, qui promette de l’ombrage
pour l’avenir.
Musée de Théodosie.
Avant de quitter la nouvelle Théodosie , jetons
encore un regard sur l’antique colonie milé-
sienne; car j ’espère qu’en allant visiter le musée
de la ville, j ’y verrai les souvenirs de cette époque
déjà si reculée. M. le docteur Graperon a la
bonté de m’introduire dans ce sanctuaire de l’archéologie
théodosienne et il me montre non loin
de l’église catholique, à l’angle d’une des grandes
places, dont Théodosie est riche, un petit édifice
isolé, avec une coupole, que je reconnais pour
une petite mosquée turque (1). Le fatalisme a
fait place aux pierres. Deux lions en marbre
blanc, amenés de Phanagorie, et placés à droite
et à gauche de la porte en gardent l’entrée. La
porte lourde s’ouvre ; on ouvre un volet, et dans
l’attente des nouveaux faits dont je vais enrichir
l’histoire de la Théodosie antique, je suis bien
surpris de ne me voir entoure que de monu
ments de Kertche ; pas une inscription de la colonie
milésienne.
Pendant près de 3o ans, Théodosie eut le pas
sur Kertche, qui n’était pour ainsi dire qu’un village
; Théodosie fut le centre des affaires et du
commerce de cette partie de la Cnmee ; elle eut
un gouvernement. On y créa même un musée,
et dès-lors tout ce qu’on trouva à Kertche et à
Phanagorie, y fut déposé. C’est ainsi que la plus
ancienne des inscriptions de Panticapée, celle de
Leucon , s’y trouve, à côté d’un certain nombre
d’autres plus ou moins importantes. L’une venait
de Nikita ; j ’en parlerai en son lieu.
Les seules inscriptions qui concernent Théodosie
sont génoises et ont été enlevées des tours
qui défendaient la ville. C’est là qu’est celle du
pape Clément VI. Il semble inoui qu’on n’ait rien
trouvé de la ville grecque : le fait est cependant
vrai; Théodosie a été longtemps en ruines. Un
millier d’années après, les Génois sont venus s’établir
sur ce sol , l’ont fouillé et recouvert de vastes
fortifications ; les Tatares venus après eux
accumulèrent les déblais pendant plusieurs siècles
sur une étendue de terrain qui a du contenir
80 mille habitants ; en un mot, tout est si bien