essentiel s’est conservé partout jusqu’à nos
jours, chaque peuple lui donnant cependant la
forme qu’il jugeait la plus convenable, suivant
qu’on portait la cruche sur la tête ou sur l’épaule.
C’est de cette dernière manière que la
portait Rebecca, quand elle rencontra le serviteur
d’Abraham près de la fontaine de Caran (1).
Les héroïnes d’Homère la plaçaient sur la tête.
Le Grec donnait à cette cruche le nom de
hados, qui est écrit en blanc sur celui que j ’ai
fait dessiner. Il a trois anses. L ’impaire, qui remonte
le plus haut vers le col, servait à tenir le
vase quand on voulait verser l’eau dans de plus
petits vases à boire : les deux autres sont les
poignées pour tenir le kados en équilibre sur la
tête. ;
La face du vase est ornée d’un fort beau
dessin qui représente un héros ou peut-être un
vainqueur couronné de laurier, auquel on fait
des offrandes ; ce qui ferait supposer que c’est
un kados d’honneur qu’avait reçu le défunt, ce
dont on acquiert bientôt la certitude en lisant le
C1 ) Genese, ch. XXIV. Voici Rébecca qui sortait, ayant
la cruche sur son épaule;— et comme elle remontait, après
avoir rempli sa cruche, le serviteur d’Abraham courut au
devant d’elle et lui dit : « Donne-moi à boire de l’eau de
ta cruche, je te prie. » Et elle lui dit : « Monseigneur,
bois. » Et ayant incontinent abaissé sa cruche sur sa
main, elle lui donna à boire.
mot AÎÎT02, donné, gravé à la pointe sur le
haut du dessin dont je garantis l’exactitude,
l’ayant calqué sur le vase avec du papier végétal.
Les lettres du mot KAÀG2 sont semblables
à celles des inscriptions des Pairisades, c’est-
à-dire de la moitié du quatrième siècle avant
notre ère, ce qui est confirmé par le bractéate
en or, avec un Priape vu de côté et le monogramme
BAE ( qui est celui d ’Eumêle, roi du
Bosphore, mort en 3o4 avant J.-C.), trouvé
dans un beau vase en bronze qui accompagnait
le kados et d’autres vases étrusques.
Le kados des Tatares de Grimée est aussi à
deux anses, parce que les femmes le portent sur
la tête : sa forme est presque grecque. Pl. 8,
fig. 1. A côté se trouve la cruche dont les Tatares
se servent pour boire et pour faire leurs
ablutions : elle n’a qu’une seule forme dans
toute la Crimée. Pl. 8, fig. 2.
Les Géorgiens ont conservé de même le
kados en terre sans ornement. J’ai dessiné celui
qui est en usage dans l’ancienne Colchide; il est
très-ventru (î) et n’a qu’une anse dont les Iméré-
( i ) La cruche à vin des races géorgiennes n’est pas aussi
ventrue que le kados, quoique d’une grande capacité :
elle a le pied étroit et n’a qu’une anse ; elle ne sert pas à
boire ; on a pour cela des cornes et des koulas : les Géorgiens
des hautes vallées du Cyrus, qui sont mahométans,
se servent pour leurs ablutions d’un vase en bois qui a