elle ne comprenait qu’une portion du territoire
actuel deTaman (1).
5° Mais un nouvel agent devait continuer à
bouleverser ce so l, où Homère place la bouche
des enfers (2). Les tristes volcans de boue, avec
leurs irruptions fangeuses et leurs sources de
bitume , n’ont cessé d’agir jusqu’aujourd’hui, et
leurs accumulations ont créé petit à petit de
nouvelles terres , comblé des bras de mer,
barré des rivières et des golfes, digué des lacs.
Ainsi, à l’île de Taman se sont groupées Vile
Kimmèrienne ou de Fontan, Vile de Tyrambé,
Vile de Temrouk, Vile de Phanagorie, toutes
séparées par autant de détroits. C’étaient de vraies
îles, et le Kouban, loin de là, créait aussi, par
le dépôt de ses ondes troubles, le nouveau terrain
d’attérissement qui a rempli successivement
son golfe et le bras de mer qui le séparait de la
Polynésie.
6° Alors, par les travaux si continus de ces deux
agents, ce qui était mer se changea en terre ou
en un sol amphibie, où l’eau, la terre et le feu,
luttant d’effort, marquèrent la topographie de
chaque année par de nouvelles métamorphoses.
Ainsi, la terre antique qu’habitaient les Kimmé-
(1) Voyez la carte de ces changements géologiques de
Kertclie et Taman, V e série, coupes, plans, pl. 26.
(a) Voy. t. I , p. 60, et t. IV, p. 327 de mon Voyage,
riens d’Homère et d’Hérodote, n’est pas celle de
Strabon, et celle de Strabon n’est plus celle
d’aujourd’hui. Le Kouban, qui baignait alors les
murs de Phanagorie et lui servait de port, a
quitté ces parages pour chercher d’autres embouchures.
Ce qui, il y a cent ans , était encore
un canal navigable pour des vaisseaux, n’est
plus que fange immonde.... Des îles paraissent
et disparaissent.
C’est avec ce préambule géologique que j ’aborde
la polynésie du Kouban, et si mon lecteur
m’entend parler maintenant de bras de
mer , d’îles, de golfes, il saura ce que je veux
dire.
K ourki ou K ourgansko'i est le premier point;
où l’on met le pied sur la polynésie ; quelques
tumulus ou kourgan, semés autour de la station,,
lui ont donné son nom.
Kourki est le nom d?un petit bras du Kouban
qui se dilate en formant de petits lacs, et se
jette dans le liman de Temrouk, ou Gorlcov
Liman (1) .
Les Turcs avaient près d’ici un fort dont on
voit les traces | c’est une enceinte en terre de
forme parallélipipède ; avec un vaste appendice
qui paraît avoir été un faubourg fortifié. J. Po-
(i) En russe y. Liman amer,