M usée de Kertche.
Une telle profusion d’antiquités importantes
demandait la fondation d’un musée, et cependant
ce ne fut que très-tard qu’il vint à l’idée des
habitants de Kertche de songer à une institution
pareille. Le gouvernement jusqu’alors avait désigné
pour entrepôt des objets trouvés sur le sol
de Panticapée, le soi-disant Musée de Théodosie,
où l’on déposa en effet plusieurs inscriptions et
reliefs.
Enfin, MM. Dubrux, de Scassi, de Blarem-
berg, le général Potier, etc., sentirent la nécessité
de garder à Kertche ce qui faisait la gloire
des rois du Bosphore, et chacun donnant généreusement
ce qu’il avait recueilli lui-même, on
forma le noyau primitif d’un musée qui fut
ouvert pour la première fois le 2 juin 1826. Le
gouvernement le prit sous sa protection et
loua ad interim une chambre de la maison de
M. Dubrux, qu’on disposa aussi bien que la place
le permettait. Jusqu’en i 833, il n’y eut pas
d’autre musée, et M. Dubrux en fut le conservateur.
La place manquant, on déposa les
grandes pièces dans la cour, où cet ensemble
produisait un effet très-pittoresque.
En i 833, on profita de l’érection d’un corpsde
garde qu’on venait d’achever et dont on
pouvait se passer pendant quelques temps pour
y transporteries èollections, en attendant qu’on
eût construit sur le sommet de la montagne die
Mithridate, le bâtiment que le gouvernement
avait décrété sur une très-ancienne proposition
de M. de Scassi.
Aujourd’hui, le nouveau musée est achevé.
Copie fidèle du temple de Thésée à Athènes, on
peut juger de l’effet qu’il doit produire de tous
les points du Bosphore, surtout quand ses
masses imposantes , illuminées ’de la base au
sommet des frontons , se reflètent dans les
ondes, en face de son souverain, qui vient saluer
la ville de Mithridate.
Ce musée demande un savant consommé pour
mettre en ordre , pour classer, pour déchiffrer
des monuments qui sortent presque tous de la
routine grecque ordinaire } i c i , sur les confins
de la Scythie , du Caucase, des Sauromates,
autres costumes, autres moeurs, autre style.
Jusqu’à présent on a songé davantage à amasser
qu’à digérer ; ignorant même ce qu’ils possédaient
,■ les conservateurs ont laissé gaspiller
souvent les choses les plus précieuses : je ne
citerai qu’un fait qui m’est personnel.
Dans un premier voyage en juillet i 832,
j ’avais remarqué trois crânes de formé extraordinaire
} l’un était complet, avec la mâchoire